Interview : Renan Luce

Interview : Renan Luce

Renan Luce est un chanteur qui n’a pas encore d’album en vente, mais on peut d’ores et déjà parier sur son matricule musical sans prendre trop de risque.
Rencontré par hasard devant l’Olympia (un signe ?) par l’entremise de Benoit Doremus, on ne pouvait pas passer à côté de ce jeune homme discret, charmant, élégant et talentueux.
A écouter d’urgence, sa voix et ses textes le valent bien !!

1. Bonjour Renan Luce, je suis très heureux de t’accueillir sur LE MAGUE, car ici on aime beaucoup ton style et ton univers. Comment es-tu arrivé dans la musique, comment tout cela a commencé ?

Et bien, je me souviens des chansons enfantines que ma mère, institutrice, nous passait. Je me souviens aussi du plaisir, presque physique, que j’ai toujours eu à chanter. D’abord à l’école, dans une petite chorale de quartier puis avec mon frère lorsque nous préparions des petits concerts avec des reprises de Nougaro, Brassens, les Beatles... Parallèlement, il y a eu l’apprentissage du piano, de la guitare, du saxophone.
J’ai écrit ma première chanson sur un poème d’une amie au Lycée. Cela m’a donné rapidement envie d’écrire mes propres textes. Ensuite, j’ai poursuivi des études qui m’ont mené à Rennes, où j’ai donné mes premiers concerts dans des bars, puis à Toulouse où j’ai enregistré un premier 2 titres pour un projet humanitaire avec quelques amies.

2. Y’a vraiment une filiation avec la chanson française à textes de tes aînés, on sent l’influence générationnelle de Renaud, Brasens et d’autres mais tu as une vraie originalité. Tu es d’origine italienne à ce que j’ai cru comprendre à travers certaines de tes chansons ou alors c’est un joke bien fichu ?

Alors pas du tout. Je suis de Bretagne (Morlaix dans le Finistère). J’ai la fâcheuse tendance à inventer des tas de trucs dans mes chansons. Raconter des histoires courtes est vraiment ce qui me plaît le plus dans l’écriture. J’adore ne pas savoir comment ça va se terminer. En se laissant guider par les rimes, on se laisse parfois dépasser par les événements !

3. Il y a une chanson de toi que je mets en boucle sur ma platine, c’est "Repenti", comment as-tu pu faire pour engendrer une telle petite merveille, vous étiez à plusieurs, c’était un soir de transes ?

En fait un peu des deux : j’étais seul avec en mémoire tous les acteurs de la trilogie Le Parrain que je venais de revoir... Il y a aussi le roman de Tonino Benacquista, Malavita, qui raconte l’histoire d’un repenti de la mafia qui se cache avec toute sa petite famille.

4. Il y a une espèce de nonchalance ou alors un vraie calme et une sérénité dans toutes tes chansons, et puis c’est toujours très doux dans l’ensemble... c’est là l’expression de ton caractère profond ?

C’est vrai que, dans l’écriture, je ne suis ni revendicatif, ni désabusé. J’essaie juste de raconter une histoire ou de décrire un sentiment de la manière la plus poétique et la plus précise possible. Par contre, il y a toujours un engagement affectif dans mes chansons. Si mes chansons sont douces dans l’ensemble, il y a souvent une pointe de fièvre qui transparaît.

5. Pour écrire aussi bien, tu as beaucoup lu, tu as piqué des lignes chez les grands poètes ou tu es simplement un génie méconnu ?

J’admire ceux qui savent jouer avec les mots pour créer du sens et du style. Alors c’est ce que j’essaie de faire avec mes petits moyens ! Je ne suis pas une bibliothèque ambulante, ma culture des mots vient en grande partie de la chanson.

6. Ce qui terrible avec ce que j’ai pu écouter de toi, c’est l’économie de moyen et l’efficacité de ton style, un instrument , ta voix et le tour est joué, ça paraît si simple....

C’est vrai que mon style est plutôt dépouillé. J’aime les instrumentations simples et efficaces, où l’arrangement est là pour servir le climat. Maintenant, c’est vrai que tout ce que j’ai enregistré pour l’instant a été fait chez moi avec pour objectif que cela sonne bien avec peu de moyens. Aujourd’hui je commence à m’entourer de musiciens pour m’aider à colorer mon univers et puis aussi pour le simple plaisir de jouer à plusieurs.

7. Tu partages l’affiche avec Benoit Doremus, un autre futur grand qu’on aime beaucoup ici, à quelle famille de nouveaux artistes appartiens-tu ?

J’aime beaucoup l’univers de Benoît qui fait d’amour des mots et de sentiments bruts. Je suis ravi qu’il vienne partager la scène avec moi ! Le fait de commencer à faire de plus en plus de concerts me permet de rencontrer d’autres artistes avec qui l’on peut partager nos expériences. C’est assez nouveau pour moi qui étais habitué à travailler seul. Alors ma « famille d’artistes » est celle que je rencontre petit à petit. Bien sûr il y aussi ceux dont j’apprécie simplement le travail : Thomas Fersen, Clarika, Pauline Croze, Fabien Martin, Olivia Ruiz, Camille, Alexis HK, Cali...

8. Tes chansons dégagent une vraie émotion, une tendresse, on a envie de devenir ton copain après l’écoute de l’album, en fait on se reconnaît dans tes créations, tu deviens vite un de nos intimes, est-ce parce que tu as le langage de la sincérité et que toutes tes petites histoires sont des sortes d’autofictions rêvées ou vécues ?

C’est exactement ça. J’imagine des personnages tels que j’aimerais les rencontrer : des gens bizarres mais dont la particularité ou l’histoire offre un point de vue intéressant sur la vie ou sur le quotidien, des situations inventées dont l’issue révèle quelque chose de moi-même... Tout cela avec des mots et un style simple et concis. Cela, je l’espère, permet de se sentir proche de mes personnages ou histoires. Sinon, j’veux bien être ton copain si tu veux !

9. Quelles sont tes envies d’Art pour les années qui viennent ?

Dans l’ensemble, voir un maximum de concerts et plus personnellement terminer d’enregistrer mon premier album qui devrait sortir en septembre 2006. Bien sûr j’espère pouvoir présenter mes chansons sur scène le plus souvent possible, m’enrichir de rencontres et partager le plaisir que j’ai à faire ce métier !

10. Je te laisse le mot de la fin cher Renan, bonne route à toi !!

Merci au Mague ! Ravi de cette petite introspection...

N’hésitez pas à passer me voir sur scène (infos sur www.renanluce.fr) !


Un très beau texte sur Renan Luce :

Il faudrait d’abord lui trouver un préfixe ; ça se fait dans ces cas-là. « Post truc » ou « Néo machin ». Car bien sûr, les références à ses aînés de la chanson française sont là.

Puis il faudrait ensuite parler de ses textes : des rimes qui ont su capter l’air du temps, en décortiquant le quotidien avec une ironie tendre et pertinente. Par le truchement de personnages attachants, d’histoires courtes, dramatiques ou comiques, c’est toujours une confession, un détail de l’âme qui transparaît.

Il faudrait ensuite décrire sa musique : dans la chaleur et l’intimité du folk, les mélodies de Renan Luce sont autant de cireurs de pieds. Elles se frottent à la rythmique des mots, en briquent le lustre et nous déposent sur une syncope latine, un binaire « chansonnier », ou une ballade onirique.

Enfin, nous parlerions de sa voix : c’est peut-être son enfance bretonne qui y a mis son grain de sel car, sans parler du léger crachin sur le premier rang, il y a dans sa voix un souffle sensuel qui vous attire et vous transporte. Sa manière de chanter offre un trébuchement, un certain retard dans la diction qui crée une tension, une intensité dramatique fine et touchante.

En fait ça pourrait donner : Il y a dans le néo-folk de Renan Luce l’attitude du cireur de chaussures : un univers brossé par des textes qui mettent en scène le rêve du quotidien (ou le quotidien rêvé). Un univers si bien lustré par des mélodies efficaces et une voix sensuelle qu’on se voit dedans.

RENAN LUCE sur le net

RENAN LUCE sur le net