Le premier degré et même moins (suite et fin)

Notre ami Speed Herman surfe sur les liens "amis" du Mague et fait ses commentaires. Part. II

(...) Ça m’agite. Ne suis pas le seul. Voyez Le site AgitKom

Un supermarché de l’agit’prop. Ça vous arrange les thèmes en rayons comme autant de marques, ça nous habille en surface, ça aussi nous rassure, de dénoncer en solde : L’Europe des collabos, Coca Cola (qui laisse mourir ses employés), les guerres de l’axe du pétrole. Mais que font les Israëliens ? Ici, on écrit des lettres ouvertes aux plus hauts resposables de l’Etat, ouf, il fallait que quelqu’un s’en charge, nous avons tous essayé, mais nous nous sommes heurtés à ce même problème postal insoluble : à quelle adresse expédier une lettre adressée « aux plus hauts responsables de l’Etat » ? Du côté de la contestation, par contre, chacun est à sa place, on trouve toujours une étiquette à son goût : no pasaran, raslfront, bellaciao, stop-précarité, chacun son autocollant, son blason, c’est un choix esthétique qu’il s’agit de faire désormais, entre la confédération paysanne, attac, l’aarg ou l’alternative libertaire, pourvu qu’on soit tout contre, bien au chaud, oui, pourvu qu’on en soit, des visiteurs de ce site, avant d’aller dormir ou travailler, l’esprit tranquille et certain de participer à une Grande Quête de la Vérité.

Ce qui fait aussi rire le « Club des Amis de la Vérité » qui serait vraiment drôle s’il ne pronait pas l’interdiction, par la loi s’il vous plaît, de l’érotomanie.

Comment prendre son pied sans risque, dès lors ? Peut-être en visitant Le site Les Semelles de vent. Après la fin de la littérature, l’heure est à l’atelier d’écriture. La citation d’Adonis, en ouverture « Ecris, c’est la voie souveraine pour te lire toi-même », risque fort d’être prise, c’est le cas de le dire, à la lettre. La prochaine génération d’écrivains - l’actuelle, donc, puisque je suis arriéré - s’apprête avec fracas à se lire elle-même, et que chacun devienne son premier lecteur (en se souciant tout en même temps de son lecteur, ce qui est assez joliment dit pour qu’il ne faille pas en rajouter).

« Le Malin » fera-t-il mieux ? La réponse est dans la question, puisque c’est moi qui la pose, mais vous la trouverez sans doute en découvrant qu’il « regrette que le seul bonheur ne suffise pas à humaniser les hommes ». Pas plus que le malheur ne suffit à bêtifier les bêtes.

On cherche en vain un peu d’érudition, en secret chez soi, en tous cas pour ma part, calefeutré dans mon inculture devant mon écran, j’espère toujours en trouver à l’abri des regards. Sur le site de François Xavier, j’apprends, enfin, que « Bruno Wajskop est un con ». C’est stylé.
On ne peut pas être la groupie de tout le monde. C’est déjà bien de le savoir. Et il y a tant à dire du savoir du Maître.

Mais le temps passe, si ?
Si, il passe. Une seule vie !
La passera-t-on à s’assujettir ?