Lettre à Michel Leeb

Lettre à Michel Leeb

Notre collaborateur Luc DS aka Luc Déesse a eu la bonne idée hivernale de rendre hommage à l’homme le plus rigolo de ce siècle, ce comique drolatique par trop oublié qu’est l’immense Michel Leeb. (Il fait plus d’1 mètre 80)

"Je me souviens.", Georges Perec, Marignan. 15h 15

Cher, Cher

Nous n’irons plus au bois

et les lauriers sont coupés

D’ailleurs te souviens-tu qu’au bois jamais nous ne nous sommes rendus ?

et de quels lauriers parle-tu ?

Vas-tu te décider à me laisser tranquille ?

Me laisser vivre cette vie si peu ressemblante ?

Avec ce poster de toi dans la tête si envahissant...

Cette tête si envahissante...

Je vois d’ici ton grand nez de sphinx s’allonger

pour finalement tomber en miettes

quand tu prenais mes sentiments à bras le corps entre tes doigts de papillon de nuit

sur tes joues fardées mes baisers laissaient des empreintes

je m’égarai

en direction de la commissure de tes cuis-
ses - braises refroidies par mes larmes

je me sentais comme une blanche de Bruges bien fraîche

pressé d’en finir

Des lambeaux de désir entre les dents

je t’aimais

je croyais t’aimer

quel idiot, je te désirai c’était déjà bien assez pour un seul homme

malheur à moi d’avoir fixé la prune

de tes yeux interchangeables

malheur à moi d’être tombé sur toi

par hasard

et de ne pas t’avoir conçu avant

Nous n’irons plus au bois.

j’irais tout seul.

pour me réchauffer

la nostalgie me mettra le feu aux tripes

et l’alcool me sera d’un précieux réconfort

pour égarer les secondes

et semer cette malédiction

qui s’accroche à mes aisselles

comme les mini-vampires

des soirées d’été

oui je repousserai cette mort gluante

autour de mes naseaux

Je décollerai

ce poster de toi

qui me sert de deltaplane

avant de me cracher

sous ton nez

irrespirable

et je m’écraserai

comme une cigarette

comme une plume

comme un baiser

sur la commissure

de tes lèvres

désséchées

espèce d’ordure !