Anne Zimmermann : de l’art qui ne casse pas deux pattes à un canard

Anne Zimmermann : de l'art qui ne casse pas deux pattes à un canard

Anne Zimmermann, ce n’est pas de l’art, ce n’est pas du cochon, c’est de la poule. Pour entrer sur le site, il suffit de cliquer entre les ergots. Le concept est original, on ne peut pas le nier. Je me laisse tenter. Première remarque d’importance pour l’internaute intéressé : baissez le son de vos enceintes avant de cliquer. Un jour, vous me remercierez.

Le site d’Anne Zimmermann

Je n’ai pas l’habitude de donner mon avis sur l’art, mais là, il y en a marre. Je ne peux plus me taire. Que je ne comprenne pas la côte d’une toile entièrement bleue, passe encore. Qu’une poule mutante me cloue le bec, là je dis « non ».

Je pourrais longuement critiquer cette musique pathétique qui accompagne un menu sur fond rose, détailler l’incompétence graphique du site, insister sur ces petites fleurs ridicules qui s’accrochent à votre souris, pointer du doigt les « cot cot » et les « piou piou » qui défilent sous vos yeux hallucinés, mais ce serait trop simple. On me reprocherait de m’attarder sur la forme plus que sur le fond. Vous pensez bien qu’en art, il n’en est pas question.

Je ne parlerai donc que du fond. Celui que l’art a touché dans un grand « cocorico » étouffé. Et je pose une question simple : Qui voudrait exposer dans son salon une pâte de paille laissant apparaître une langue de sanglier ou de canard ? Soyez gentils de répondre franchement, c’est pour un sondage personnel. Qui aimerait présenter à ses amis une sculpture montée sur pattes de poules ?

J’imagine la scène : « Oh ! Mais qu’est ce que c’est que cette nouvelle acquisition ? » vous demande un ami intrigué. « Eh bien c’est une pâte de paille sur structure mon cher, tu peux reconnaître deux oreilles de moutons et deux magnifiques oeils de verre » pourriez-vous répondre fièrement.

Vous l’avez compris, Anne Zimmermann aime les animaux. C’est son plus gros défaut. Elle en parle d’ailleurs avec finesse dans sa galerie de trophées : « J’ai découpé des bouts de mes amies les bêtes pour les disposer sur de jolis cadres, ça ne leur a même pas fait mal. ». N’est-ce pas touchant ? Une chose est sûre, elle n’a ni l’art ni la manière, mais elle a la matière.

Car le résultat pitoyable et grotesque de ses « œuvres » n’arrête pas la pseudo « plasticienne » dans sa quête effroyable de reconnaissance artistique. Ce qu’il faut, c’est comprendre la « démarche », le « concept », « l’action » vous répondra l’effrontée. Le fond, plus que la forme : soyons modernes !

Alors je pose une autre question innocente : que peut bien signifier une « œuvre » composée de langues de canard, d’une mâchoire de céramique et de bois de cerfs ? Je vous laisserai bien réfléchir un moment sur cette brillante énigme, mais faisons court. Puisque j’ai bêtement accepté d’entrer dans « le monde merveilleux d’Anne Zimmermann en toute confiance » il faut que j’assume, que je témoigne, et que je fasse gagner du temps à tout le monde.

Pour résumer de longs paragraphes théoriques (avec une lecture brouillée par les « cot cot » défilant sur l’écran) il s’agit de déstabiliser l’homme qui s’est outrageusement déclaré supérieur aux matières (végétales, animales…) et de l’amener à penser différemment son environnement. J’abrège bien sûr. Anne Zimmermann sait en parler, à défaut de savoir créer. Elle fait partie de cette filiation d’artistes qui ont des idées, rien que des idées.

« Ecrire un texte sur le travail d’Anne Zimmermann oblige à l’engagement » selon Germain Roesz. Je le sais maintenant, c’est vrai !