Spider man héros du 11 septembre !

Spider man héros du 11 septembre !

Quand la réalité dépasse la fiction, l’Homme a régné sur New-York...

On ne peut pas critiquer, commenter ou tout simplement assister en mangeant du pop corn aux tissages urbains de Peter Parker alias Spider-Man (l’araignée humaine) sans mettre en parallèle, le fantastique destin de cet anti-héros, devenu super, avec les évènements du 11 Septembre.

Le célèbre « comics » américain a semble t’il été complètement réécrit depuis que New York se retrouva orpheline de ses deux tours jumelles. Le film est truffé de références assez subtiles pour flatter le sens patriotique et redonner confiance au pays meurtri et la célèbre phrase du maire de la ville raisonne comme un slogan lourd de sens, insérée dans l’intrigue elle-même (« Quand on touche à un New Yorkais on touche à toute la ville, à tout le pays...etc »).
On y voit même des pompiers courageux lutter ardemment contre les flammes mais demeurer impuissants comme devant le VTC et un Spider-Man miraculeux (en quelque sorte « la dernière chance au dernier moment ») qui semble être leur dernier espoir de sauver la veuve et l’orphelin (un petit bébé sauvé d’un incendie plus précisément dans le film). Seule une puissance supérieure et fantastique peut désormais sauver la ville en proie à la Terreur avec un grand « T ». Le « Fantastique » et la (science)fiction sont les seules alternatives possibles contre les drames qui guettent, c’est une des démonstrations du film.

Comme tout futur héros qui se respecte, Peter Parker, frêle, myope aux cheveux gras et bouc émissaire de ses camarades est orphelin depuis sa tendre enfance. P.P., incarné par le très convaincant et très touchant (on a envie d’être son copain) Tobey Maguire est élevé par sa Tante May, une dame pauvre mais digne qui a dû être très belle (l’histoire ne dit pas s’il elle s’appelait Mathilda cette chère tante) dans sa jeunesse et qui est extrêmement bonne et juste ainsi que son oncle Ben dans le quartier Queens de New York ; homme de soixante huit ans qui vient d’être licencié au début du film mais qui par fierté ne l’avouera pas et ne se plaindra pas. Ce mentor modeste donnera l’énergie et le chemin vers le bien à son filleul, en une phrase lourde de sens,... le pouvoir des mots et le bon sens populaire sont une des clefs d’un monde meilleur.

Comme le dit non sans humour la tante May, Peter Parker n’est pas « Superman », tout juste un adolescent rêveur et boutonneux fou de sciences et de sa voisine Mary Jane. Sa spécialité ce sont les araignées ce qui est assez pratique lorsqu’on sait ce qui va lui arriver dans l’intrigue. En effet à la suite d’une banale visite d’un grande centre de recherche sur les bébêtes poilues, notre « houellebecquien jeune » à lunette se fait piquer par une bestiole génétiquement modifiée et malencontreusement enfuie de la cage d’expérimentation. Dans cet film qui fonctionne comme un roman d’apprentissage, le raté chronique Peter va se transformer petit à petit en une figure de légende, un être aux pouvoirs surnaturels dans une sorte de métaphore kafkaïenne...
Il ne touchera que du doigt (ou plutôt de la bouche l’érotisme pendant les deux heures du film et n’aura droit qu’à une vision furtive de la poitrine de sa belle exhibée sous un tee-shirt mouillé par des trombes d’eau au hasard d’une ruelle sombre), un héros ne peut pas vivre l’amour total et encore moins devenir un homme à part entière en faisant l’amour comme un individu normalement constitué.

Il va bien entendu devenir Spider-Man mais aussi un homme qui va affronter le monde et son désir, un homme presque à part entière car un héros n’a pas la vie de Monsieur Tout le monde "Celui qui détient le pouvoir se doit d’être responsable." Comme on nous l’assène plusieurs fois. S’en suivra une confrontation avec le méchant de l’histoire qui lui aussi a subi une sorte de mutation génétique mais qui n’a fait que flatter son côté obscur de la force. Le bouffon vert qui n’est autre que le père de son meilleur ami tentera pendant tout le film de le posséder et de lui racheter son âme si pure. La belle Mary Jane Watson (certainement par ce que comme l’assistant du détective, elle est comme nous, c’est une caution du peuple) n’a que sa beauté pour elle, une beauté sans fard, c’est une fille de prolo qui a des rêves de gloire en voulant devenir actrice mais gagne sa vie en travaillant dans une sorte de Mac Donald miteux. Elle sera l’enjeu amoureux du film.
Spider-Man c’est avant tout un dessin animé, le réalisateur nous le rappelle lorsque Peter Parker dessine lui-même son costume ; la boucle est bouclée.. on rend ainsi un bel hommage au coup de crayon...

Dans Spider-Man, la réalité, l’actualité, a rattrapé la célèbre fiction qui a nourri les rêves de millions d’adolescent de part le monde. Le film a pris un autre sens depuis que le défenseur de New-York est rappelé à la rescousse pour redonner le moral à tout un peuple humilié et terrifié par le terrorisme international. Un bon film qui se voit avec plaisir même si quelques séquences ont un rythme un peu défaillant. Un casting exceptionnel et malin où le héros et le méchant, Tobey Maguire et Willem Dafoe sont absolument impressionnants de maîtrise et de charisme. Un petit bémol sur le directeur de journal à scandales qui sur-joue et qui est une caricature qui frise parfois le ridicule. Rien que pour la performance de William Dafoe avec sa tête de Mike Jagger dans un costume de savant fou cela vaut la peine de dépenser le prix de son billet. Ca donnerait presque envie de redécouvrir la BD tout cela !

Ce film nous montre en tout cas comment l’Amérique des années 50/60 s’était déjà inventé des remèdes, des antidotes à une peur diffuse, imprécise, comme si dans sa puissance et son explosion d’alors elle présentait les failles de tout un système. Spider-Man, Superman et tous les héros inventés à cette époque glorieuse apparaissent aujourd’hui plus que jamais comme des garde-fous bien commodes faisant partie outre de l’imaginaire d’un pays, de son histoire immédiate...
En définitive ce film dépasse son propre créneau, il est assez universel quoique un peu manichéen et simpliste, mais il y a plusieurs lectures possibles, quelques références... Un bon divertissement. Une grosse machine de propaguande bien huilée qui tisse ses toiles de manière habile et terriblement cinématographique.