Et si l’obsession américaine provoquait la chute du nouvel empire ?

Et si l'obsession américaine provoquait la chute du nouvel empire ?

Dans la plupart des discours qui concernent les Etats-Unis, ce qui frappe le plus généralement, c’est leur manque de nuance. Ainsi devrait-on se situer d’un côté ou de l’autre de la barrière : soit celui d’un pro-américanisme délirant qui reconnait certes quelques torts à la grande nation américaine mais qui minore les effets pourtant incontestables de ses travers ou alors, on reproche aux USA, parfois sans grande finesse, d’être les principaux responsables des malheurs du monde. Dans les deux cas, on se dédouane d’une vraie réflexion et on ne prend en compte que les certitudes de nos convictions. Si aujourd’hui, les Etats-Unis se retrouvent dans une position de force, c’est parce que c’est un pays entrepenant et soudé, parce que c’est une nation ambitieuse qui s’appuie sur les richesses de sa diversité.

Les autres puissances en présence ((notamment l’Europe) sont incapables de faire entendre leur voix pour peser sur certains grands dossiers. On pourrait certes s’étendre sur les raisons (manque de cohérence politique, déchirements internes, dépendance des besoins, etc.) qui mènent à cet état de fait mais là n’est pas le propos.

Il faut notamment se souvenir qu’en ex-Yougoslavie, ce sont bien les européens qui ont proprement quemandé l’aide de leur allié américain. Le cas de la Russie est également intéressant puisque cette ex-grande puissance est aujourd’hui en partie tributaire du bon vouloir américain. De même, certaines nations comme Taiwan se retrouvent défendues par le protectorat US. On se doute bien que sinon, la Chine n’aurait pas eu grand cas de conscience à envahir un pays qu’elle estime comme l’une de ses annexes. Pour citer un autre cas, le poids de Bill Clinton a été particulièrement déterminant sur le dossier nord-irlandais et même sur le conflit israélo-palestinien, il serait injuste de ne pas reconnaitre les efforts (malheureusement vains) de l’ancienne administration à amener les deux parties vers la paix.
Enfin, il est quelque peu hypocrite de s’acharner à dénoncer le fait que les Etats-Unis agissent d’abord pour leurs intérêts ce qui est le cas de toutes les nations. C’est la règle de la Realpolitik internationale.

Cependant, il serait malhonnête de verser dans le pendant opposé car il existe bien des raisons pour comprendre, à défaut d’excuser, l’anti-américanisme (souvent, trop virulent) qui se perçoit aux quatres coins de la planète. Ainsi, pourrions nous évoquer le peu de respect des Etats-Unis vis à vis de ses partenaires sur beaucoup de sujets.

Si nous nous arrêtons sur deux exemples récents, l’attitude de l’administration Bush sur le protocole de Kyoto (un protocole qui avait été, bien qu’en rechignant, plus ou moins approuvé par les hommes de Clinton) est inadmissible et il en va de même concernant le refus d’accepter une Cour Pénale Internationale (qui ne doit pas se soumettre aux conditions outrancières, exigées par les USA).
Les premiers à blâmer pour cette situation, sont les néo-conservateurs dont les options prédominantes régissent l’actuelle approche du monde des Etats-Unis. Cet unilatéralisme arrogant se ressent également au niveau économique. Ainsi, l’administration Bush joue la règle du libre-échange uniquement quand ça l’arrange et sait très bien se faire protectionniste quand une nouvelle fois, ses intérêts sont en jeu. L’Union Européenne a, très récemment, dénoncé cette loi du double-discours.

Quant à mélanger morale et politique pour défendre leur vision de la situation internationale (cf : Ainsi quand Bush évoque "la lutte des forces du bien contre l’axe du mal"), c’est d’autant plus contestable que cette vision évolue parfois selon le bon vouloir des lobbys.
Les USA font trop souvent peu de cas des droits de l’Homme (cf : Nous ne les avons pas beaucoup entendus sur, par exemple, le conflit tchétchène et il est difficile de nier qu’ils ont aidé par le passé à l’établissement de quelques dictatures). De même, leur façon d’intervenir peut s’avérer un fiasco (comme en Somalie, où l’opération "Restore Hope" s’est transformée en désastre), prouvant une méconnaissance embarassante du terrain ainsi que des tenants et aboutissants géo-politiques d’une région.
Sans compter que cette manière d’agir, à défaut d’être archaique, a sa part de brutalité et que l’efficacité et les motivations de leurs services secrets sont pour le moins discutables.
Pour revenir au Proche-Orient, non contents de s’acoquiner avec des régimes arabes parfaitement corrompus, les Etats-Unis soutiennent indéfectiblement la politique menée par Ariel Sharon. Or, nous savons très bien que si les USA avaient en ce domaine une position plus équilibrée, cela aiderait grandement à résoudre largement plus rapidement le conflit opposant israéliens et palestiniens.

Nous avons omis d’évoquer les travers de la société US (justice expéditive, peine de mort, inégalités frappantes entre les différentes couches sociales de la population, etc.) et le fait qu’une majorité d’américains se fout complètement de ce qui se passe en dehors de leurs frontières mais cela parachève d’expliquer le pourquoi de l’antipathie que nombre sont à leur prêter.

En attendant, à l’aune de la définition du petit Bush sur les nations du bien et du mal, se formate dangereusement la politique de Washington.

On en reparle dimanche avec comme point de mire l’horizon d’un conflit salement annoncé, plagiat chaotique d’une certaine année 91...