Avec simplicité, causticité et singularité, ils égrainent quatorze nouvelles chansons qui valent aussi bien pour la musique que pour les textes. Je ne sais pas quoi vous dire pour vous convaincre d’aller acheter cet album. Tout est bien ciselé. A merveille, au cordeau. La voix, les mélodies sont fignolés pour produire un caviar de disque social. Le monde n’est pas jojo et le titre est là pour prévenir immédiatement qu’ils ne sont pas là pour amuser la galerie en sortant deux bluettes et trois chansons à la con. C’est le « Boire » de Miossec. Aussi fort. Aussi coloré et dense. Plus politisé.

A gauche toute. A faire fuir un bobo crétin qui s’était mis a aimé ces souris en pensant qu’ils ne feraient que des « La Trêve » à répétition. Avec intelligence ils foutent un pavé gros comme une maison dans la mare aux canards. De « Amen » à « Beauseigne » c’est un festival pop-rock de militantisme, la modestie rurale face à la ville inhumaine. Le piano, l’accordéon, les guitares et les synthés proposent une alternance aux textes durs et sombres. Chroniqueur cynique du quotidien mis en valeur par une orchestration variée et fluide, Mickey 3D enfant devenu adulte, promène son regard acerbe sur la France de « Mimoun », s’inquiète, s’invente et prend un envol spectaculaire. Cet album harponne les tripes. Le phrasé de Mickey, sa dualité féminine avec Najah dans le chant étire l’auditeur au maximum de ce que peut donner un album de rock français. Mickey 3D se syndicalise (je vais enfin voter aux prud’hommes).

On cherchait un palliatif à toute la merde qui nous chie dessus depuis quelques temps, avec Mickey et sa bande, c’est chose faite, c’est se revendiquer en tant qu’individu, c’est danser sur son malheur, même s’il y en a tellement qui préfèrent en pleurer qu’un sourire par ci par là, c’est déjà ça de gagner sur l’ennui.

Un disque Virgin