Interview : Didier Benini

Interview : Didier Benini

Didier BENINI vous est totalement inconnu et c’est très dommage car il se dégage de cet homme une bonté, une gentillesse, une humanité et une grandeur d’âme rarement observées chez un artiste.
Didier BENINI est un poète du quotidien qui s’exprime dans des formats courts. Il y a fort à parier que nous le retrouverons d’une manière ou d’une autre sur nos pages et ailleurs.
A SUIVRE...

1. Bonjour Didier Benini, qui es-tu ?

Beau désordre que celui que m’inspire l’ordonnance de ces questions.

D’abord parler de soi c’est tellement futile. Mieux vaut être, se montrer découvert, sans habits. Quoique...

2. Tu t’appelles Benini comme l’autre, êtes-tu plus drôle, plus talentueux ou les deux à la fois ?

Je pourrais être en quête de constance, cohérence et conscience si j’en avais au moins l’un des trois. Mais de nature humaine je compose avec elle, au milieu des autres, avec l’Autre. Parfois singulier, d’autres fois pluriel, mais toujours unique.

3. Sérieusement tu dois avoir des tonnes d’anécdotes sympathiques à raconter à cause de ton patronyme non ?

L’autre qui se nomme Benini est kiné à Montigny. J’aurais aimé ses mains pour toucher, jouir du privilège ! quand à Roberto... c’est peut-être mon fils Stéphane (à la tête d’une boite de production vidéo), passionné de cinéma qui aurait le plus d’anecdotes au final. Stéphane animait la radio du festival du cinéma italien de Villerupt et interviewait régulièrement les comédiens et producteurs présents. Notre homonymie ne laissait pas insensible.

4. Comment es-tu devenu poète ?

Je pense que l’on ne devient pas ce que nous sommes. Ainsi j’ai la chance de pouvoir exprimer par l’écriture une poésie qui m’habite intrinsèquement comme des milliers de gens. Si je n’avais en mémoire les paroles dites par Gabin (je sais qu’on ne sait jamais), j’affirmerai que l’on ne devient pas mais que l’on se forme ( dans le sens formel) et l’on ne change jamais. Nos plaies et bosses sont lavées par nos sangs.

5. Tu as inventé un archétypique poétique, tu fais des "jets d’encre".. c’est quoi au juste ?

Si j’osais je dirai que le jet d’encre est à l’écriture ce que l’éjac est au don de sperme. J’ai beaucoup lu et me suis abîmé, noyé, ressuscité et aussi joui de l’écriture de Céline, j’ai trouvé là, au delà de sa façon clairvoyante d’aborder l’humain, une forme écrite parfaitement juste pour mon ressenti, et j’aime à dire que ma plume saignent les mots de mes jets d’encre. Tout cela n’est qu’une forme d’expression. L’essentiel étant d’avoir à exprimer.

6. Je trouve que tu as un physique poétique à toi tout seul, de quoi nourris-tu tes créations ?

J’ai toujours eu un rapport difficile avec mon physique, tu me rassures, ou pas !! Qu’est ce qu’un physique poétique ? mes créations se nourrissent du regard porté. Celui qui abreuve mes yeux pour inonder mes sens et animer d’une étincelle un bonheur ou un malheur posté là, au fond d’une poche de ma chair.

7. Quel serait ton rêve d’Art le plus fou ?

Mon rêve d’art le plus fou serait d’orchestrer une gigantesque partouze, pourquoi pas en costume d’une époque, de scène s’il fallait donner du crédit à la démarche. Le rictus particulier de l’Être dans le rapport sexuel collectif est dénué d’habits, il est aussi laid et beau que nous le sommes. En privé, à deux c’est déjà différent.

8. Si tu avais un empire, qu’en ferais-tu ?

Si j’avais un empire... ? mais j’en ai un, nous en avons tous un ! Nous l’habitons, le défendons et le protégeons. Piètres guerriers et guetteurs aveugles, bonni menteurs d’excellence nous n’avons jamais appris la générosité. Celle qui rend beaux ceux que nous craignons, celle qui rend plus fort que mille donjons et herses érigées. En fait c’est cela, si j’avais un autre empire je le partagerai.

9. Quelle est la phrase ou le poème dont tu es le plus fier ?

J’aime cette phrase de Samuel Lulleman : Hissez le grand mât mes amis, à quoi bon attendre d’avantage, prenez le vent d’où qu’il vienne et cinglez droit sur l’ouragan, au plus fort du grain, Il ne vous arrivera rien, l’œil est en vous !.

10. Par quoi désires-tu terminer cette interview cher Didier Benini ?

Je terminerai bien cette interview par un pot ! parler ainsi à ce clavier m’a donné soif ! j’aime les mots, j’aime le verbe qui dit, j’aime l’acte communicant, et si tu es blonde à forte poitrine.......

Merci pour cette plage d’expression.

Calligraphie

Griffe, ma plume.
Tes larmes noires
Saignent les mots
De mes jets d’encre.

Sang mots,
Maudits
Poings à la ligne.

Délié déchiré
S’il te plait
Tire un trait,
Trait d’union.

De mon encrier
Glisse doucement
Au pied de la lettre,
Caresse ses contours,
Danse la suivante,
File encore,
Pluriel.

Porte loin,
Sans point,
Mon sang d’encre de vie !

Didier BENINI


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