1. Bonjour Jésus Christ, vous êtes mort depuis plus de deux mille ans et pourtant l’on parle encore de vous dans les médias... Ca doit flatter votre ego un truc comme ça, non ?

Tout d’abord merci de me donner enfin la parole Messieurs Post et Mortem. Imaginez un peu ma situation inique et paradoxale. Je suis connu dans le monde entier, on a bâti pour mon père, ma mère et moi des temples, des églises, des cathédrales, nous avons des milliers de gens qui servent notre cause, mais personne ne me donne véritablement la parole. Ce n’est pas parce que l’on est mort que l’on est forcément devenu inutile. Il est vrai que je suis sur-représenté depuis deux mille ans. J’ai eu droit à tout : le meilleur comme le pire... Vous me direz que c’est là la rançon de la gloire, d’accord, mais tout de même. On m’a travesti, on m’a calomnié, on a raconté des mensonges éhontés sur ma sexualité, on s’est moqué de mon image sur la croix, on a utilisé mon nom et ma « marque » pour des fins publicitaires et commerciales. Sans qu’à aucun moment quiconque me demande mon avis... Je crois que j’ai bien besoin une bonne fois pour toute d’un droit de réponse sur votre site puisqu’on n’y déforme pas les propos et que cela passe par l’écrit.
Je ne me pose plus de problèmes d’ego, je n’ai plus rien à prouver, j’ai fait mon chemin, j’ai porté ma croix, j’ai marché sur l’eau, j’ai soulevé des montagnes et fait ce que j’avais à faire du mieux que je pouvais. J’ai tenté de sauver le monde et d’apporter la bonne parole. Je ne crois pas avoir été avare de miracles. Si d’aucuns pensent qu’ils peuvent faire mieux que moi il y a deux mille ans, qu’ils s’y collent, je ne retiens personne... On verra comment eux finiront !

2. An 2005 et toujours des gens qui meurent chaque jour, toujours des enfants qui crèvent de faim, toujours des malheureux, toujours des malades... Ma question est simple : excusez moi mon Dieu, mais qu’est ce que vous fichez là haut ?

Excusez-moi de vous le dire Messieurs Post et Mortem, mais cette question est bien convenue. C’est toujours la même rengaine. Vous croyez que c’est simple de gérer toute une planète, même si nous avons une belle entreprise familiale très compétente ?

Nous sommes conscients que « le monde tourne mal, qu’il y a quelque chose de bancal et que ce n’est pas normal » pour citer la belle Axelle Red (Mon Père, quelle belle femme !).
Nous travaillons d’arrache-pied, nous tentons de mettre en place des stratégies pour que cela aille mieux. Mais nous ne sommes pas responsables de tous les maux de l’humanité. L’homme a son libre arbitre. Nous donnons des indications, des pistes, il a son propre devenir entre ses mains. On ne peut pas être partout, je vous assure, on ne peut pas tout faire. Je ne parle même pas des fanatiques qui lisent nos préceptes n’importe comment et provoquent des catastrophes sans nom... mais qui pouvons-nous ?!?

3. Nombreux cas de pédophilie chez vos collaborateurs, un pape mourrant, de moins en moins de fidèles le dimanche matin dans les églises, la Star Academy qui remplace le catéchisme, des chrétiens-crétins qui, sous votre nom, s’attachent dans des salles d’hospit’ où l’on pratique l’IVG... Le christianisme a-t-il vraiment un avenir ?

Il y a un véritable problème avec la jeunesse, même si, souvenez-vous lors des JMJ, nous avons prouvé que nous étions encore très fédérateur auprès de celle-ci. Je tiens à rappeler que la pédophilie n’est pas le seul apanage des hommes d’Eglise. Il est faux de dire que les prêtres, car ils sont soumis à une interdiction formelle de mariage et de reproduction, sont davantage de dangereux pervers. Cela peut arriver mais ce n’est pas plus courant que dans une autre corporation, je vous assure.
Le christianisme fait partie de l’Homme car il a besoin de croire, c’est quelque chose de vital pour lui. Je ne discuterais pas avec vous du cas particulier de l’IVG, nous avons à ce niveau-là des convictions profondes et je vous demande de les respecter, il n’est pas nécessaire que je vous démontre par « a+b » ce point de vue strict et absolu qui défend la vie contre la mort.
Le 21ème siècle sera « christianiste » ou ne sera pas, je vous l’assure. Voilà mon opinion même si je suis juge et partie.

4. Vous êtes bien placé pour en parler, faut-il avoir peur de la mort ?

La Mort n’est qu’une étape, je suis effectivement bien placé pour vous le dire. Il faut bien faire la distinction entre corps terrestre et esprit éternel. J’ai eu une vie relativement courte mais ma mort est longue et belle. L’amour est là-haut aussi je vous l’assure. Ayez confiance.

5. Palestiniens ou Israéliens ?

Humains.

6. Une journée type de Jésus Christ ?

Voilà bien une question de journaliste qui ne sait pas de quoi il parle, mon jeune ami. Sachez pour votre gouverne qu’après la mort toute notion de temps comme vous l’envisagez vous ici n’existe pas. Tout est mouvement hors des réalités calendaires et c’est très bien ainsi. Il n’y aucun ennui, aucune fuite de ce temps qui fait tant d’outrages sur terre et pas seulement chez nos vieilles bigotes.

7. La question que vous aimeriez poser à Satan ?

Satan je le rencontre parfois mais pas en Enfer, il est en moi lorsque j’ai de mauvaises pensées. Mon pire ennemi, c’est moi-même. Je dois être digne de ma filiation sacrée. Etre « fils de » est une bien lourde tâche dont je m’acquitte du mieux possible. Jésus n’est pas toujours un saint, si vous me permettez de faire un peu d’humour. Je suis comme l’homme, perfectible et en face de choix douloureux mais passionnants pour que mon destin continue d’en être un.

8. La dernière personne célèbre dont vous avez refusé l’entrée au Paradis ?

Le comique français Michel Colucci dit « Coluche ». Il a fait de son nuage un tel lupanar mal fréquenté que nous n’avons pas pu le garder plus d’un mois terrestre, même s’il nous faisait parfois rire aux éclats. Imaginez-le avec des tenues innommables inviter Marylin Monroe, Pierre Desproges, Ghandi, Yves Mourousi et Jean Carmet à des orgies pas catholiques du tout, nous n’en pouvions plus. Nous ne sommes pas des gendarmes du ciel et nous avons dû prendre cette mesure terrible pour rendre toute sa sérénité à notre monde parallèle.

9. Si vous aviez eu à choisir votre épitaphe, qu’aurait-elle été ?

« Ci-gît le messager d’un monde de paix, mort humilié sur sa croix, mais vivant pour l’éternité. Le monde a choisi de tuer l’enfant de la croyance, le voilà seul et livré à lui-même ne pouvant dire qu’il n’a pas eu le choix. »

10. 1 mot, 1 seul pour finir cette Mortview.

Espoir.