Interview : Nadine Monfils

Interview : Nadine Monfils

Nadine Monfils, je l’ai d’abord écoutée raconter comment elle se sentait violée
à chaque fois qu’on la lisait et comment pourtant elle était consentante... Le
terme vous parait fort ? C’est que Nadine s’implique et se dévoile à travers ses
mots, pleins d’elle-même, de ses paradoxes et de sa poésie. Je vous invite à la
suivre dans ses voyages éclectiques, ses transports amoureux, ses essais sur
tous les supports qui nous ouvrirons à ses cris*.
Ah tiens ! au fait, j’ai découvert après l’avoir lue qu’elle était un peu connue,
genre elle travaille avec Josiane Balasko tout ça... C’est encourageant de voir qu’on
peut être entière, avoir du talent et être (re)connue.

1. C’est ma première interview, est-ce que vous aimez les premières fois ?

Ce sont les plus savoureuses car elles gardent tout leur mystère.

2. "Peau de papier" c’est un film de poésie que l’on dépose sur sa peau ; on peut l’enlever ou il colle à vie ? (je suis un peu inquiète pour mon sort, j’en
ai parlé à tout le monde et j’ai déjà promis cinq exemplaires)

On peut l’enlever, mais il laisse des traces indélébiles, comme un tatouage.
Du moins, c’est ce que j’espère.

3. Je vois « Peau de papier » commme une lettre d’amour à B. Noël, comment a-t-il réagi ?

Très bien, puisqu’on s’est aimés et que les plus belles histoires d’amour ne se terminent jamais vraiment.La preuve, je lui redédie mon livre vingt ans
plus tard.

4. Vous avez parlé, à Grignan, de réactions fortes suite à ce livre. Quelles ont été les trois plus belles réactions ? les trois pire ?

Des femmes m’ont arrêtée dans la rue pour me dire que je leur avais donné
l’impulsion et la force de changer de vie ! d’Oser !
Pas de réactions négatives pour ce livre.

5. Vous êtes très éclectique, film, livres, etc. envisagez-vous d’explorer d’autres chemins ? Lesquels ?

A part faire des films que j’écris et que je réalise -comme "Madame
Edouard"- il ne me restait plus qu’à devenir productrice. C’est fait. A
Bangkok. Sinon, continuer à explorer toutes les belles folies de la vie...

6) Est-ce que vous pensez que le cul c’est poétique ?

Ca dépend du galbe des fesses entre les phrases ! J’ai du mal à voir la
poésie dans la cellulite de la syntaxe...

7) Votre livre « peau de papier » est un striptease, pensez-vous être
impudique ?

Je pense vraiment qu’il n’y a pas d’écriture sans mise en danger de soi. Ni
d’art tout court. Donc, pas d’art profond sans impudeur, mais si elle n’est
que suggérée.
Pareil pour la vie. Rester dans ses pantoufles ne fait pas avancer.
Je peux tout ôter, sauf mon nez de clown.

8) Je ne sais rien de votre film (celui qui sort bientôt). Est-ce qu’il vous plaît ? (je fais confiance à votre jugement)

Mon film est déjà sorti il y a un an. Il sort en Dvd en septembre. J’en
prépare un autre, mais il faut parfois deux ou trois ans pour monter un tel
projet.

S’il ne me plaisait pas, je ne l’aurais pas fait. J’ai réalisé
exactement le film que j’avais envie de voir. J’ai tout choisi, fait le
casting toute seule. Il n’y a pas un objet, pas le moindre détail que je
n’ai pas voulu. Je l’ai suivi jusqu’au bout et je n’ai pas lâché le montage
d’un pouce. Mais une fois "né", il est passé entre les mains inexpertes d’un
producteur qui l’a sorti le jour d’Harry Potter avec une affiche qui
ressemblait à une pub pour un verre de bière...Pour ça que je veux produire
les autres moi-même.

Jean-Pierre Jeunet me dit toujours : "Si tu n’as pas le
sentiment de faire le chef-d’oeuvre du siècle, ne commence même pas ! C’est
pas la peine. Après les doutes viennent toujours, mais au moment où tu
conçois un film, tu dois être convaincue que tu veux faire le meilleur." et
il a raison. Il faut une force et une volonté inouïe pour faire un film.
Madame Edouard représente 4 ans de ma vie, non stop. Si on n’est pas porté
par un sujet, par des images, on ne peut être moteur pour faire aboutir ce
rêve.Je crois que les réalisateurs déçus par le résultat sont ceux qui, à un
moment donné, ont lâché prise. Mais c’est plutôt rare.
Je l’aime parce que j’adore les acteurs, qu’il est atypique et que j’y ai
caché plein de choses qu’on ne voit que quand on le regarde plusieurs
fois.
Aussi parce que mon fils aîné joue dedans et que je dédie mon film à
mon autre fils.
Le tournage a été un des plus beaux souvenirs de ma vie avec la naissance de
mes deux fils.

9) Je crois à la magie et aux fées ; en êtes-vous une ?

Je préfère les sorcières.

10) Frédéric Beigbeder a écrit « Les femmes vraiment romantiques ne veulent pas se marier », qu’en pensez-vous ?

Je pense m’être mariée parce que je suis romantique. Par contre, ce n’est
pour moi qu’un acte d’amour parmi d’autres et il n’est pas éternel pour
autant. J’aime que l’amour soit un passant. Je n’ai pas forcément épousé les
hommes que j’aimais le plus, bizarrement. J’ai toujours aimé les amours
interdites, les jardins secrets, le dernier Tango à Paris...

11) Par quoi désirez-vous terminer cette interview ?

Par un rêve à venir.

Faites-vous plaisir.

Je m’en vais faire des fleurs en papier crépon au bord de la mer du nord,
celle de mon enfance. Quand les vagues approchent, je pense à Brel. Ou à Arno.

* Extraits audio par Justine Miso herself

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