Interview : Ovidie

Interview : Ovidie

Nous sommes très fiers d’avoir été presque les premiers en 2001 à réaliser un entretien avec l’actrice de porno Ovidie.

Cette E-terview n’ayant pas pris une ride nous avons décidé de le remettre dans nos bases pour le plus grand plaisir des coquines et des coquins.
Rencontre.

1. Quelle est le pire souvenir de votre vie d’adulte ?

Ca ne se raconte pas. Je suis pudique, et pas du genre à me plaindre. Parlons de choses positives !

2. Vous n’en avez pas marre de l’appellation qui vous poursuit "intello" du porno ?

Si, ça me gave. C’est une excuse de journalistes. Ils ont beaucoup trop focalisé sur mes études de philo, et c’est très gênant. D’une part parce que ça fait passer les autres acteurs/actrices pour des illétrés, ce qui est faux. D’autre part, parce qu’ils ont essayé de me "justifier" alors que moi-même je ne cherche pas à le faire. Certains ont même inventé que j’écrivais une thèse de philo sur le porno. Comme s’ils expliquaient le fait que je fasse quelque chose d’aussi bas socialement par le devoir d’atteindre quelque chose de très respectable (et ouais, avoir un doctorat de philo ça pète ! Je suis mariée avec un de ces spécimènes qui ont réussi à en décrocher un. En attendant c’est un "punk" journaliste dans un magazine de cul). En plus c’est pas parce qu’on fait partie de l’élite universitaire qu’on est plus intelligent. J’ai peut-être plus de sept années de latin derrière moi, mais en attendant je suis une travailleuse du sexe, même si ça les emmerde de l’admettre.

3. Le sexe c’est mieux en hiver ou en été ?

En hiver !!!! On se colle parce qu’on a froid, et ça fait pointer les seins.

4. Pourquoi vous n’aimez pas Isabelle Alonso ?

Je n’ai rien contre cette brave dame. Je n’aime pas toutes ces pseudo-néo-féministes. Ce qu’elles appellent "libération de la femme" n’est qu’en fait une libération de la travailleuse et de la consommatrice. Le droit de devenir aussi connes que les hommes ? Je m’en fiche. En revanche, le droit de me réapproprier ma sexualité sans culpabiliser et sans me laisser emmerder par ces braves puritaines me paraît beaucoup plus féministe. J’aime le sexe, l’égalité dans le sexe. C’est là où je puise de la force.

5. La morale dans le sexe, y’a rien de pire non ?

Morale = répression = frustration = société qui ne fonctionne pas bien.

6. Les fantasmes de filles sont-ils plus originaux que ceux des garçons ?

Je ne pense pas que les filles soient plus intéressantes que les hommes. Ils y a des gens avec une vie sexuellement riche. D’autres avec une vie sexuellement pauvre. Ca ne dépend pas du fait d’être homme, femme, ou trans-genre.

7. Ca fait quoi de plaire autant aux hommes qu’aux femmes ?

Ca fait plaisir d’être encouragée. Je pense qu’il y a plus
d’hommes à qui je plais que de femmes. Morale oblige ! Et puis c’est toujours à ceux qu’on a envie de plaire qu’on ne plaît pas.

8. Parlez-moi de Beinex ?

Quelqu’un que j’aime beaucoup. Une des rares personnes du cinéma "classique" à ne pas me prendre pour une moins que rien parce que je viens du X. Je le crois sincère quand il fait mine de croire en moi.
Il est sincère dans son travail, il s’implique entièrement. Enfin je pense.

9. Pourquoi avoir accepté le tampon d’alibi-art ?

Pour avoir un T-shirt gratuit !

10. Vous croyez plus en Dieu ou en vous-même ?

Je ne crois pas en Dieu.

11. Si vous étiez ministre, vous seriez ministre de quoi ?

Je ne serais pas ministre. Comme je le disais un peu plus haut : ça ne m’intéresse pas de faire les mêmes erreurs que les hommes.

12. Il y a toujours une tristesse en vous, vous en êtes consciente ?

Il y a plus de fun que de tristesse. Mais on ne peut pas être aussi productive si jeune et avoir l’insoucience d’une héroïne de sitcom américain. Du sérieux, oui. De la tristesse, non, certainement pas.

13. La droite et la gauche cela existe encore pour vous ?

Pour ma part, je soutiens plus quelqu’un comme Théodore Kazcynski. Je ne vote d’ailleurs pas. Je ne veux pas jouer le jeu. Par contre j’estime avoir une activité militante de libération de l’être humain.

14. La plus belle recontre de votre vie ?

Mon mari.

15. Que pensez-vous des mégalo et des narcissiques ?

Bof, grand bien leur fasse. Parfois ça aide à avoir un travail artistique productif et intéressant.

16. Quelle est votre mission sur la terre ?

Avoir la vie la plus constructive possible.

17. Que préfèrez-vous, les gros seins ou les filles intelligentes ?

Intelligentes, charismatiques. Mais, pitié, pas narcissiques ! Je préfère encore les gros seins à une intello narcissique !

18. Admirez-vous vos parents ?

Je ne les admire pas. Je les aime tout simplement. Parce que ce sont des gens biens. Je trouve ça plus sain que de les admirer.

19. Que pensez-vous de la prostitution ?

La prostitution, s’il n’y avait pas de pression sociale (donc de violences extérieures) serait un des plus beau métier. C’est quand même beau de gagner des sous en donnant du plaisir. Le problème de la prostitution c’est les conditions de travail. Mais qui ne sont dues qu’à une mauvaise acceptation sociale. Les féministes puritaines qui croient aider les putes ne font que les enfoncer. Je ne suis pas pute, mais je respecte énormément cette profession. Les putes qui travaillent seulement et uniquement pour elles sont souvent plus libres que n’importe qu’elle femme "normale". Jette un coup d’oeil sur "Pourquoi les putes sont mes héroïnes" sur mon site, en cliquant sur "Annie Sprinkle".

20. Votre meilleur souvenir cinématographique ?

En spectatrice, en actrice, ou en réalisatrice ?
En actrice, c’était avec Patrice Cabanel. Je jouait une factrice, avec la panoplie "La Poste" : blouson, casquette, vélo, sacoche, etc. Mais à côté de ça je portais une mini-jupe, des talons de dix centimètres de haut, et un maquillage très "connoté". On tournait de la comédie à l’arrache dans les couloirs d’un hotel, et on était à deux doigts de se faire griller. Moi en factrice très spéciale, suivie par un personnage louche en chaussettes, le cigare au bec, la chemise ouverte, et la caméra à la main. Un grand moment de cinéma.
En réalisatrice, c’était pour mon deuxième film "Lilith", où j’étais libre de faire tout ce que je voulais. Je suis très fière de ce film.
En spectatrice, j’avoue être en transe à chaque fois que je vois un film avec l’acteur Chow Yun Fat.

21. Qu’est-ce que c’est une grande actrice ?

Une actrice qui ne se soucie pas de ce qui est bon pour son image et sa carrière, et qui joue ce qui lui plaît vraiment.

22. Que vous dit votre mari quand vous parlez de lui dans une interview ou à la télé ?

On n’en a jamais parlé.

23. Le début d’une notoriété comme la vôtre vous inspire quelles réflexions ?

Tout ce monde du show-bizz est très factice. Je ne suis pas dépendante des médias. Avec ou sans média je suis la même et je fais le travail qui me plaît.

24. Est-ce que vous vous trouvez belle ?

Non, vraiment pas. Mais au moins on ne peut pas dire que je sois fade... on m’a tellement dit que j’avais un visage dur.

25. Quelle est la question que vous voudriez me poser ?

A quoi vous pensez quand vous vous branlez ? C’est toujours amusant, ça varie tellement d’une personne à l’autre...

FV : [Au Pape]

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