Interview : Yann Kerninon

Interview : Yann Kerninon

Au Mague, nous défendons avec force de conviction le travail artistique de Yann Kerninon depuis quelques années déjà et, à chaque sortie livresque, ce dernier nous fait l’amitié de répondre à nos questions. C’est devenu un rituel qui, même s’il est très plaisant, n’a rien d’un copinage stérile.
Car en ces temps désertiques en bien des points, il fallait tout le courage, et la Liberté de penser et d’agir de cet auteur littérateur philosophe pour écrire un manuel de survie.. destiné exclusivement à ceux qui ne désirent pas être les victimes du Vide ambiant.
Rencontre avec un Dandy véritable, comme sa définition rigoureuse nous le prouvera dans le texte !

1. Bonjour Yann Kerninon, je suis ravi de vous accueillir à nouveau en interview à l’occasion de la sortie de votre nouveau livre « Moyens d’accès au monde - Manuel de survie pour les temps désertiques ». En ces temps caniculaires, on peut dire, sans jeu de mot que votre ouvrage, est cruellement d’actualité...

Bonjour Frédéric. Joli parallèle, au-delà de la plaisanterie... Oui, la canicule est une saturation de l’espace par la chaleur, l’ozone, la pollution, la poussière. Cette saturation empêche de penser, de vivre, d’agir comme on le souhaiterait. En ce sens, le désert dont je parle dans « Moyens d’Accès au Monde » est similaire à une canicule, il correspond à la saturation de notre époque par un flot ininterrompu de techniques, d’opinions, de solutions et d’informations. Cette saturation menace le fond même de l’homme et de la vie. Je dirais même qu’elle se substitue à la vie et à l’homme. La logique du désert est de faire croire que la gestion, l’étude et la domestication de la vie c’est la vie et que l’homme considéré comme ressource est la seule définition que l’on peut donner de l’homme.
Dans le désert, toute pensée authentique est immédiatement transformée en caricature ou en slogan. Celui qui parle de liberté est classé dans la case « anarchiste », celui qui parle de mysticisme, de poésie ou d’enchantement est classé parmi les « religieux ». Le désert ne fonctionne que par boites et étiquettes. Tout individu authentique, tout enfant enthousiaste est lentement réduit au seul spectre de sa fonction, de sa compétence technique et de son utilité productive au sens large. Le désert dont je parle est une gigantesque structure informelle de domestication et de neutralisation de tout ce qui est encore un peu vivant aujourd’hui.
En ce sens, oui, mon livre est d’actualité, parce que le désert, c’est ici et maintenant. Et bien évidemment, pour revenir à « l’actualité », les « plans énergiques pour l’emploi », les solutions brutales, spectaculaires et populistes contre la délinquance, les remontrances économiques arrogantes ou la logorrhée ridicule des journalistes sur la canicule contribuent activement à la pérennité et à l’extension du désert : un brouhaha permanent qui mobilise l’espace et les hommes au service d’un vide politique, humain, social et intellectuel absolu.
Heureusement, dans le désert comme dans la canicule, il reste toujours des « survivants » qui tâchent de protéger et d’incarner quelque chose de vivant et de joyeux. C’est d’eux dont je parle dans « Moyens d’Accès au Monde ». C’est aussi POUR EUX que j’écris. Pour qu’ils se sentent moins seuls, pour les encourager à continuer.

2. J’ai envie de vous dire que « Moyens d’accès au monde » n’est pas un livre qui fait tout pour plaire, qui drague son lectorat avec vulgarité ou volonté marketing, il est de facture assez classique et ne s’autorise aucune facilité. Il est proprement inclassable et « trans-genre ». Peut-on dire que « ce cahier des charges » formel et idéologique est la marque de fabrique Kerninonienne ? Ne jamais vulgariser serait le luxe ultime ?

Je ne sais pas si c’est un luxe, en tout cas, c’est une exigence. Les livres que j’écris tentent de dire le réel et, au sein du réel, de forger des concepts relativement fins. Une telle exigence suppose un travail sur le style, la musicalité, le détail, la nuance. La tendance actuelle en littérature est au contraire à l’absence de tout travail stylistique et musical (sujet, verbe complément) et à la proclamation de slogans ou de concepts grossiers : le droit, la loi, la foi, la religion, l’athéïsme... Une telle façon de procéder fait beaucoup de mal, il me semble. Cela rend les gens manichéens alors même que les questions fondamentales relèvent de la nuance, de la manière de faire, du ton, du style.
Donc, non, je ne vulgarise pas. J’écris ce qui me semble nécessaire d’écrire, comme il faut l’écrire. Et je constate que ce que j’écris fait écho de diverses manières chez des lecteurs qui ne sont parfois pas du tout des érudits. Je ne crois pas que mes livres soient compliqués ou obscurs. Je suis sûr en revanche que les livres marketing dont vous parlez sont nuls et insignifiants. Ils correspondent, non pas à la volonté des lecteurs mais à la représentation qu’un bon nombre d’éditeurs bourgeois se font des lecteurs. Redisons-le : ces gens font beaucoup de mal, vraiment.

3. Vous avez l’image d’un Dandy, votre apparence physique et l’extrême attention que vous portez à votre habillement pourrait le faire croire... et ce livre est un bon moyen pour vous de donner une définition très précise du dandysme comme vous l’imaginez vous et qui est à mille lieues des idées reçues...

Comme toute chose dans les temps désertiques, le mot « dandy » est usé jusqu’à la corde et caricatural. Comme les mots « poésie », « humanisme », « république », le mot « dandy » nous évoque confusément quelque chose d’intéressant, mais aussi quelque chose de vide, d’incantatoire. On associe le dandy à une figure historique ou littéraire vaguement amusante ou excentrique et n’importe quel mondain cravaté est qualifié de « dandy ». C’est une étiquette parmi d’autres. Un pareil traitement désertique du langage et des êtres permet de ne surtout pas penser les questions soulevées par la figure du dandy. Le désert déteste les questions et n’aime que les réponses, les recettes, les postures immédiatement lisibles.
Dans « Moyens d’Accès au Monde », j’ai tenté de revenir au cœur même de ce qu’est le dandy, par-delà les caricatures. Le dandy, quel que soit son époque ou sa façon de faire, c’est celui qui constate le désert et se forge des moyens bien à lui pour ne pas y participer et de ne pas s’y faire broyer. Or pour ne pas être intégré au désert, il faut demeurer irréductible à aucune fonction, à aucune définition, à aucun mot en « -isme », à commencer par celui de « dandysme ». Le dandy, c’est celui qui ne se satisfait jamais d’aucune posture définitive. C’est celui qui remet tout en jeu tout le temps, à commencer par lui-même et son dandysme. Le recherche vestimentaire et esthétique n’est que le signe le plus visible d’une quête incessante d’une perfection éthique. C’est à chaque instant que se joue la question de l’élégance. C’est aussi à chaque instant que se joue et se rejoue la question de sa manière d’être et d’habiter le monde.
En ce sens, le dandy, c’est celui qui est toujours ailleurs que là où vous pensiez le trouver. Dans le désert, au contraire, tout le monde est toujours là où il est censé être... Ma définition du dandy, c’est donc de dire que le dandy est « l’indéfini permanent ». C’est aussi celui, qui, d’une manière générale et là aussi indéfinie, tâche de ne pas « vivre et penser comme un porc », pour reprendre le titre du livre magnifique de Gilles Châtelet.

4. « Moyen d’accès au monde... » est un manuel, dans le sens didactique et pratique du terme, c’est également un traité philosophique moderne.. quel est le véritable concept littéraire vous vouliez proposer au lecteur ?

Principalement celui de « moyen d’accès au monde »... Eh oui...D’où le titre ! C’est-à-dire l’idée qu’il existe dans le désert des manières de faire et d’être qui permettent justement de s’échapper totalement ou partiellement des logiques désertiques. Demeurer complexe, ne pas se concevoir exclusivement comme « utile » et « utilisable », cultiver une éthique ludique et bienveillante plutôt que de servir des morales figées, hiérarchiques et aliénantes, entretenir un rapport poétique aux êtres et aux choses, etc. Voilà quelques uns des « moyens d’accès au monde » que je tente de définir. Ces moyens ne sont bien sûr pas des recettes mais des lignes de fuite, des indications ouvertes au questionnement que chacun peut s’approprier ou non.
Le but le plus général de ce livre est d’essayer de maintenir ouverts des espaces de liberté, de pensée et de vie qui me semblent se refermer dangereusement aujourd’hui. « Moyens d’Accès au Monde » affirme avant tout qu’il est possible de vivre autrement que dans des logiques désertiques.

5. Votre est livre est un pamphlet contre les hiérarchies sadiques, un réquisitoire contre le pouvoir établi... votre propos est-il de préparer le monde à cette révolution sociale inéluctable qui monte, grimpe et se prépare chez les élites intellectuelles et le prolétariat ?

Je ne savais qu’une révolution était en préparation. Ni chez les élites, ni chez les prolétaires. Je constate plutôt une progression effrayante de toutes les postures le plus conformistes, y compris et surtout dans l’anti-conformisme de bon ton, une progression effrayante des petites morales bourgeoises, y compris et surtout chez les « prolétaires » ou les partis politiques prétendument de gauche.
En revanche, oui, je travaille à ce que Foucault appelait le « devenir révolutionnaire des individus ». Je ne crois pas aux « Révolutions ». Elles chassent en général une engeance pour lui substituer une nouvelle engeance. Je préfère de loin la « révolte », avec un petit R, car elle suppose un questionnement incessant, un renouvellement perpétuel des contrats.

6. Les mauvaises langues vont dire que vous êtes un passéiste alors que justement j’ai l’impression que vous êtes à l’avant-garde de l’avant-garde, sentez-vous autour de vous l’incompréhension qu’ont connue tous les visionnaires ? Souffrez-vous de cet anachronisme non désiré ?

Je l’ai écrit avec lucidité dans les dernières pages de « Moyens d’Accès au Monde » : « mon livre sera dissous ». Il sera lui aussi intégré au désert, soit parce qu’il passera totalement inaperçu, soit parce qu’on le réduira à quelques caricatures risibles, soit en effet parce qu’on estimera que le dandy n’est pas « à la mode ». Je n’échapperai pas à cela. En ce sens, oui, je souffre parfois, non de l’incompréhension, mais de la volonté active de certains de ne pas comprendre ce que je dis. Je rencontre rarement des gens qui me disent qu’ils n’ont rien compris à ce que j’écris. J’en rencontre en revanche beaucoup qui comprennent, voire qui approuvent, mais qui trouvent immédiatement une panoplie de deux ou trois excuses confortables pour ne surtout pas mettre en œuvre dans leur vie les réflexions que mon livre leur a inspirées.
Je ne sais pas si je suis un « visionnaire » ou « l’avant-garde de l’avant-garde ». Peu importe. En revanche, oui, il y a des moments de grand désespoir ou de découragement lorsque je constate à quel point la vulgarité, la grossièreté, la bêtise, la lâcheté, la médiocrité, l’ennui, la résignation, le cynisme dur ou mou règnent aujourd’hui en maîtres. Heureusement, on croise aussi parfois dans le désert des sourires rayonnants, des hommes ou des femmes qui semblent encore un peu vivants, joyeux et libres. En général, ce sont ceux que la société actuelle considère comme quasi-débiles. Pour être poli, on dit « poète » ou « artiste ».

7. « Ne jamais devenir une ressource humaine » semble être un leitmotiv dans votre livre, comme s’il s’agissait d’un moyen précieux de résistance ?

En effet. La réduction du monde et des êtres à des ressources est un des fondements principaux du désert. Mais la critique de la notion de « ressource humaine » n’est elle-même pas si simple. Il n’est pas particulièrement révoltant que le patron ou le « manager » considère, dans le cadre de ses activités, ses employés comme des « ressources ». Tout processus de gestion, de calcul ou d’organisation suppose de faire à un moment ou un autre l’inventaire des ressources. Là n’est donc pas le problème. Le véritable problème réside dans la généralisation de la pensée des ressources à tous les domaines de la vie et de la pensée. A un tel point que plus rien n’est plus considéré autrement que dans son utilité ou son « utilisabilité » potentielle. Que les hommes puissent parfois être des ressources est une chose, qu’ils ne soient PLUS QUE des ressources en est une autre. De plus, cette tendance fait rage également hors du champ des entreprise et de l’économie. Le partenaire amoureux n’est plus qu’une ressource sexuelle ou reproductive, l’ami n’est plus qu’une ressource sociale, les rencontres ne sont plus que plans et stratégies. Dans cette histoire, au-delà de l’aspect moral des choses, c’est la vie qui s’en va au profit d’un rapport strictement technique et mécanique au monde et aux autres. C’est le triomphe du désert, du frelaté et du désenchantement.
L’étape ultime du processus est le moment où les individus eux-mêmes en arrivent à ne plus se considérer que comme des ressources, à ne plus exister et à ne plus se penser autrement que par leur capacité à se vendre, à être achetés ou à être vendus. Nous entrons dans cette étape ultime. Combien d’étudiants ou de salariés dépensent une énergie fantastique dans des activités qu’ils reconnaissent eux-mêmes comme périphériques et peu passionnantes au motif que le marché de l’emploi ou leur entreprise le réclame ?

« Ne jamais devenir une ressource humaine » ne veut donc pas dire refuser de se vendre parfois, de travailler ou de collaborer à une entreprise, mais refuser de se considérer exclusivement comme une ressource. En ce sens, il ne s’agit pas seulement d’un débat de lutte des classes (les patrons et leurs ressources), mais d’un débat humain. Patrons, chômeurs, ouvriers, femmes au foyer, enfants ou vieillards ne sont plus considérés que comme ressource utiles ou potentiellement utiles, que comme objets de gestion et de calcul. Ma conviction est que l’homme, au contraire, est pleinement homme dans ce qu’il a d’inutile, dans sa capacité à échapper aux mises en demeure et à sa réduction à une simple ressource. L’amour ne sert à rien. L’art ne sert à rien. La joie ne sert à rien. La fête ne sert à rien. L’enthousiasme ne sert à rien. L’amitié ne sert à rien... La vie elle-même, fondamentalement ne « sert » à rien et ne se définit pas par son « utilité ».
Le chapitre que je consacre à la « quête d’un devenir inutile » dit précisément cela : que la question des ressources humaines est une question de rapport au monde et à soi-même. Etre en « quête d’un devenir inutile » ne veut pas dire être inutile mais suppose de garder toujours en vue ce qui nous fonde et de ne jamais le vendre - jamais totalement.

8. Vous dites dans vos conclusions une chose très belle et très pertinente « Il faudrait demeurer sans espoir », n’avoir aucune solution de sauvetage hypothétique ni divin, ni révolutionnaire. Ce qui est intéressant c’est que vous dites que cette posture ne doit pas annihiler notre courage...

Oui, il me semble malheureusement que nous pratiquons essentiellement l’inverse. Nous invoquons sans cesse, selon le milieu, l’humanisme, la religion, le retour aux valeurs, la révolution... c’est-à-dire des grands mots, des grands projets, des grandes ambitions, mais nous manquons terriblement de courage pour mettre réellement en œuvre ce que supposent ces concepts. Incarner des valeurs, entretenir un rapport spirituel au monde, aux choses et aux êtres, assumer un devenir révolutionnaire individuel, voilà qui nécessite un vrai courage. Non pas de la témérité, mais du courage, à commencer par le courage d’affronter ses propres faiblesses et ses propres mensonges.
N’avoir aucun espoir mais ne pas perdre courage, c’est pour moi assumer la difficulté et l’exigence de ne jamais se satisfaire d’une posture confortable. C’est remettre sans cesse son ouvrage sur le métier et œuvrer à l’ouverture permanente de nouvelles possibilités d’existence. En parole et en acte.

9. Si vous aviez un empire qu’en feriez-vous ?

J’avais répondu à cette question il y deux ans lors de notre entretien sur mon « Cahier d’Ubiquité » (Ed. Hermaphrodite - 2003) en vous disant que je n’aspirais pas à être Empereur ni à diriger les gens. Je n’ai pas changé d’avis, mais puisque vous insistez je veux bien jouer le jeu cette fois... Si j’avais un empire, je m’entourerais de personnes singulières, libres, épanouies, joyeuses, rayonnantes, en un mot vivantes et je demanderais à cette « équipe gouvernementale » de mobiliser autant que faire se peut les structures politiques, sociales et économiques de « mon Empire » (!) dans le but de permettre aux individus d’être aussi libres et vivants que leurs gouvernants. Je cesserais surtout de prendre les masses pour des imbéciles comme le fait la classe politique dans son ensemble aujourd’hui. Prendre le peuple pour des imbéciles transforme le peuple en imbéciles. Lui faire relativement confiance le rend intelligent.

Notons que pour travailler dans ce sens, il n’est nul besoin de posséder un empire. Chacun possède ses micro-empires, ses zones d’action, d’influence et de responsabilité. Le patron dans son entreprise, le cadre dans son service, le parent dans sa famille, le prof dans sa classe, l’ouvrier dans son usine... Chacun peut choisir d’entretenir l’ennui, la mort, la soumission et la domestication ou au contraire ouvrir et réouvrir sans cesse le champ des possibles et de la vie. Croire qu’il faut attendre d’être empereur, d’être au sommet de l’Etat ou un serviteur de l’Etat, pour faire quelque chose de valable est une posture typiquement bourgeoise. Les petits maniaques du pouvoir ne croient qu’aux « grandes mesures », aux « lois cadre » et aux décisions venues « d’en haut ». Je crois au contraire que l’essentiel s’est toujours joué dans les marges, les interstices... L’Etat arrive ensuite, toujours en retard de 50 ans au moins sur l’esprit des peuples, des artistes ou des penseurs pour s’approprier leur victoire et transformer leur pensée en mascarade. C’est dans le cœur des individus qu’un réel dépassement de l’esprit bourgeois est possible, pas dans un nouveau « système » hypothétique. « Là où il y a encore des peuples, il ne comprend pas l’Etat et le hait comme un mauvais œil (...) Ce n’est que là où finit l’Etat que commence l’homme qui n’est pas superflu », écrivait Nietzsche. Et il avait raison.

Si j’avais un empire, je ferais en sorte que les gens fassent beaucoup l’amour, quel que soit le sens que l’on donne à ce mot. « Le two-step devenant hymne national » comme le disait Tzara dans le Manifeste dada de 1918.

10. Par quoi désirez-vous terminer cet entretien cher Yann Kerninon ?

Peut-être par rien... On veut toujours terminer, résoudre et conclure. Il me semble au contraire urgent d’ouvrir. Les problèmes que nous avons soulevés dans cet entretien ne font que commencer... Et le désert n’a pas fini de croître. Donc : au travail !
Merci de votre accueil cher Frédéric.

Photographie de Benjamin Boccas

"Moyens d’accès au monde - Manuel de survie pour les temps désertiques", Yann Kerninon, Editions Le Bord de l’Eau, (2005)

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