Miguel Martinez-Lopez et sa Casbah de l’Oubli

Miguel Martinez-Lopez et sa Casbah de l'Oubli

En Février 1939, c’est la Retirada. Plus de 500000 républicains espagnols passent la frontière franco-espagnole au Perthus, et fuient ainsi la dictature franquiste. Ils seront alors interné dans les camps de concentration d’Argelès-sur-Mer ou Agde, stations balnéaires bien connues des banlieusards parisiens du mois d’Août ...
Au même moment plus de 20000 antifranquistes embarquent à Alicante (en Espagne) pour rejoindre l’Algérie, département français à cette époque.

Miguel Martinez-Lopez témoigne pour Le Mague de l’exil des réfugiés espagnol.

Acheter le livre CASBAH D’OUBLI

1- Cinq mots commençant par M vous définissant bien.

manifestant- matinal- mutualiste- militant-
méditerranéen

2- Pouvez-vous nous donner une définition du Mouvement Libertaire
Espagnol ?

Il s’agit d’un mouvement regroupant des
syndicalistes révolutionnaires et des anarchistes qui luttent pour
l’avénement du communisme libertaire ( une société où chaque individu
prendra ses affires en main, où l’autogestion sera à la base de
l’organisation sociale, à l’exclusion de tout parti politique, de toute
institution étatique, où toute hiérachie verticale aura été remplacée par
une strucutre horizontale fédérale ). Ce mouvement a réussi à mettre en
pratique ses théories au cours de la guerre civile espanole de 1936/39, en
mettant sur pied de multiples collectivités ( agricoles et industrielles ),
et en faisant la preuve qu’un autre monde était possible. Cette révolution
causant le plus grand tort au capitalisme et n’étant pas celle des
socialistes réformistes ni autoritaires, fut écrasée naturellement dans
l’uf.

3- Vous avez fui la répression de Franco pour un exil vers l’Algérie.
Par quoi avez-vous été le plus surpris dès votre arrivée dans ce pays,
département français à cette époque ?

Quand je suis arrivé en Algérie en mars 1939 j’étais
unenfant de huit ans.
Par la suite, ce qui m’a le plus surpris c’est le
cloisonnement des communautés et le mépris dans lequel les autoctones
étaient tenus par les "Européens", le racisme, en somme.

4- Les exilés libertaires espagnols ont-ils été très actifs dès leur
arrivée en Algérie ? Ont-ils été dispersés ? Se sont -ils organisés ?

Dès leur arrivée, ils ont été dispersés
dans des camps de concentration situés à la périphérie du désert. Des camps
disciplinaires où ils ont été traités comme des bagnards - une main-d’¦uvre
gratuite pour servir à la construction du transsaharien -. Ils ont aussitôt
réorganisé leurs organisations sociales dans le but de préparer leur retour
en Espagne ( un rêve qu’ils ne réaliseront pas ).

5- Miguel Martinez Lopez en 5 dates.

1931 : naissance - 1939 : exil en Algérie - 1965
 : regagne la Métropole française. - 1991 : Retraité de l’Education
Nationale.

2004 : publication de Casbah d’oubli.

6- Quels sont vos sentiments à propos de la guerre d’indépendance menée
par les Algériens ?

Je regrette que le peuple n’en ai pas
profité pour réaliser une révolution sociale, qu’il se soit contenté à
changer de maître, à remplacer une Algérie colonisée par une Algérie
algérienne.

7- Quel est le mot ou la citation qui vous hante constamment ?

" Si tu veux la paix, prépare-toi à vivre avec
tout le monde " - Antonio Machado.

8- Quel serait votre projet littéraire le plus fou ?

Ecrire l’histoire de tous le réfugiés politiques espagnols
de 1939 en Algérie.

9- Quel est votre peintre préféré ?

Picasso.

10- Les idées libertaires ne sont-elles selon vous qu’une utopie ?

Les idées libertaires sont tout à fait réalistes et
réalisables ( on l’a vu en Espagne en 1936/39 avec les collectivités ), à
condition de ne pas les étouffer dans l’¦uf, comme il a été dit plus haut.

11- Quelles sont vos drogues de prédilection ?

La poésie, la peinture, la sociologie

12- Que peut-on souhaiter à Miguel Martinez Lopez ? Un retour au pays ?

C’est fait . Je suis partout chez moi au milieu de mes
semblables.

13- Qu’êtes-vous devenu en 1962 lors de l’indépendance de la colonie
française ?

Je suis resté en Algérie pour servir à l’Education
Nationale au titre de la coopération jus’en 1965.

14- Quelles sont vos peurs ?

Que le libéralisme finisse par détruire l’humanité et la
terre qu’elle habite.

15- Par quoi souhaiteriez-vous terminer cet E-terview ?

Par un souhait : que l’intelligence de l’homme ait raison,
au bout du compte, de sa stupidité, de son égoïsme mesquin, de son manque de
solidarité.