Vignale au Salon du Livre de Arras

Vignale au Salon du Livre de Arras

Imaginez un extra-terrestre dans un lieu typiquement français. Un petit gars de l’autre planète dans le graillon et le militantisme prolétarien. Loin, très loin de la jet-set People, du Champagne bon marché et du manque de profondeur des blondes à fortes poitrines. Ariel Wizman dans un congré du parti socialiste ou encore Claire Castillon qui répondrait aux questions d’un journaliste de France 3 Moselle. Hé bien vous aurez à peu de chose près l’image de notre Fondateur bien aimé, Frédéric Vignale au Salon du livre d’Arras.


Vous l’auriez vu ce descendant de Gengis Khan avec sa coupe parfaite de mondain éclatant et son envie de briller au fronton de la ville arrageoise mélangé aux alter-mondialistes, aux jeunes gauchos qui ne sentent pas bons, car ils pensent que l’eau est polluée mais le génépis saint.

Il était là, à se promener hagard au milieu de cette foule, la juppi à la main, le verbe haut et coloré face à la réalité du marché. Il louvoyait de stands en stands, d’arguments en désinvolture. Proche de la mère, tâtant la fille, embobinant le père et trustant les prix d’interprétation pour un film sur la classe travailleuse.

Le seul copain qui lui restait (à part moi) : son téléphone portable, le moyen technique qui le reliait au monde des vivants, qui l’arrachait aux barbares du pavé chiches-kebabs.

Un mythe tombe. Mais le Fredéric reste ! celui, si attachant, qui peut engager la conversation avec n’importe qui, qui sait manger avec ses doigts et roter comme tout un chacun à la face du monde. Vulgaire, mais avec style.

Moi je l’aime bien hors contexte mon Frédo ! Mon copain de misère. Dans la marge il flotte aussi. Tiens on lui arrangerait la bouille il pourrait pointer à l’usine. Pas baltringue pour un sou, à bien regarder je me demande s’il n’aurait pas les côtés beaufs qu’on me prête à la Capitale.

Les cocasses et drôlesses qui pointent le petit doigt en eau quand ils dégustent le mousseux dans l’arrière salon d’un pseudo artiste sans futur et qui se déclament tour à tour de flatteuses insanités tout en disant du mal de ma gueule.

Lui, là sur la grand place du Salon du livre, dégagé de ses obligations de paraître, en arriverait même à tutoyer les primitifs au moindre « vous » et à employer la marque de retenu pour les « auteurs » dit de classe, ceux qu’il connaît, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout. Ceux dont il veut se faire des potes, des syndiqués à son amour-propre.

Mais pourtant, « Frédo l’anarchiste » comme on l’appelle maintenant est bien l’un des nôtres : les grattes misères, les gueulards du NON et les soiffards de la rue qui sourit.

C’est vers ça qu’il doit tendre, quitter l’envie de briller et aller à la Mine. Les mains sales et le désir d’aimer le peuple. On le vénérera comme le Ché Guevara de la ligne brisée sur papier kraft, et les poulbots de la liberté auront tant d’amour pour sa pomme qu’il fleurira dans un verger d’insoumis prolétaires.

Il pourra dire merde aux intello de la pointe Bic qui cachent leur manque de talent dans un apparat sordide et je le vois même arborer sur son épaule musclée un aigle d’Hell’s Angel avec Johnny en B.O.