L’été en pente chaotique

L'été en pente chaotique

Pour finir l’année, voici une simple histoire de couple, dépassée par l’urgence et qui hante l’extraordinaire imaginaire du pavé parisien...

- Déjà une heure, putain déjà une heure du matin, qu’est-ce que tu fous, on va être en retard !

- On va être en retard pour quoi ? Il n’y a plus rien à glander à cette heure-là. Merde, qu’est-ce que tu veux, dis moi, qu’est-ce que tu veux ?

- Peu importe, on va être en retard, t’es toujours à la bourre, pourquoi tu ne fais pas un effort, rien qu’une fois, si tu n’avais été ne serait-ce qu’une fois à l’heure, on en serait pas là !

- On en serait pas où ?

- J’en ai marre de tes questions, elles sont connes tes questions...

- Tu veux qu’on se quitte, c’est ça, qu’on se dise adieu, qu’on se promette de ne plus se revoir, dis-le, tu ne crois pas qu’on s’est fait assez de mal, jamais assez, hein... toujours plus, non ?

- Tu me brûles, tu ne sens pas que tu me brûles... Putain, on va être en retard !

- T’es obsédé ou quoi ? Je te parle de nous et tu me craches à la gueule que je te bousille pour ensuite reprendre comme si de rien n’était, j’en peux plus, là, je t’aime, moi... Combien de temps on a mis à se retrouver ? Combien, dis ?

- Je t’aime, tu le sais que je t’aime à en crever, que je ne pourrai plus jamais te quitter mais là, on a pas le temps, si ça se trouve, c’est déjà foutu !

- Tu continues, tu ne te lasses jamais, hein ? Moi aussi, je t’aime, bébé, ça me bouffe les entrailles, ça me dégueule dessus mais toi, tu t’en fous, tu peux me dire tout ce que tu veux, tu t’en fous... Tout ce qui t’intéresse, c’est eux, rien qu’eux, on va être en retard et alors ? Il n’y aura personne, il est déjà 1h20, on fait une pause, rien qu’une fois ? Tu me fais l’amour ? Oh oui, fais moi l’amour, cette nuit, j’ai envie, je te désire, c’est pas rien, alors, putain, alors ?

- Non, pas cette nuit, il faut que je les vois, c’est plus fort que moi, sans eux, je suis rien, un moins que rien...

- Je te quitte, mon salaud, trop, c’est trop, j’en crèverai mais je te quitte. C’était eux ou moi, tu n’as jamais compris, ça, je les hais, eux, je les hais... Je les hais autant que je t’aime, que je t’aimerai toujours, tu te souviendras ?

- Oui, je me souviendrai, moi aussi, je crèverai sans toi, trop besoin de tes seins, de ta bouche, de ton corps, moi aussi, je crèverai... Putain, je vais être en retard !

L’homme s’effondre, la femme part en pleurant... Bastille, rue de la Roquette, un mardi de juillet, déjà 1 heure 30 du matin, chaleur moite...