Vive le conformisme !

En bien des domaines le conformisme me plaît. Ses rituels immuables, ses lignes droites, ses angles formels me rassurent comme une oeuvre d’art aux traits de classicisme. Il est des valeurs sûres que seuls la vulgarité, le mauvais goût peuvent éclipser. De nos jours il est de bon ton de se dire "ANTICONFORMISTE". Et pour remplacer le conforme on met le difforme en se croyant un bel esprit...

N’importe quel prétendant à l’anticonformisme, au nom d’une originalité d’esprit qu’il n’a évidemment pas, révèle le pire de lui-même. Lisez donc les annonces passées par les hommes dans le "Nouvel-Observateur" : ils se disent tous anticonformistes. Galvaudé à outrance, ce mot ne signifie plus rien.

Il y a encore des hommes assez stupides et assez fortunés pour faire mettre dans une annonce du "Nouvel-Observateur" (où chaque lettre, chaque syllabe est facturée au prix fort) les mots "anticonformiste" ou "sympa" ! Quelle femme intelligence oserait répondre à ces annonces ineptes ? Et pourtant, les termes "anticonformistes" et "sympas" se monnayent couramment sur le juteux marché des annonces. Et qui de plus est dans le "Nouvel Observateur", un journal au lectorat prétendument cultivé...

L’important n’est pas de se montrer anticonformiste, ce qui prime, n’est-ce point la qualité de l’esprit, du propos, du coeur ?

Y a-t-il encore des honnêtes hommes de nos jours ? Ils veulent tous faire les artistes, ils singent les modèles d’esprit, ils prétendent au talent... Pas un n’aura l’humilité, la grandeur, la noblesse, le bon goût de se montrer simple.