La pensée sans pincettes

Je soumets à l’attention de mes chers lecteurs ces quelques textes écrits avec les mots vrais, ces mots qui au lieu de répandre le mensonge osent dire les choses sans voile, ne craignant pas de répandre la lumière crue, choquante de la Vérité. Par-delà les fausses politesses et les respects frelatés dus à ceux qui avec un révoltant cynisme nous manipulent depuis leurs fauteuils dorés, mes mots ont ceci d’admirable, c’est qu’ils ne s’édulcorent pas face à la réprobation inique de nos juges, de nos gouvernants, de nos papes dévoyés, bref de tous nos bandits couronnés, gonflés, gavés, repus d’injustices et couverts de noirceurs.

- La république des lâches -

Déplorons la commémoration de l’Armistice du 11 novembre 1918 symbolisant la tragédie des millions de lâches manipulés jusqu’à l’os qui se sont laissés mener entre 1914 et 1918 à la boucherie par la République et sont tombés aux champs de betteraves sans savoir pourquoi mais en bêlant en choeur, victimes de leur propre bêtise et de l’infinie bassesse de leurs chefs.

La France, patrie des Droit de l’Homme, au lieu de les porter au pinacle devrait au contraire rougir de la lâcheté de ses anciens combattants (aujourd’hui tous centenaires) coupables d’avoir obéi à des ordres criminels, absurdes. Nos patriotes, pourtant ardents défenseurs des Droits de l’Homme, ne craignent pas la contradiction en élevant les tueurs-bovins que sont les anciens combattants au rang de héros, alors que la guerre (surtout la "14-18"), est en soi un authentique crime contre l’Humanité, une atteinte profonde aux Droits de l’Homme.

Les trompettes ont retenti, les tranchées ne se sont toujours pas refermées dans les têtes, 86 ans après. La guerre et ceux qui la font, surtout la "14-18", n’ont rien de respectables. Sinistre mascarade que cette commémoration qui fait des lâches de la Guerre 1914-1918 des héros patriotes.

Raphaël Zacharie de Izarra

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- Aux bons petits patriotes -

MAUDITE SOIT LA GUERRE ! Et ayons pitié des patriotes du monde entier qui lui rendent hommage.

Je fais partie de ces mauvais citoyens qui haïssent la guerre et désacralisent ces pauvres combattants morts pour une idée inepte, ahurissante, pur produit de cervelles dénaturées par le MAL : le patriotisme.

Les anciens combattants que vous glorifiez tant ne sont pas respectables, même si cette vérité déplaît aux esprits arriérés conditionnés par les marchands de mort. Le patriotisme est une idée lucrative inventée par la marchands de canons. Les faiseurs de paix seuls sont respectables, et non pas les millions de lâches bovins honnêtes, pieux, sottement patriotes, incapables de dire NON devant l’horreur et préférant encore aller tuer leurs semblables plutôt que d’oser dire ce qu’ils pensent de la guerre et de ses hideurs.

Moi je suis vivant et j’ose dire haut et fort que la guerre (accompagnée de tous ses ornements mensongers) est une abomination totale. Mon héroïsme à moi, ô combien plus respectable que celui de vos combattants morts au nom du MAL, consiste à désacraliser en face votre plus cher panthéon. Je désacralise la guerre 14-18 sans crainte d’affronter la justice ou de perdre ma vie. C’est ce qui me distingue de ces lâches combattants et pauvres imbéciles convaincus de la mission sacrée de leurs baïonnettes, imprégnés de l’idée artificielle du devoir patriotique et qui ont préféré aller patauger dans la boue et le sang plutôt que dire NON.

Les anciens combattants de la guerre 1914-1918 ne furent que des hordes d’embrigadés que vous osez appeler "héros". Mais vous leur avez demandé leur avis à vos chers "héros" ? Savez-vous au moins ce qu’ils pensaient de leur foutue patrie, ceux à qui on a mis une baïonnette entre les mains et le canon sur la tempe pour être sûr qu’ils aillent à la boucherie ? Les avez-vous interrogés dans leurs tombes ces pauvres soldats victimes de leur bêtise et de l’ignominie de leurs dirigeants ? Vils récupérateurs de charognes que vous êtes ! Vous les odieux rendeurs d’hommages sagement endimanchés devant les Monuments aux Morts, vous l’avez connue cette satanée boue des tranchées pour oser chanter la Marseillaise devant des tas d’ossements recouverts de votre putain de drapeau tricolore ? Embrigadés jusqu’aux os, vous aussi...

Patriotes, je préfère encore vous déplaire et déshonorer la guerre plutôt que vous plaire en me mettant à son damné service.

Je vous ai scandalisés, vous les patriotes qui me lisez ? Quand des hommes se battent dans les tranchées et qu’ils se retrouvent pour le restant de leurs jours avec une gueule cassée, les petites contrariétés de patriotes offensés ne sont rien au regard de leur souffrance endurée. Vous, vous vous en remettrez ! Les hommes à la gueule cassée, qu’ils fussent français ou allemands, eux ne s’en sont jamais remis.

Patriotes offusqués, ayez s’il vous plaît un peu de décence envers les gueules cassées de toutes les guerres ! Mes outrages à moi ne sont rien. Les obus des tranchées ont fait infiniment plus de dégâts que mes mots. Réjouissez-vous de ne recevoir que ma plume à la figure : ça vous fera toujours moins de mal que de recevoir le fer meurtrier, mutilant, défigurant de ces joujoux maudits sortis des usines à mort entre 1914 et 1918 que vous glorifiez tant à travers vos hommages aux anciens combattants.

Patriotes qui m’avez lu jusqu’au bout, je vous souhaite tout de même des nuits paisibles, la conscience en paix.

Raphaël Zacharie de Izarra

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- Les vents de l’Histoire -

Certes, sans les Américains nous aurions été sous le joug nazi. C’est une évidence. Mais sans cette façon régressive que nous avons depuis le début de l’humanité d’appréhender la réalité et qui a façonné une pensée dominante aliénante, nous n’aurions pas eu besoin des Américains pour la bonne raison que le nazisme ne serait jamais apparu.

En prenant pour base les Américains libérateurs, on a l’habitude d’appréhender le problème sous l’angle du détail historique. Prenons plutôt le problème dans sa globalité, analysons les événements depuis leurs racines profondes. Nous ne devons pas notre liberté aux Américains : ce serait raisonner bien court. Les Américains libérateurs du joug nazi ne firent qu’humblement partie de l’ordre des choses mis en place de tout temps par les hommes. Ils sont la conséquence de notre monde multi-millénaire avec ses erreurs, ses succès, ses hasards, ses valeurs arbitraires, ses directions aléatoires.

Les nazis oppresseurs et les Américains libérateurs ne sont que les fruits de cet ordre du monde immémorial établi par notre mode de pensée, celui-là même qui nous fait parler en des termes porteurs de mêmes germes que nous dénonçons par ailleurs implicitement.

Le raisonnement consistant à prétendre que le pompier-pyromane nous sauve du feu est sot et bien trop bref. Selon cette logique, il faudrait plutôt remonter directement le cours des événements jusqu’à Adam et Ève pour les empêcher de croquer la pomme. Ce serait plus honnête intellectuellement et moins laborieux historiquement.

Inutile d’ailleurs de remonter aussi loin pour supprimer une des causes de l’incendie nazi. Si tel événement antérieur n’avait point eu lieu, tout un pan de l’histoire humaine aurait été avorté, le monde prenant alors une autre direction. Les Américains n’auraient plus été nos héros mais nos ennemis, qui sait ? Eux les nazis, les Allemands nos libérateurs.

On ne parle certes jamais des événements potentiels qui auraient fait des Américains, des Chinois ou des Malgaches nos plus irréductibles ennemis ou nos plus chers héros. Si nous acclamons les libérateurs américains aujourd’hui, c’est parce que nous n’acclamons pas les libérateurs en puissance que sont les Tanzaniens, les Coréens ou les Écossais. L’Histoire a fait que nous acclamons les Américains. Tout cela est parfaitement arbitraire. Et même pathétique : nous croyons être les acteurs de notre destinée mais ne sommes que les jouets des hasards des combinaisons historiques.

Pour en revenir à nos aimables Américains, raisonnons de la sorte : grâce à eux qui sont venus nous libérer il y a soixante ans, des couples se sont formés dans la tourmente de l’Histoire (qui ne se seraient jamais formés sans ces funestes événements), et de leurs unions sont nés des jeunes gens qui goûtent aujourd’hui à la liberté. Donc grâce aux Américains libérateurs, ces jeunes gens-là vivent libres... Certes. C’est oublier que pour pouvoir savourer la liberté, il faut avoir vu le jour. Or sans les Américains, ces jeunes d’aujourd’hui -issus des caprices de l’Histoire- qui leur sont si reconnaissants d’avoir contribué au fait qu’ils soient nés libres, sans les Américains disais-je, ces jeunes ne seraient de toute façon jamais nés... Non nés, par conséquent le problème de leur liberté ne se poserait plus, le serpent se mordant désespérément la queue. Heurs, infortunes et singularités des destins individuels découlant des drames des peuples...

Absurdités, bizarreries, paradoxes qui échappent aux pions de l’Histoire.

Ainsi les événements s’imbriquent les uns dans les autres, se font écho, se repoussent, s’annulent, se superposent, s’accumulent, se combinent entre eux, se font et se défont, parfois sans aucun rapport les uns avec les autres.

Ensuite on érige une solide morale sur des fissures, des socles bancals et, miracle de la transmutation des valeurs humaines, les pots cassés deviennent des bris glorieux. On raisonne avec le hasard tant qu’il est à notre avantage, nos valeurs se façonnent au gré des événements : le soldat américain du Débarquement a tout sauvé, tout libéré : le monde entier, les millénaires à venir, et même les âmes damnées. Il a apporté paix, civilisation, prospérité... Discours officiel relayé par les tambours assourdissants des détenteurs de vérités historiques.

Nos livres d’Histoire n’ont jamais été aussi rassurants, tranchés, lumineux !

Sommes-nous simplement les fruits de l’union de nos parents ou bien sommes-nous de manière plus complexe les fruits des hasards de l’Histoire du monde depuis ses débuts et qui ont fait que finalement nos géniteurs se sont croisés au vingtième siècle sur la surface du globe pour nous mettre au monde ? Réflexion parfaitement imbécile. Aussi imbécile que de prétendre que je suis libre grâce aux Américains. Étant né après la guerre de 39-45, je n’ai pas plus de rapport avec elle qu’avec les milliers d’autres événements antérieurs qui ont fait l’Histoire du monde et de l’Univers.

Je suis sur Terre parce que je suis sur Terre, indépendamment des aléas historiques ou politiques du monde. Point de vue délibérément plus philosophique qu’historique, cette facette de la vérité -laquelle est souvent confuse- en valant bien une autre, plus officielle et partiale... Je ne dois rien aux Américains. Pas plus que je ne dois ma présence sur Terre à ce quidam qui il a deux, trois, six ou trente siècles a fait se rencontrer tel et telle ancêtres mâle et femelle sans qui je ne serais jamais né un certain 6 décembre 1965... Les combinaisons historiques, sociales et plus humblement gestuelles -et même verbales- qui ont fait que chaque individu est apparu et à vécu sur Terre ou que des milliards d’autres individus ne sont jamais nés sont INFINIES. Sans l’apparition des nazis, et donc si les Américains n’avaient pas libéré notre pays, à qui tous ces fétus humains soumis aux vents de l’Histoire auraient cru devoir leur liberté ? Aux "libérateurs" précédents ayant participé à la grande Histoire de France ? Mais sans ces "libérateurs" précédents ? Et ainsi de suite...De même, l’on pourrait remonter des millénaires en arrière et désigner arbitrairement n’importe qui comme étant nos libérateurs ou nos oppresseurs. Le raisonnement serait aussi valable pour n’importe quel événement psychologiquement frappant de l’Histoire.

Je puis répondre à mes détracteurs avec cette même logique qui confère tant d’irresponsable assurance à leur discours que sans tel ou tel événement insignifiant ou majeur de la burlesque et déroutante Histoire du monde, le nazisme ne serait jamais apparu. Et que donc je pourrais faire l’apologie ou le procès de tel ou tel évènement ou pensée qui auraient favorisé ou contrecarré l’avenir de l’humanité dans un sens ou dans un autre, de la même manière qu’ils attribuent des lauriers aux Américains, à leurs yeux exclusifs artisans de notre liberté...

Croyez-vous d’ailleurs que les individus américains, simples soldats, seraient venus d’eux-mêmes se sacrifier pour nous libérer ? Les soldats, comme tous les soldats, n’ont fait qu’obéir à leur gouvernement. Et vous, allez-vous de votre propre chef libérer des opprimés à l’autre bout du monde ? Seulement si vos chefs vous y contraignent. Je ne vois pas où est l’héroïsme ni la grandeur d’âme là-dedans. Les libérateurs américains ne furent pas plus héroïques sur nos plages que les soldats allemands dans nos campagnes : ils furent simplement obéissants à leur gouvernement. Le reste n’est qu’interprétation de vainqueurs et embellissement de la réalité.

Pour élargir le débat, précisons que le soldat de métier devient soldat rarement par désir de défendre de belles causes, par altruisme, mais plus prosaïquement par l’attrait de la sécurité de l’emploi, par goût de l’aventure, du combat, et pourquoi pas de la guerre... Ou par quelque autre quelconque intérêt personnel secret plus ou moins avouable. Voire infâme.

Pensez que si le père de Napoléon avait bu un peu plus de vin un certain soir, l’histoire de l’Europe entière en aurait été durablement bouleversée. Démonstration implacable de mon raisonnement : il ne restait peut-être plus assez de vin chez les Napoléon, la servante ayant oublié d’approvisionner la maison ou le réparateur de roues qui devait dépanner la carriole du marchand de vin était malade. Résultat, Monsieur Napoléon n’a pas assez bu de cet excellent vin qui l’aurait assommé ce soir, comme à son habitude. Conséquence funeste pour le monde : il était encore en forme après s’être rabattu sur l’eau juste après la salade. Pour passer le temps et remplacer le vin manquant, il a donc eu l’idée d’engrosser Madame Napoléon, ce qui a eu pour effet direct de donner naissance neuf mois plus tard au petit Bonaparte, futur boucher industriel. Conclusion : la servante est responsable des carnages napoléoniens et nous ne serions pas en République actuellement, puisque c’est Napoléon qui a sauvé la République. A moins que ce ne fût l’obscur réparateur de roues de carrioles le vrai responsable.

Notre morale politique, nos sensibilités, modes de pensées découlent des conséquences de ce genre de minuscules événements qui se sont produits dans l’histoire du monde. Comique et effroyable !

On pourra rire de mon raisonnement ou en être offusqué, mais c’est pourtant ainsi que se fait l’Histoire. Une mouche se pose sur le nez d’un empereur, et la face du monde peut en être définitivement changée. Une goutte d’eau s’égare dans l’oeil d’un prince : des pyramides s’élèvent. Une pomme tombe sur la tête d’un certain Newton : nous découvrons la loi de la gravitation, et en conséquence les secrets des étoiles, les secrets de l’atome... Hiroshima et Nagasaki partent en fumée. Tout ça pour une pomme trop mûre tombée sur le crâne d’un homme. La faute au jardinier ?

Le nazisme est apparu dans notre monde. Dans ce monde-là. Les Américains également. C’est tragi-comique mais c’est ainsi. Il n’y a pas de morale à en tirer, les hommes en tirent quand même : ils célèbrent les libérateurs américains.

Permettez-moi de préférer voir les choses sous un angle moins étroit, et puisque nous sommes dans la même soupe, de faire la distinction entre le bouillon et les rondelles de carottes qui surnagent à la surface.

Raphaël Zacharie de Izarra

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- A mes détracteurs historiquement corrects -

(Réponse faite à mes divers détracteurs ayant répondu en privé ou en public avec les arguments sottement officiels au texte intitulé "Les vents de l’Histoire" :)

Visiblement mon discours vous a dépassé. Vous n’avez rien compris à mon propos qui n’est nullement de dénigrer les Américains (ni de faire de l’anti-américanisme primaire), mais plutôt de faire le procès de la pensée consistant à croire que ces derniers furent la solution à tous nos problèmes.

Je dis notamment que les libérateurs américains ne furent libérateurs que parce que le nazisme menaça le monde. Sans les nazis, plus de héros américains.

Je dis surtout que sans les conditions qui ont fait apparaître le bras armé du nazisme (sur-armement des peuples belliqueux, sacralisation des armées, industrie martiale à l’échelle mondiale), le Débarquement n’auraient pas eu lieu pour la raison que le monde ne se serait pas embrasé. Nous sommes TOUS responsables, simples citoyens comme dirigeants élus par ces derniers, des malheurs du monde.

Celui qui par coupable silence ou par docilité citoyenne finance indirectement les guerres avec l’argent de ses impôts (servant à la fabrication des armes, entre autres), celui qui par son vote élit des dictateurs, des coqs belliqueux ou des Ubu est responsable des malheurs du monde, responsable des guerres commises (qui par définition sont toutes des crimes contre l’Humanité), même si sa responsabilité se fait à une minuscule échelle.

La responsabilité du citoyen dit honnête, même lorsqu’elle est diluée dans la masse, est effective, réelle, concrète. Tous les citoyens libres et adultes sont responsables des injustices commises par leurs dirigeants. Commençons par cesser de sacraliser la guerre, de sacraliser les libérateurs américains (j’insiste lourdement : libérateurs et oppresseurs font partie du même jeu d’échec martial composant le monde), de sacraliser les morts au combat, de sacraliser la défense de la Patrie, même lorsqu’elle paraît juste, et cela contribuera a faire reculer guerres, injustices, bêtise mondiale, avec toutes les horreurs qui en découlent.

Le message pacifique est aussi simple que cela, même s’il est blessant pour certaines vanités. Même si la conquête de la paix offense la sensibilité des enfants de Mars faisant carrière dans l’Armée, même si elle ne ménage pas la susceptibilité de quelques guerriers convaincus, même si elle déshonore l’image de quelques millions de combattants tombés au "Champ d’Honneur" comme on dit, même si elle cabosse quelques statues bien boulonnées de nos temporels empires, ou encore qu’elle égratigne certains monuments trônant au bout de nos avenues... Quelle importance ?

La paix n’ayant pas de prix, elle doit triompher de toutes les autres valeurs martiales.

La remise en question de nos petites certitudes patriotiques ou le fait de maudire ouvertement la guerre et les monuments qui lui sont dédiés (comme je le fais ici) n’ont encore jamais tué personne, que je sache. Alors que la guerre quant à elle, est réellement mortifère : non seulement elle tue par millions, mais elle défigure, ampute, déchiquète, afflige, appauvrit terres et âmes, brûle peaux et consciences. La conquête de la paix vaut bien quelques froissements de médailles. La guerre a déjà fait beaucoup trop de victimes sur Terre pour qu’on continue à lui donner ce lustre qu’elle ne mérite pas.

Faisons sans vergogne reculer la guerre, et surtout par les moyens vexatoires ici initiés. De la même manière que les militaires s’adonnent sans scrupule au jeu martial, n’ayons pas de scrupule pour la cause qui nous est chère, nous les anti-militaristes : osons défendre nos aspirations humanistes. Changeons les règles du jeu mondial et historique : désacralisons les valeurs qui depuis des siècles ont semé la folie chez nos ancêtres au point d’aller patauger, se faire éventrer dans la boue des tranchées, entre autres actes d’héroïsme sinistres. Désacralisons ces valeurs, ces monuments, ces héros incarnant tant d’abominations.

Et tant pis pour les nostalgiques, les tenants de l’ordre archaïque, inique de ce monde.

Raphaël Zacharie de Izarra

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- Les vérités cachées -

Choisissons au hasard un jeune militaire d’une caserne quelconque de notre beau pays. Sortons-le du rang le temps d’une expérience. Au hasard, voyons... Disons... Celui-ci ! Bien, attardons-nous sur ce jeune patriote engagé dans l’Armée française en train de se préparer pour le grand défilé au moment où nous le désignons. Interrogeons-le sur les motivations profondes qui l’ont poussé à embrasser une carrière militaire. Rapportons ici son discours sans ambages, ni omission, ni ajout :

- " Je me suis engagé dans l’Armée française par idéal. Soucieux de la paix dans le monde, profondément altruiste et patriote de toutes mes forces, je suis fier de servir mon pays. Ma chère France qui n’a pas à rougir de son Histoire, je veux la défendre jusqu’à la dernière goutte de mon sang ! J’aime la France à en être malade, et souhaite tout donner pour elle s’il le faut. Je suis attentionné auprès d’elle comme un fils qui veille sur une vieille mère. Je veux que mes enfants soient fiers de moi parce que j’aurai servi la France. Je me suis engagé dans l’Armée française parce que j’ai le sens du sacrifice. Une flamme brûle en moi, et cette flamme s’appelle la France. Grandeur, honneur, Patrie ne sont pas de vains mots pour moi. Plutôt mourir que de faillir à mon devoir ! Vive la France, vive l’Armée française et honneur à nos héros tombés en son nom ! "

Discours sans surprise.

Précisons que ces raisons officielles ont été clamées d’une voix forte.

Nous allons à présent prêter une oreille plus attentive à la petite voix qui parle tout bas sous le crâne casqué et que l’on appellera très simplement la "voix de la vérité" ou "la petite voix cachée"... Reposons la même question à notre aimable sujet, décidément coopératif, en l’invitant cette fois à parler tout bas. Approchons-nous pour bien entendre car la voix se fait maintenant fluette :

- " Je me suis engagé dans l’Armée française parce que j’ai un petit sexe. Humilié depuis mon adolescence à cause de la taille de mon pénis, j’ai décidé de le remplacer par des canons, prothèses symboliques assez commodes, baumes pour mon honneur offensé de petit mâle primaire. J’ai bien essayé les grosses cylindrées en guise de substituts phalliques, mais les femmes ne sont pas si sottes et savent bien que la voiture ne fait pas l’homme. Alors j’ai opté pour l’Armée. Le prestige de l’uniforme me venge de ma brièveté pénienne. Mais pas totalement, bien sûr. Les canons longs des chars que je pilote quant à eux me confèrent puissance et vaillance, qualités qui me font défaut, l’acier des canons étant plus stable que ma chair molle. Mon petit sexe ayant fait de moi un impuissant, je cherche à travers mon engagement dans l’Armée française un sexe de remplacement. Je ne regrette rien car j’ai trouvé dans l’Armée un lieu où atténuer mes frustrations et les transformer même en jolie vitrine de respectabilité. Depuis que je suis dans l’Armée les femmes trouvent toujours que j’ai un petit sexe, mais étant donné que sous les drapeaux je suis devenu homosexuel elles ne peuvent plus me blesser. En revanche mes partenaires masculins de l’Armée, dûment homosexuels comme moi eux aussi, trouvent que j’ai un petit sexe, mais là c’est encore une autre histoire. "

Réintégrons notre sujet d’étude dans sa caserne sans omettre de le remercier pour son aimable participation à cette expérience. Maintenant prenons un autre sujet, toujours au hasard. Passons sur les raisons officielles de son engagement dans la carrière martiale. Interrogeons directement sa petite voix :

- " Je me suis engagé dans l’Armée française pour assouvir en toute quiétude mes instincts criminels. J’aime le sang. J’aime les combats, je suis un chasseur dans l’âme. Tout petit déjà j’adorais jouer à la guerre. J’ai trouvé dans l’Armée le moyen idéal de donner libre cours aux pulsions sanguinaires qui sommeillent en moi. Non seulement je suis payé pour m’amuser à tuer du gibier humain, mais en plus la nation m’est reconnaissante. Que demander de plus ? "

L’expérience est concluante. Remercions pour sa collaboration ce jeune homme qui s’en retourne à sa caserne...

Ne faites pas les offusqués mes chers lecteurs, vous savez pertinemment pour l’avoir vous-mêmes éprouvé au moins une fois dans votre vie que les vraies raisons qui font reluire les affaires de notre monde sont parfois inavouables. L’on voudra bien me pardonner d’avoir à travers ce texte au moins une fois, juste une fois, osé soulever le voile sournois des apparences.

Raphaël Zacharie de Izarra

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Lecteurs, prenez surtout mes textes comme des offenses à connotations ouvertement anti patriotiques, antimilitaristes, anti "héros de guerre". J’attaque les morts, les vivants, les léthargiques, les abrutis finis couverts de médailles, les durs d’oreille, les aveugles, bref : tous ceux que la vérité n’empêche pas de dormir mais que les éclats et les trompettes de la Vérité font réagir avec mauvaise humeur.

Mes mots les scandalisent, mais les millions de morts victimes de leur lâcheté bovine lors de la guerre 14-18 semblent ne pas trop déranger la digestion de ces ardents détracteurs... L’hypocrisie est une des choses les mieux partagées en ce monde me semble-t-il...

Avouons-le : je ne cache pas mon mépris. Au contraire je l’affiche en toutes lettres, et même en belles lettres. Soyez-en définitivement convaincus.

Je ne hais pas ces égarés que je conspue : tous victimes, eux aussi, de la sottise ambiante. Leur bêtise mérite l’infini respect de celui qui se sait supérieur.

Insulter les morts de la guerre 14-18 est bien peu de choses, un moindre mal en comparaison des crimes atroces qui pendant quatre ans se sont commis de part et d’autre dans les tranchées par simples, banals, ordinaires faits de guerre... Je préfère mille fois me rendre coupable d’offenses verbales envers les morts plutôt que me rendre coupable une seule fois de jets de grenades sur mes semblables vivants... La nuance ne se discute pas. Lors des guerres les hommes ne sont pour les chefs que de la vulgaire chair à canon, des chiffres, des pions sans âmes que l’on remplace quand ceux-ci sont brisés. L’offense faite à la chair, à la vie, est autrement plus grave que l’offense faite au symbole. Il est mille fois préférable de commettre des "crimes" de lèse-anciens combattants plutôt que de commettre des actes d’héroïsme sur des hommes vivants. A coup de bombes ou de lance-flammes, ceux-là. Et peu importent les raisons.

La vie d’un homme vaut infiniment plus qu’une frontière, que cet homme soit idiot du village ou bien pape. Les plus chères valeurs en ce monde devraient consister en la recherche infatiguable de la paix, de l’harmonie, de la justice et non en ce monstrueux, pathogène, stupide et méchant patriotisme. La guerre est le fait de ceux qui l’imaginent, la prévoient, la préparent, la calculent, la théorisent puis la font : marchands de canons, politiques, ouvriers d’usines d’armement gagnant leur pain sur le malheur du monde, etc.

Mes mots sont volontairement odieux. Infiniment plus odieuses sont ces guerres qui ont meurtri des peuples entiers ! Mon devoir est de caricaturer les outrances martiales pour les mieux combattre dans les esprits contaminés par toutes ces valeurs nuisibles, criminelles.

Déféquons sur tous les drapeaux du monde qui ont pris la couleur du sang. Par cet acte hautement scatologique, redonnons-leur une couleur digne de leurs véritables prétentions, qui ne s’élèvent pas plus haut que l’excrément.

Haut et fort, sous mon nom, en pleine lumière je persiste, signe, répète, grave sur la pourriture des soldats morts au combat ces mots immortels que vous avez lu. Mes détracteurs n’ont le monopole ni de la sottise ni de la mort : qu’ils aient au moins la pudeur de garder pour eux leur indignation. Provoquée soit par mes mots, soit par l’odeur insupportable des champs de bataille où gisent leurs chers héros. Je n’ignore pas que certaines vérités sont indigestes. Il faudra bien pourtant faire avaler cette dragée-là aux vivants qui commencent à oser regarder en face l’abîme de l’Histoire. Fût-ce au prix de leur repas peu patriotiquement régurgité face à l’horreur de la Vérité, car la Vérité se nomme aussi GUERRE, et qui osera devant les millions de veuves, d’orphelins, qui osera face aux trépassés, face à leurs cris vengeurs venus d’outre-tombe la trouver belle ?

La Vérité offense parfois durement. Elle n’en est que plus salutaire : elle peut réveiller vivants et morts. Ma gloire est de donner la nausée à ces hommes imbus d’honneurs martiaux et de cracher sans mesure sur la pourriture qu’ils adulent si chèrement, eux et leurs complices de crime contre l’humanité. N’oublions pas en effet que toute guerre est un crime contre l’humanité. C’est certes dur à entendre pour certains, je le conçois sans peine. Mais sans doute ces courageux imbéciles préfèreront-ils se boucher patriotiquement les oreilles sur les champs de bataille plutôt que d’entendre mes sentences, qui elles n’ont encore jamais tué quiconque... Pour ces héroïques singes en kaki le bruit des bombes serait-il plus doux que l’éclat de mes mots ? Notons en tous cas qu’ils n’éprouvent aucune honte à glorifier l’excrément.

Qu’on me laisse le soin de répandre la honte sur les mortsetles vivants sans honneur (tous les sots de ce monde, petits et grands, bons et mauvais, moustachus et imberbes, participant à guerre et à sa préparation) qui sous prétexte de patriotisme sèment le MAL.

Les morts de la guerre 14-18 ne sont des héros que par défaut, malgré eux. Cet héroïsme décrété par les manipulateurs demeurés (lâchement) vivants n’est rien d’autre que la carotte posthume qu’on offre aux sacrifiés pour mieux faire passer la pilule aux survivants. Il suffirait donc de mourrir sottement dans les tranchées pour devenir un héros ? Combien de pauvres types morts par bêtise ont été élevés au rang de héros, à ce compte-là ? Mensonge que cet héroïsme frelaté ! Le vrai héroïsme consiste en la construction de la paix, dans le fait de s’opposer à l’ignominie de la guerre. Par tous les moyens. En actes solitaires ou collectifs. Ou bien en paroles ou en écrits comme je le fais ici. Que savez-vous des soldats tombés dans la boue, vous mes détracteurs ? Parmi ceux que l’on appelle odieusement "héros", combien de pacifistes convaincus, d’antimilitaristes viscéraux, combien de salauds, combien de vertueux, combien de vicieux, combien de bandits, de saints, de poltrons, d’inconscients, de haineux, d’indifférents, d’égoïstes, d’altruistes, combien de corrompus, de petits, de grands ? Réduire les combattants de la Première Guerre Mondiale à de simples héros martiaux, quel incroyable manque de respect envers l’Humanité entière !

Du bétail humain que l’on pousse dans les tranchées, qu’est-ce que c’est ? Vous osez encore appeler ces soldats des héros, vous les patriotes ? La plupart des soldats se sont battus non par "héroïsme", mais par lâcheté, par peur, par abrutissement ou même, pourquoi pas, par pure perversité. Et si on leur avait demandé leur avis, vous croyez vraiment que les millions de soldats seraient tous partis à la guerre ? C’est leur faire insulte que de prétendre que ces hommes étaient des héros ! Pour vous il suffit donc de tomber sottement sous les balles pour devenir un héros ? Le premier imbécile venu peut faire l’affaire sur n’importe quel champ de bataille, vous savez...

Patriotes de tous pays, cessez de répandre le mensonge avec vos discours étatiques parfaitement imbéciles ! La vérité est plus nuancée que ces tableaux figés, artificiels, fabriqués de toutes pièces par vos assassins de dirigeants. J’aimerais que les morts de la guerre 14-18 reviennent et qu’ils disent aux vivants l’infamie des valeurs militaires, l’ignominie de leurs hommages rendus annuellement...

Que savez-vous de ces pauvres Emile, de ces humbles Gontran, de ces braves Eugène, de ces innocents Gustave, tombés à vingt, trente, quarante ans dans la boue des tranchées ? De simples appelés obligés de marcher, le canon sous la tempe... Pure abjection ! Nos grands manipulateurs couverts de médailles transforment vite ces pigeons d’hommes en héros ! Vaste mensonge que cet héroïsme orchestré par des porteurs de gants blancs pour qui les soldats ne sont que des pions sur leurs échiquiers diaboliques...

Appeler ces soldats des héros est un raccourci odieux qui nie la Vérité des victimes jusque dans le secret de leurs tombes.