Interview : Florian Zeller

Interview : Florian Zeller

Florian Zeller est apparu en un éclair de syntagmes comme un météorite nonchalant dans le petit milieu littéraire parisien avec un premier roman remarquable et remarqué.
C’est un être excessivement sensible et sincère qui répond à nos questions. Ses mots resteront-ils...
Un écrivain is born ?!!

1. Florian Zeller, il y a un peu plus d’un an vous fréquentiez le milieu
littéraire, ses coktails et ses soirées branchées en tant que spectateur et maintenant "vous en êtes" comme dit Sollers, les gens autour de vous ont-ils changé suite à vos succès récents ?

Peut-être un peu. Je surprends certaines personnes à me dire "bonjour".

2. Est-ce que c’est pas un peu énervant d’arriver avec un premier livre prometteur et d’être de suite comparé et "ghetoisé" ou gêné quand Beigbeder ou Durand vous présente comme un nouveau Françoise Sagan ?

Non, ça n’a rien d’énervant. Au contraire, c’est plutôt valorisant. Même si c’est réducteur et contestable. On est toujours comparé à d’autres écrivains d’une façon parfois fantaisiste. Mais pourquoi pas ?

3. En lisant les critiques sur vous, on s’aperçoit que votre physique est
presque plus commenté que vos mots, cela aussi cela doit être rageant non ?

Je n’ai pas eu le sentiment que mon "physique" ait été "presque plus
commenté" que mes mots. Pas du tout. Il y avait parfois ma photo, c’est
tout.

4. J’ai lu une critique sur Chronicart qui vous assassine, comment on vit-on la lecture de mots cruels à propos de son art ?

Mon livre n’a pas fait l’unanimité. En général, les petits journaux branchés n’ont pas aimé. Mais l’unanimité n’est pas un très bon critère qualitatif : il faut donc apprendre à déplaire. Et je dois dire qu’il est beaucoup plus facile d’apprendre à déplaire à Chronicart qu’au Monde ou qu’au Figaro. Mais
je ne m’en souviens pas précisément : si la critique n’avait pas été
complètement ridicule, je crois que je l’aurais lue une deuxième fois.

5. Est-ce facile pour un jeune auteur de faire la promo télé et presse de
son livre ?

Il y a bien entendu une grande réjouissance. Une grande brutalité aussi. Mais il faut accepter de se soumettre à des critiques.

6. Quelle est la réflexion la plus touchante qu’un lecteur a pu vous faire depuis la sortie de votre premier roman ?

Je ne sais pas. J’ai reçu des lettres qui m’ont véritablement ému.

7. Vous mettez quoi dans vos dédicaces ?

Pour les dédicaces, je manque cruellement d’imagination. Mais je m’adapte à la situation. Par exemple, s’il s’agit d’une lectrice, et qu’elle est belle...

8. Que faisiez-vous le 11 septembre 2001 ?

Top secret. Mais, autant vous le dire tout de suite, je n’ai rien à voir
avec tout ça...

9. Cela vous blesse quand on vous dit très talentueux mais encore un peu
courcircuité par vos modèles en littérature ?

On ne me l’a jamais dit.

10. Quelle est votre plus belle rencontre professionnelle ?

La plus belle, et la plus riche : la rencontre avec David Foenkinos qui est écrivain chez Gallimard (Inversion de l’idiotie). Il est devenu mon meilleur ami.

11. Je vous ai un peu observé dans le privé et je ne vous connais pas de
défaut, quel est donc votre vice caché ?

Il paraît qu’on écrit toujours pour cacher un secret... Dans la mesure où je compte continuer à écrire, je ne peux pas vous révéler mon vice...

12. Pourquoi avoir voulu devenir écrivain dans le pays de Jean-Marie
Messier et Le pen ?

Jocker.

13. Que pensez-vous des mégalo et des narcissiques ?

Qu’ils me ressemblent étrangement.

14. Avec qui vous confond-t’on dans la rue depuis votre accès à la
notoriété ?

Depuis mon accès à la notoriété, on ne me confond plus ! (cf la question
d’avant...)

15. Quel a été le déclic de "Neiges artificielles" ?

L’émotion devant cette phrase de Shakespeare : que devient la blancheur quand la neige a fondu ?

16. Pouvez-vous vous définir en 3 mots commençant par Z ?

Là, ça devient vraiment exigent... J’aurais dû écrire avec un pseudonyme.
Zézétique (qui signifie sceptique)
Zeuzère (papillon nocturne à ailes
blanches)
Zinzin (sans commentaire).

17. De Houellebecq, Beigbeder, Moix, Nicolas Rey, Rimbaud ou Sagan, du quel vous êtes-vous le plus proche artistiquement ?

La liste est courte... J’ai une passion pour Rimbaud. On m’a parfois comparé à Rey dans la presse "branchée". Je respecte beaucoup le travail de Moix.
Etc.

18. Vous sentez-vous dans un nouveau courant littéraire ou l’écriture est
un acte induviduel et personnel un peu égoïste ?

C’est davantage, pour moi, un acte individuel. Je ne vois pas vraiment de "courant" à proprement parler.

19. De quoi parlera votre deuxième livre ?

Je suis en train de le finir, mais je ne vois pas bien ce que je peux dire
dessus... Il est dans la continuité du regard que l’on peut déceler dans
Neiges Artificielles.

20. Qu’est-ce qui fait écrire Florian Zeller ?

La certitude étrange que le temps me manquera

(Photo de Sophie Hay)

(Photo de Sophie Hay)