Entière, ou la résilience de l’être, Florence Marsault, Éditions Humaine

Entière, ou la résilience de l'être, Florence Marsault, Éditions Humaine

C’est de prime abord un superbe livre-objet de très belle facture. Un grand format aéré sur un beau papier épais, impeccable au touché. L’ouvrage est illustré par des photographies de grande qualité de Fred Atlan. Une attention particulière a été portée à la maquette qui fait de ce livre, un objet luxueux. La mise en page est de très haut niveau également, il y a dans ce travail une grande exigence formelle et un amour de l’esthétique, une propension à toujours aller vers le Beau. Tout est à l’index, titres, bi-couleurs, découpage temporel en quatre temps, et mise en mots.

« Entière » est « un cri de liberté », l’auteure annonce la couleur dès l’incipit. Rien n’est tu, ni la souffrance, ni la douleur, ni l’aspect cathartique du livre comme un défi au passé. Résilience et partage sont les maitres-mots de cette entreprise poétique sans faux semblant qui s’exprime dans une belle sincérité, une mise à nu(e) et aussi et surtout un grand savoir-faire littéraire, une manière vraiment unique de dire vrai en utilisant, les vers, la prose ou la prose poétique. L’ auteure a été une grande lectrice avant d’écrire elle-même, elle a tous les codes et tous les talents de l’écrivain aguerri.
La Guerre est un thème omniprésent, la Guerre intérieure et aussi celle en Ukraine, c’est ce double combat de survie qu’exprime avec générosité, passion, altruisme, idéalisme et beaucoup de tact Florence Marsault.

Dans cette urgence l’auteure écrit et écrit encore pour la Résilience avec un grand R, pour l’histoire avec un petit h et l’Histoire avec un grand H. Un peu comme à la Baudelaire, les mots sont un refuge à la douleur omniprésente qui pèse tel un ciel bas et lourd comme un couvercle. Mais Florence Marsault sait aussi s’alléger et se libérer : « A cet instant encore j’affectionne l’insolence de l’abandon et la jouissance de la liberté ».
Duras, Kierkegaard, Spinoza, Simone de Beauvoir ou encore Zola l’accompagnent ainsi que sa grand-mère adorée Simone car son « sang de femme gorgé de courage coule dans (ses) veines ».
C’est un voyage doux et douloureux à la fois dans les méandres de l’introspection qui trouve un médium idéal dans l’écriture. On assiste à un livre qui s’écrit au fur et à mesure, à un laboratoire de la pensée combative, combattante, survivante et souvent attractive et originale.
Florence Marsault a du style, le mot juste. Il n’y en a aucune de trop, pas de fioriture, il y a quelque chose d’implacable dans sa manière d’évoquer ses questionnements propres, profonds et souvent universelles qui permettent de ranger ces écrits dans l’Art et jamais dans l’Art thérapie.
C’est un livre ambitieux, fait de littérature, de poésie, de philosophie et de beaucoup d’humanité.
Le texte « Jumelle » sur la douleur est un des passages les plus bouleversants du livre même si on est très souvent touché par la force de cette écriture si personnelle du début à la fin de l’oeuvre.

On n’a pas envie d’en dire plus pour ne pas spoiler cet écrin de mots qui est composé d’une multitude de voix et de silences. On ne peut qu’encourager le lecteur à s’aventurer dans ce monde parallèle d’une finesse et élégance rares, un monde dans le monde, un refuge qui a du sens, de la culture, de l’audace, de la consistance et qui dépassent les épreuves les plus cruelles de la vie.

Une très belle auteure ultra sensible et unique, à suivre de très près.

Pour commander le livre : https://www.florencemarsault.fr/librairie

Entière, ou la résilience de l’être, Florence Marsault, éditions Humaine, 120 pages.