1.Bonjour Nina peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore.

Je m’appelle Nina, j’ai 31 ans, et je suis née et je vis en région parisienne. Artiste danseuse et réalisatrice de mes propres clips, la danse a toujours été bien plus qu’une passion pour moi : elle a été mon premier amour et ma première véritable rencontre avec moi-même.

Comment est né ce projet ?

Tout a commencé en 2023, alors que j’écoutais tranquillement de la musique et découvrais de nouveaux artistes. Puis, cette musique est apparue. (A Message To Myself - Roo Panes).

Il y a des évidences qu’on ne peut ignorer. Dès la première note, j’ai su. Les images ont défilé en une fraction de seconde, et je me suis effondrée en larmes. Ce qui venait de se passer n’était pas une simple idée. C’était devenu une nécessité, un appel qui résonnait au plus profond de moi.

Quelques semaines plus tard, comme rien n’arrive par hasard je devais partir au Portugal avec mon cadreur. Immédiatement, tout s’est aligné : il fallait que je tourne là-bas. Les falaises, la roche rouge ocre, les couchers de soleil, la mer, l’horizon… Tout ce que j’avais vu dans mon esprit se trouvait là. Ni une ni deux, j’ai pris mon téléphone et je l’ai appelé. C’était décidé : nous allions faire ce clip.

Nous étions loin d’imaginer que nous allions créer des images aussi magiques. Et moi, j’étais encore plus loin de m’imaginer que ce clip allait changer ma vie. À vrai dire, je voyais cela comme un défi à relever. J’avais perdu mon grand-père quelques mois auparavant, et je n’avais pas dansé depuis. Mon corps et mes émotions étaient déconnectés, et je me sentais vulnérable, fermée.

Mais c’était acté : je devais me lancer. Je devais découvrir ce que cette aventure allait me révéler. Au début, je ne savais pas encore que ce projet allait devenir mon ode à la vie.

Où cela a été tourné et avec qui ?

Le clip a été tourné à Faro, dans l’Algarve, au Portugal. Ces décors étaient essentiels pour moi. J’ai toujours été profondément inspirée par les côtes rocheuses massives qui surplombent l’horizon : c’est, à mes yeux, la plus belle vue du monde. Ces paysages dégagent une énergie d’une puissance incroyable. Tout cela m’a propulsée à un autre niveau. C’était la première fois que je voyageais aussi loin pour tourner l’un de mes clips.

Ce lieu avait une signification encore plus forte car mes racines, du côté de ma maman, sont en partie portugaises. À travers ce projet, je voulais aussi rendre hommage à mes origines, à ma terre-mère. Pour ne jamais oublier d’où l’on vient, même quand on traverse le chaos.

Les images ont été capturées par Louis du Chatelle photographe et videaste. J’ai rencontré Louis en 2022, et nous nous sommes associés pour donner vie à mes idées. Ce clip est notre tout premier projet ensemble, réalisé un an après notre rencontre.

Je tiens à souligner l’exploit technique qu’a représenté ce projet pour Louis. Aucune chorégraphie n’avait été écrite en amont : tout le travail autour du mouvement était de l’improvisation. Louis m’a suivie dans mes élans, capturant avec une précision incroyable l’essence de ce que je voulais exprimer, sans savoir ce que j’allais faire la seconde d’après. Quand je regarde certains plans, j’ai presque l’impression qu’il a lu dans mes pensées.

Un projet aussi intime et précieux que celui-ci ne peut se faire qu’avec une personne en qui on a une confiance absolue. Louis a su créer un lien sincère avec moi, comprenant non seulement ma démarche artistique, mais aussi mon histoire de vie. Nous étions connectés dans notre sensibilité, et c’est ce qui a rendu ce projet possible.

Je tiens à le remercier encore pour son travail magistral, sa patience et son écoute. Sans lui, ce clip n’aurait jamais vu le jour tel qu’il est aujourd’hui.

Quel était le lien avec ton grand père à qui cette vidéo est dédiée ?

J’adorais mon grand-père, j’aimais tout ce qu’il était, tout ce qu’il irradiait. Il avait en lui cette lumière unique, que je reconnais aussi en moi. Nous nous ressemblions. En lui, je retrouvais une part de moi-même.

C’était un homme discret dans ses sentiments, mais sa présence parlait pour lui. Il portait quelque chose d’indéfinissable, une élégance simple qui le rendait si beau, si vrai. Il était doux, sensible, aimant à sa manière. Et bien que son amour fût silencieux, il était toujours là. Je savais que je pouvais compter sur lui, comme sur un pilier, prêt à me retenir si jamais je chutait.

Mon grand-père m’a offert une enfance marquée par des instants inoubliables, où j’ai pu explorer, rêver, et grandir en toute liberté. Il m’a transmis des valeurs précieuses, que je porte aujourd’hui avec fierté, aussi bien dans ma vie de femme que dans mon art.

Il m’a toujours encouragée à suivre mes rêves, à vivre sans retenue, parce qu’il savait, pour les avoir suivis lui-même, à quel point cela compte. Vers la fin de sa vie, il répétait souvent ces mots : "Vivez, mes enfants. Vivez."

Il aimait profondément la vie. Il trouvait de la richesse dans les choses simples et entretenait un lien unique avec les gens, les animaux, et la nature. Il connaissait tout le monde, et tout le monde le connaissait. Son rire éclatait à chaque rencontre, illuminant tout autour de lui.

La dernière fois que je l’ai vu, je ne voulais pas me l’avouer, mais au fond de moi, je le savais. Et lui aussi. Dans son regard, j’ai senti toute la force de cette vie que nous avions partagée, juste lui et moi. Je n’ai jamais osé lui dire "je t’aime", mais à ce moment-là, je lui ai tenu la main, et il m’a répondu avec un regard que je n’oublierai jamais. C’était la première et dernière fois.

Quand il est parti, ce fut un véritable choc. Même si ma famille et moi savions qu’il arrivait au bout de ses forces, on n’est jamais préparé à ce retrouver face à face avec la mort. Je l’ai vu, allongé sur son lit, paisible, comme s’il dormait. Cela m’a bouleversée. C’était la première fois que je faisais face à un deuil avec une véritable conscience de ce que signifie la mort.

En l’embrassant une dernière fois, je lui ai fait cette promesse : "Je danserai pour toi, papy. Je te le promets." Jamais je n’oublierai cet instant.

Aujourd’hui, deux ans plus tard, j’ai tenu ma promesse. Et en retour il m’a offert le plus beau des cadeaux : ma liberté. Ma vie, telle que je la choisis.

Quels messages sont véhiculés par ton art ?

Plus j’avance dans mon art, plus je ressens en moi ce besoin absolu de vérité.

Dire au monde qui je suis et le porter fièrement avec cœur et courage. Pour moi, danser, c’est oser se rendre vulnérable, authentique, se montrer nu face au monde, en défiant les codes, les attentes et les jugements de ce qui devrait ou ne devrait pas être. C’est un abandon de soi-même, un espace où le corps sait et où le silence écoute. C’est laisser jaillir, sans retenue, tout ce qui vit à l’intérieur. Peu importe à quoi cela ressemble, car tout est juste. Il n’y a rien de plus beau ni de plus libérateur que d’être pleinement soi.

Ce qui me porte avant tout, ce sont les émotions. Depuis toujours, je ressens le monde avec intensité. Chaque joie, chaque blessure, chaque espoir laisse en moi une empreinte profonde. Cette sensibilité, loin d’être un fardeau, est devenue ma force, mon langage, mon unicité. Elle m’habite comme une énergie que je ne peux expliquer. À travers la danse, je lui donne vie, je la transforme, je la transcende.

C’est ma manière d’aller au-delà des épreuves qui ont forgé ma vie, d’en faire mon deuil et de les sublimer, à travers un regard nouveau. Car pour moi, la beauté existe dans toute chose, même dans le chaos. Elle a ce pouvoir de révéler une lumière, touchée par la grâce, que rien ni personne ne peut altérer.

C’est là que naît la résilience. Si je devais retenir une seule chose qui me définit pleinement à travers mon art, ce serait cela. La résilience, cette capacité à transformer l’épreuve en force, le sombre en lumière. Je fais corps avec elle, et c’est une valeur que je suis fière de porté et qui possède un pouvoir extraordinaire.

Quels sont tes projets artistiques ?

Grâce à ce projet, une porte se ferme et une nouvelle s’ouvre. Pour l’instant, j’ai envie de porter au mieux mon message, de prendre le temps de vivre et de ressentir cette transition et tout ce qu’elle m’a apporté, de me retrouver avec moi-même sur ce nouveau chemin symbolique qui se trace devant moi. J’ai envie de voyager, d’explorer le monde et de me redécouvrir encore plus profondément, maintenant que j’ai trouvé la paix, celle qui me permet de déployer mes ailes.

Je souhaite continuer à écrire mes poèmes, à capturer le monde, et à me filmer en train de danser avec mon iPhone dans les plus beaux endroits de notre belle planète. Je sens qu’un nouveau chapitre s’ouvre, au-delà des frontières.

Je te laisse le mot de la fin.

Je voudrais prendre un moment pour exprimer ma gratitude envers ma famille, mes amis et mes collègues artistes qui m’ont soutenue et toujours crue en moi, car je n’y serais pas arrivée seule. Leur présence a été une source d’espoir et de force, surtout dans les moments où tout semblait s’effondrer. C’est dans ces instants de doute et de vulnérabilité que leur soutien est devenu mon ancre, ce qui m’a permis de garder foi en ce que je faisais et de persévérer.

Pour moi, remercier ces personnes est essentiel, car l’on n’arrive à rien tout seul. Chacun d’eux a apporté sa lumière, son énergie, son écoute, et m’a aidée à voir au-delà des obstacles. Leur amour et leur croyance en moi m’ont permis de franchir des étapes difficiles et de transformer mes peurs en force. J’ai la chance immense d’être entourée et portée par tant d’amour, et cela, je le sais, est un cadeau précieux que j’emporterai toujours avec moi.

Instagram @ninamilana_

Site internet : https://ninamilana.crd.co

Voir la video : https://www.youtube.com/watch?v=Fo418ITG4_c