« Paradis naturistes » le catalogue de l’expo du Mucem, je l’aime !

« Paradis naturistes » le catalogue de l'expo du Mucem, je l'aime !

Le naturisme sous son acceptation a évolué au cours de ses développements. De la cure d’air d’eau et de soleil en Suisse et en Allemagne et la révolte contre l’industrialisation, il s’est développé aussi en France en différents lieux chargés d’histoire. De par ses objectifs de vie engagée en accord avec son milieu naturel, le naturisme d’hier et d’aujourd’hui partage certains points communs d’actualité dans les luttes actuelles de l’écologie politique et d’égalité entre les sexes en bonne santé. Cet ouvrage embrasse, embrase toutes ces thématiques, serties de visuels d’époque et de qualités. Un pavé de connaissances des mouvements naturistes depuis des décennies, à mettre entre toutes les mains et les esprits éveillées, sans œillères, pour comprendre les ressorts des luttes du monde aujourd’hui.

La visite de l’expo du Mucem consacrée aux paradis naturistes m’a marquée dans les tripes, au point de vouloir vous conter, il était une fois quelques sensations bien marquées et décrypter à ma manière son catalogue.
Mais avant de commencer, si je ne m’abuse, Marseille se situe à l’autre bout du globe pour moi, qui réside dans le Médoc. Mon petit pays entre forêt estuaire et océan, soit dit en passant, a détrôné son député R’Haine !
Histoire d’être raccordé avec mon précédent article et ses allusions aux élections législatives du second tour, le jour de parution de mon article.
https://www.lemague.net/dyn/spip.php?article10437

(photo Franck dit Bart)

Mes déambulations ne m’ont pas menée en dehors des trois premiers arrondissements et forcément ma vision ne sera que parcellaire. J’ai adoré le métissage de tous les visages issus des contours de la Méditerranée, avenants et souriants, facilement envisageables à la parlotte. Charmée par cet accent chantant les voyelles, en plus prononcé que dans mon Sud-Ouest. Quel régal ! A part ceux fermés et voilés sous ce foutu chiffon qui emprisonne les femmes, celles sombrant dans l’ignorance et l’obéissance, ne connaissent pas le parcours révolutionnaire de la femmes libre et Kabyle : la Kahina ! Mon héroïne à laquelle j’aime bien me soustraire des moments agréables et historiques d’indépendance. A bon entendeur le Bartos, salut !

Mon séjour à Marseille fut des plus agréables sous un soleil radieux à me friser les poils. Ce serait sans compter sur la présence pointue d’une licorne qui me harcela dans les travées de l’expo devant témoins, lors de l’inauguration. Avec des intentions belliqueuses marquées, de s’en prendre au fondement même de mon intimité. A se jouer au méchant barbu lapidaire avec les gravillons qui peuplent le sol de l’esplanade du Mucem. Je vous laisse juge de ses propos et des maux qu’il a diffusés sur les réseaux sociaux !

(Bruno Saurez est président et fondateur de l’association naturiste phocéenne et membre de la FFN)

« Je dis aime », musique M, paroles sa mamie Andrée Chédid
Je dis Aime
Et je le sème
Sur ma planète
Je dis M
Comme un emblème
La haine je la jette
Je dis AIME, AIME, AIME
(extraits)

https://www.youtube.com/watch?v=6hV-UnrC9tU

Je referme cette parenthèse impressionniste et cuistre, pour me consacrer enfin au sujet de ma chronique : le catalogue de l’expo.

Physiquement, c’est un beau bébé de 240 pages, format A4, avec de nombreuses illustrations à bon escient en noir et blanc et en couleur, qui a accouché du travail collectif et complémentaire autour de l’équipe formée par Bernard Andrieu et David Lorenté (dont c’est l’anniversaire quand j’écris ces lignes), en collaboration avec le Mucem et Amélie Lavin, ainsi que les éditions de la Martinière. Ses nombreux parents du chérubin sont issus pour la plupart du sérail universitaire. Ils ont traité les multiples facettes de la nudité. Mais pas seulement, j’y reconnais la verve de Jeff, le président du Mouvement naturiste et d’autres signatures singulières et informées. Il faut sans cesse rajouter et rendre à César et Rosalie leur tribu, car sans les très nombreux préteurs, l’expo et encore moins le catalogue que j’ai entre les mains n’aurait pu prétendre à une naissance heureuse. Cette famille démesurée recomposée nous ouvre des chants de lecture à lire à haute et intelligible voix et même en chœur. Je vais tenter de vous en donner le la.


Hugo Höppener, dit Fidus, Lichtgebet [Prière à la lumière], vers 1900 Stiftung, Die neue Zeit, Suisse © AKG-images

L’ouvrage se compose de quatre parties qui correspondent aux étapes de l’expo. Il s’ouvre sur l’introduction de Bernard Andrieu illustrée par une photo de Christiane Lecocq nue âgée de 101 ans. Ce n’est certainement pas un hasard pardi, avec la volonté de Bernard Andrieu de vouloir déconstruire les images esthétiques des corps et rendre hommage à l’érosion naturelle des anatomies, dont je vous souhaite une digne existence, aussi épanouie, que Christiane nous offre en partage. Le livre se poursuit par l’évocation des histoires des naturismes, qui loin d’être figées se complètent. Il est question ici des pratiques thérapeutiques au XVIIIe siècle qui désignent les débuts du naturisme, avec les cures air eau soleil liées aux pharmacopées naturelles. A la recherche active d’un paradis originel perdu. Apparaissent au tournant du XXe siècle l’émergence des courants utopistes de rénovation sociale, surtout en Allemagne et Suisse, avec le Lebensform (la réforme de vie), mouvement d’opposition à l’industrialisation et l’urbanisation des existences. Particulièrement visible à Monte Verità dans le Tessin (Locarno en Suisse). Un joyeux cocktail de fraternité communautaire, libre pensée, franc-maçonnerie, théosophie, anarchie, artistes, danseurs, littérateurs, pacifistes, végétariens. Dont le militant anarchiste Erich Müsham rédigea un pamphlet mémorable, qui pourrait s’appliquer de nos jours à nos bobos végans ! Ce n’est pas dans l’ouvrage, c’est moi qui complète l’inventaire à la Prévert.

En contrepartie, dès avant 1914, des tenants de la race pure, avec la figure de Richard Ungewitter fondent une « loge nudiste » qui ne vise qu’à améliorer » la race allemande » selon son « élévation par sélection biologique » ! (P. 33)

Marc Cluet, spécialiste de l’histoire du naturisme en Allemagne, à laquelle il a consacré une thèse, évoque un illustrateur de loisirs nudistes et aquatiques qu’il considère comme un authentique protagoniste de la Lebensform.
Le naturisme et le mouvement ouvrier en France désignent la figure de l’anarchiste Louis Radix comme l’un des fondateurs en 1937 de la colonie végétalienne de Bascon (Aisne) (p.45). A ce sujet d’ailleurs, la riche bibliographie du catalogue se réfère à plusieurs ouvrages qui illustrent le courant de pensée naturiste et libertaire de cette période, à travers les naturiens et leurs expériences en actes de vie communautaires sociales touchant tous les tissus sociaux et politiques. Dommage, je trouve que lors de l’expo et dans le catalogue ils sont passés presque sous silence. De même, sauf erreur de ma part, « Vivre nu  » l’essai autobiographique de Margaux Cassan ne figure pas dans la bibliographie et je m’en étonne.

En revanche, dans les années 30, on retrouve le pédagogue Célestin Freinet militant pour une école nouvelle prolétarienne et naturiste, en tant que témoin radical de ses initiatives révolutionnaires à son époque. (p.47)

Les corps nus ne laissent pas indifférents les revues naturistes. Elles sont souvent victimes de la censure. (p.49 / 51) Au même titre que la célèbre sentence de Molière : cachez ce sein que je ne saurais voir. Même si une autre censure économique existe et frappe tout aussi durement. A tel point de faire taire la publication de la plus ancienne revue naturiste française de + 70 printemps : la Vie au Soleil. Avec l’extinction en même temps de voix singulières sur des sujets de société qui cassent le ronron habituel et relèvent le niveau de penser autrement le naturisme, comme un projet alternatif de société. Telles les plumes acérées de Bernard Andrieu ou du Bartos trempées dans l’encre des réflexions à des thématiques trop souvent absentes du registre naturiste, à lire au cours des derniers numéros. Dès lors, le monde naturiste se voue à la seule revue de propagande pour la FFN (fédération française de naturisme). Autrement dit c’est désormais la pensée unique qui règne sur la presse naturiste désormais si restreinte à la seule pratique familiale et hédoniste, apolitique à l’heure de l’apéro. Elle s’oriente en direction de de simples consommateurs passifs de nu en collectif et pour le bonheur de ses annonceurs. Ne répondant aux questionnements actuels des évolutions et retour à la morale, que d’un clavier décalé.

Autre son de cloche, heureusement l’exposition tout comme le catalogue démontrent au contraire, que le naturisme peut devenir un élément déclencheur d’initiatives politiques et culturelles d’émancipation.
Avec la partie qui argue les regards portés sur les corps nus. Les femmes colonisées dans leurs représentations photographiques sont un bon exemple. Ainsi, « De nombreuses sociétés acceptent la nudité partielle ou totale dans l’intimité ou dans l’espace public, en fonction de leurs normes culturelles et symboliques ou selon les caractéristiques environnementales » (Gilles Boëtsch anthropologue, p.69). Quitte à les rendre attrayantes au regard occidental qui se repait en fantasmes de sa supériorité sur elle.

Dans son article « Censure, Nudité et Pornographie », Bruno Py, professeur de droit privé et sciences criminelles à l’université de Lorraine, questionne la censure à propos de la notion de pudeur. «  La disparition du concept de bonnes mœurs s’accompagne paradoxalement d’une pénalisation et d’une juridiction croissante des rapports humains  ». (p.71) En ce qui concerne le naturisme et tel qu’il peut être ressenti, le nouveau code pénal de 1994 voudrait exclure la répression pour nudité publique et tolérer les personnes se livrant au naturisme uniquement dans des lieux fermés et aménagés à cet effet. Il n’empêche, «  Il reste que « le nudisme sauvage » pourra être éventuellement poursuivi en tant que délit d’exhibitionnisme ou sur le fondement de la violation d’un arrêté municipal interdisant cette pratique. En matière de nudité, tout est question de contexte : la justice peut relaxer une personne s’étant dénudée au bord d’une plage ou d’une piscine et sanctionner ce comportement dans un grand magasin un cimetière, ou un tribunal  ». (p.72)


Laurence Brun, fête du PSU à Meudon, 1973 © Laurence Brun / Gamma-Rapho

Parmi les nombreuses comparutions en justice jusqu’à des expertises psychiatriques dignes de la répression des anciens pays de l’ex bloc soviétique, je veux parler de la figure du militant naturiste André Masson, fière de sa condition. Elles prouvent que la messe est dite et variable à l’appréciation du contexte touchant un homme, qui se réclame de sa simple et naturelle liberté de vivre nu. De même pour Jeff, le président du Mouvement naturiste, à l’initiative de plusieurs manifs pacifistes et joyeuses à vélo pour le climat en France, la quasi-totalité interdites. Alors que «  Cette manifestation se déroule librement dans plus d’une trentaine de pays dans le monde, et plus de 300 villes, dont des capitales comme Londres où l’on peut compter jusqu’à 5000 participants  ». (p.209)

Les lieux naturistes ont éclos pour la pratique de cette activité entre les deux guerres. David Lorenté explique les nouveaux eldorados naturistes les enjeux à cette période charnière (p.113 / 115). Les théoriciens d’une médecine naturelle s’en donnent à cœur joie, avec une alimentation non transformée et peu carnée en suppléance d’un exercice physique régulier et le tour est joué. Ce sont souvent des toubibs qui pigent l’attrait pour ce mode de vie en accointance avec leur envie de vivre en bonne santé pour leurs patients. Les frères Durville au nombre de deux par leurs écrits reçoivent en retour une certaine renommée. L’appel au large de Paname d’abord et de loin on dirait une île les inspirent. Avec tout d’abord l’île rurale du Platais à Villennes sur Seine, qu’ils acquièrent en 1927 et qu’ils nomment Physiopolis. Puis comme l’a chanté Tino Roussi et son attrait pour la Méditerranée. Ils partent à l’abordage de l’île du pénitencier pour enfants et adolescents du Levant en 1931, qui renaitra de ses cendres pour devenir Héliopolis. David Lorenté qualifie leurs œuvres de salubrité publique comme des « bâtisseurs de leur temps (qui) puisent leur inspiration dans la philosophie rousseauiste, célébrant également la cité où se développe l’initiative personnelle, en opposition à la ville qui aliène la nature des hommes  ». (p.115)


André et Gaston Durville, Fais ton corps, Tome I, 1935 Éditions Naturisme Collection privée, photo © Yann Girault

Vivre sous la toile avec l’invention du camping en Angleterre, plutôt que de vivre dans les salles obscures pour se faire une toile, quand on commence à préférer la vie au grand air sous le ciel dégagé du Front populaire et des premiers congés payés. « Avec la massification du tourisme et le métissage des pratiques (auberge de jeunesse, campings naturisme, sports de plein air…) : les pionniers veulent préserver leurs privilèges – la liberté de circuler et de s’installer où ils souhaitent, de ne pas divulguer les endroits exceptionnels où ils plantent leurs tentes – et s’efforcent de faire front à l’avènement de l’hôtellerie de plein air qui multiplie tour-opérateurs et villages de vacances sous la tente ». (p.124)

Le bien né ardennais Kiénné de Mongeot (1897 / 1977) se distingue de ses « concurrents » à la conquête du petit monde naturiste. Lui qui dès 1927, contrairement à ses acolytes, adeptes du cache-sexe, promulgue la nudité intégrale dans un souci à la fois esthétique hygiénique et morale en ses termes.
«  Nous devrions vivre nus lorsque le climat, le lieu et les circonstances nous le permettent, parce que la nudité est salutaire à tout notre organisme, parce qu’elle fait partie du « Naturisme » dont l’observance des principes nous donne la pleine possession de toutes nos facultés physiques et mentales. (…) Si nous avons l’habitude de voir nos contemporains dans le plus simple appareil, l’attrait, la curiosité disparaitrait emportant avec lui le désir que l’amour seul ferait naitre. (…) Purifions notre âme et notre corps et nos gestes et nos actes seront purs. La nudité ne sera plus un prétexte de dépravation et nous pourrons profiter de ses innombrables bienfaits ». (P. 127 « Histoire du Sparta Club » par Bernard Andrieu)

Albert Lecocq (1905 / 1969), quant à lui dès le lever du jour ne voulant pas jouer au coq au vin de la chanson de Nougaro, règle son horloge biologique naturiste. Il se distingue de ses héritiers par son sens social à vouloir ouvrir les arcanes du naturisme aux classes populaires. Garant des bienfaits sous le soleil exactement qui lui ont redonné force et vigueur à l’enfant fragile qu’il était. Il se battra désormais toute sa vie pour cet idéal. Avec la création de la FFN (fédération française de naturisme) et la revue naturiste La vie au soleil dès l’après seconde guerre, il définissait son naturisme comme «  l’ensemble des préceptes qui orientent l’homme vers une vie naturelle  ». (P. 155 in « Le CHM de Montalivet » par Bernard Andrieu)

Nous en venons au chapitre vivre autrement qui clôt l’ouvrage. Où les différentes combinaisons à poil des pratiques du naturisme contemporain à un siècle d’écart tendent à défendre des valeurs écologiques et égalitaires entre les femmes et les hommes, quelle que soit son orientation sexuelle dans un grand partage d’expériences et expérimentations de mode de vie au naturel. Avec un engouement pour les médecines alternatives, les gourous du bio et de cette expression angliche du « body positiv », du corps positif en français. Elle caracole à l’acceptation de tous les corps, sans s’attacher aux conditions de vie sociales qui enclenchent les anatomies à se transformer et accuser leur érosion avant l’heure propice. Voulant nier de fait sous le slogan, à poil tout le monde est égal, que les naturistes ne partagent pas le théorème de lutte des classes pourtant inscrit dans nos gènes. Pour ce dernier point, c’est mon analyse, qui ne correspond pas du tout aux propos du livre, je vous rassure et se pose à un débat contradictoire.


Raphaël Chatelain, Nu dans les criques levantines, juin 2021 © Raphaël Chatelain

Autant l’historien Arnaud Baubérot dans sa contribution « Végétarisme et naturisme : entre médecine et réforme des modes de vie » s’appuie sur un système de valeurs qui était en vigueur dans le respect du vivant et la sauvegarde de l’environnement. Il passait par la perception du corps au sein d’une hygiène de vie pour vivre plus conformément avec les préceptes naturels. Des projets de régénération animent les milieux militants qu’il qualifie de «  végétaro-naturiste ». Avec en fer de lance la mouvance végétarienne qui se distingue. Et puis le glissement de terrain s’opère « Ce n’est qu’à partir des années 1950 que le terme de « naturisme » s’impose pour qualifier la nudité collective. Cependant que celle-ci se popularise sous la forme d’une activité de loisir progressivement intégrée à l’économie de tourisme de masse, le degré d’engagement individuel nécessaire à la pratique s’émousse. Le lien avec le projet de réforme des modes de vie et son association au régime végétarien se distendent, au profit d’un naturisme qui reste adossé à un idéal de vie saine et de relation harmonieuse avec la nature mais dans lequel domine désormais la dimension hédoniste  ». (p.188)

Nous entrons de plein pied dans ce que Julien Claudé-Pénégry nomme les « Naturismes contemporains et urbains ». (p.211 / 212). Avec l’avènement de la pratique du naturisme tolérée dès 2017 dans un périmètre de 7300 mètres carrés au bois de Vincennes. Comme s’il fallait en France imposer une pratique naturiste au public français pas du tout éduqué et pas prêt à l’accepter. Contrairement à nos voisins d’outre-Rhin où le mélange des genres entre naturistes et textiles dans les lieux de nature est passé dans les mœurs depuis très longtemps et est ressenti de façon naturelle. Puis, pour apporter sa pierre à l’édifice du naturisme, il propose même des activités avec des termes angliches et branchés du style « Beautiful » skin ». J’avoue que perplexe, je ne savais pas que durant leurs loisirs du repos du guerrier, les skins, diminutif de skinheads, pouvaient s’adonner à la danse à poil sur des rythmes binaires et artificiels et qui plus est, tendrement, sous prétexte je site Julien : « les vêtements, accessoires et téléphones portables seraient interdits  » (p.211) Attention à ne pas les confondre, il en existe deux sortes les fachos et les anars. A Berlin où j’ai vécu un mois dans le quartier de Kreutzberg qui était alors le bastion alternatif et turque, je savais les distinguer, les skins anars portaient des lacets rouges à leurs rangers.

Je retourne le volant et je suis à vous pour la suite et fin !


Michael von Graffenried, Joueuse de badminton, Die neue Zeit, Thielle, lac de Neuchâtel, Suisse, série « Naked in Paradise », août 2001 Tirage gélatino-argentique sur papier baryté Collection de l’artiste, courtesy Galerie Esther Woerdehoff, Paris © Collection de l’artiste / Courtesy Galery Esther Woerdehoff

Et pour finir en apothéose : « Ceci est politique : la nudité dans les pratiques militantes  » par Amélie Lavin. On laisse les hédonistes entre eux. Puisqu’au demeurant, ils ne sentent pas du tout concernés par les maux du monde. Intéressons-nous aux adamites, considérés comme les premiers naturistes par son auteure. Tout comme les turlupins médiévaux qu’elle compare aux hippies des années 70. Pour lesquels la sexualité est vécue comme naturelle. Plus près de nous, « Les années 1990 / 2000 autour de mouvements animalistes, écologistes et anarchistes fonctionnent selon une logique autre, celle du choc  ». (p.217) Le choc des images pour frapper l’opinion publique. «  Les corps nus entassés, uniformisés, semblent « s’asexualiser », tandis que le discours sur la nudité elle-même se fait volontiers moralisateur. Là où les nudités contre-culturelles répondent à une logique d’évidence. Voire d’effacement (la nudité pensée comme naturelle n’est pas quelque chose qui se donne à regarder, « elle ne voit plus »), ces nudités –là sont performatives, elles sont faites pour sauter aux yeux  ». (p.217) Comme pour la semi nudité des Femen. En montrant leurs seins à nu, elles cherchent à annuler la différence des sexes.

En tout état de cause, ce catalogue par la richesse de ses visuels et de ses textes vous saute aux mirettes, de tourner les pages pour en apprendre toujours d’avantage sur cette fabuleuse épopée des paradis naturistes d’hier et d’aujourd’hui. Pour demain, j’espère de tout cœur qu’il sera encore davantage révolutionnaire et qu’il résistera encore plus aux normes de récupération bien rodée du capitalisme, qui adore faire du fric sur les culs nus !

En cadeau pour vous lectrices et lecteurs, le lien de l’émission les midis de Culture du lundi 15 juillet 2022 : Expositions au Mucem : "Paradis naturistes" et "Méditerranées" avec comme invités Bernard Andrieu et Amélie Lavin sur France Culture, bien sûr !
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture/expositions-au-mucem-paradis-naturistes-et-mediterranees-3524859


Louis Boilley, Centre Hélio-marin de Montalivet, 1965 © Fonds Louis Boilley /Karel Oliviero : couverture du catalogue

Paradis naturistes / coédition Editions la Martinière / Editions du Mucem, sous la direction de Bernard Andrieu et Amélie Lavin / 28 juin 2024 / 19,5 x28,5 cm / 240 pages / 35 euros

Rappel : l’exposition Paradis naturistes est ouverte à tous les publics jusqu’au 9 décembre 2024