Changer les choses sans le vouloir n’a jamais rien changé !

Changer les choses sans le vouloir n'a jamais rien changé !

Un matin d’hiver dans la grande ville qui pourrait être n’importe quel matin dans n’importe quelle ville tant ce quotidien est tristement d’actualité.

Récit d’un monde à la dérive, ou d’un monde qui dérive depuis des décennies ?
Chaque jour qui passe, rien ne s’efface, mais leur « Une » ne se fait qu’au rythme des saisons. Nous entrons dans la période hivernale, la plus terrible diriez vous ? Ou plutôt la période de la mise en lumière de vies qui se meurent sous nos yeux ? A chaque arrivée de l’hiver le même constat, les mêmes discours, les mêmes « Unes » Ce qui pourrait faire oublier à certain que d’être sans-abri le reste de l’année n’est pas chose facile, voir juste un peu moins compliquée, et encore, comparer le moins pire dans le pire est impensable, et pourtant. Surtout rappeler que dormir dehors n’est absolument pas une normalité hiver comme été, et que toutes ses personnes qui pourraient être vous, moi, ou n’importe qui d’autres ont un vécu, une histoire, et que souvent il suffirait de les écouter et de leur parler. Des conditions extrêmes qui flirtent avec l’insurmontable, des vies perdues, des beaux discours aux mots inchangés, aux promesses jamais tenues, un monde à la dérive qui est voué au naufrage. Quelques belles âmes sensibles s’interrogent, soutiennent, aident avec leurs moyens même si ceci est loin d’être suffisant, cela reste vitale pour beaucoup. Un soutien petit ou grand est un soutien et très souvent cela peut sauver une vie.
Toutes les grandes phrases ont été écrites pour expliquer ceci ou cela, toutes les plus belles promesses ont été dites, mais fort de constater que sur le terrain le constat est bien plus triste. La réalité ne se trouve pas dans les textes mais sur le bitume, dans les faces à faces, le miroir de la vie touche encore certain d’entre vous, d’entre nous, et chaque mot échangé laisse entrevoir une lueur d’espoir.

Récit touchant d’un habitant un matin dans la capitale qui contrairement à beaucoup, quand il marche ouvre ses yeux sur les autres. Un regard est un premier pas, le dialogue suit, l’émotion est présente à chaque rencontre. La communication est un premier geste fort à la portée de tous, un soutien verbale peut paraître anodin pour beaucoup mais la réalité est tout autre, il suffit d’essayer.

« Lorsque je vais faire mes courses, je croise depuis quelques semaines une femme blonde à lunettes de 65 ans bien mise avec un sac de marque. Elle est assise toujours au même endroit. Elle ne demande rien au passant, a l’air normale la plupart du temps et puis d’un coup elle crie de manière violente et gesticule comme possédée par un démon. Aujourd’hui je me suis décidé à parler avec elle. Elle me dit qu’elle est sdf, mais de l’amour et qu’elle ne quémande pas d’argent mais de l’attention et de l’affection. Ensuite elle me dit qu’elle est écrivaine et qu’elle est à la fois la réincarnation de George Sand et de Ramses 2 ça dépend de la température. Ramses c’est plutôt l’été. Voilà voilà. Demain je vous parlerai de Jean-Louis qui a un fort accent algerien a toujours une bouteille de vin à la main mais n’est pas alcoolique, cite Jesus de Nazareth à chaque phrase, a 41 ans mais en fait 64. Je pourrais aussi parler de Tietienne 46 ans qui marche avec une canne a fait deux avc vit dans la rue depuis 16 ans n’a plus que son père de 85 ans qui ne peut plus prendre les transports pour venir le voir, qui voterait bien marine car il s’est fait agressé par des basanés et qui parle à tous les gens qu’il croise pour leur raconter sa vie de misère. Il fait froid aujourd’hui à Paris, et leurs malheurs ont encore plus de densité, je trouve. »