Rock n’roll for ever

Rock n'roll for ever

L’avenir appartient aux audacieux. Je veux changer et m’intégrer.
Marre de ces guerres qui monopolisent notre attention en ces périodes de fêtes. L’Ukraine divisé en guerre civile : on s’en fout ! Les compteurs qui s’affolent pour les jours de détention de ces deux blaireaux de journalistes enchristés en Irak : on s’en fout !

Je sais pas si vous avez remarqué la tendance du moment ? faire des articles, des reportages, des conférences, des thématiques sur le « bon vin et la bonne chaire ». Epoque oblige.

Si vous voulez exister dans la société actuelle, soyez donc le représentant tyrannique du « bien ». Susurrer des mots merveilleux à la première bouchée de foie gras du Périgord (Label Rouge) et prenez des airs de connaisseur en descendant un centilitre de rouquin en fut dans un verre spécial saveur (c’est de là qu’on reconnaît le connaisseur du ripailleur populaire qui se sert d’un ballon ou au goulot pour les plus actifs).

Le fin gourmet, grosso-merdo il a la quarantaine poivre et sel, la cinquantaine triomphante ou la décrépitude de la soixantaine, voilà les convives accueillis aux banquets. C’est en partie pour cela que je ne supporte pas les vieux et que je souhaite mourir jeune. Je ne me verrais pas en robe longue, toge en velours et casquette bouffante de la confrérie du Bourgogne aligoté. Avec ma bergère qui pleurerait car je serais intronisé grand chambellan du bouchon d’or, recevant l’écuelle qui traîne depuis des lustres dans la cuvette des chiottes.

Si j’en crois ces prétentieux du tout ripaille, pour rentrer dans la danse il faut s’enorgueillir d’une certaine connaissance culinaire, avoir un compte chèque des plus fournis (là même sans science : vous faites partie de la maison) ou travailler dans le raisin depuis 3 générations sans mettre de vinaigre pour terminer la recette. Alors je comprends que le français moyen il déprime après.

Toi, que je prends en exemple, t’es dans mon cas : t’es là, avec tes Chipsters dans ton canapé et tu t’imagines des choses ! Que reconnaître un vin au pifomètre et au jugé de tes papilles ça te donne de la respectabilité. Du cachet dans une société martienne. Que t’es pas foutu avec ton Coca de savoir s’il est light ou extra-vanille... bref : on t’explique que t’es qu’une bête qui mange pour survivre alors qu’eux dégustent.

T’as ton bas de jogging et ton tee-shirt « Kiss », tu te réchauffes d’une journée debout à renseigner tes clients (bien souvent de gros légats imbus de leur personne qui savent manger eux mais pas dire ni « merci », ni « excusez-moi » mais « vite » ou « schnell » pour les plus anciens) donc, ces gens pressés, te demandent des dénonciations (pour les plus anciens encore) ou des éclaircissements sur la merveille de Black et Decker pour les fêtes de Noël. Alors forcement le soir, tu t’avachis comme une chiffe molle devant ton plat Findus parce que tu n’as plus le courage de cuisiner et qu’en plus c’est chiant et pas forcement meilleur, tu visionnes d’un œil fatigué le journal télévisé qui t’en remet une couche sur l’écouillage de l’huître bretonne et enfin t’arrives à « Envoyé Très Special » où Roger et son tour de taille impressionnant, trimbalant son petit cubi de cholestérol, t’explique en chantant qu’il est un maître de la fourchette et qu’accompagner des champignons avec des frites c’est bon pour les béotiens.

Chez ces détenteurs du bon il y a un morpho-type qui correspond en son temps au petit représentant de commerce exilé dans la France profonde. C’est l’antique qui plaît à nos vies urbaines. La vièserie des enluminures, du cadre : souvent un château fort pour sacraliser le bazar. Deux trois people qui sont cons comme des barriques mais qui servent de produit d’appel (plus facile d’être là parce que vouloir rentrer à la Comédie Française c’est vraiment trop pénible) et le préfet de la région qui tombe toujours la veste lors de la dernière goulée.

Alors après tout, je me dis qu’il me faudrait faire trop d’efforts pour aller vers eux. Moi un Château Pétrus de 1974 c’est sympa à la descente mais faut pas lui trouver des airs de cannelles ou de bois sec parce que c’est pas vrai. Ok la Joconde me suit des yeux de n’importe où que je la mate (la cochonne) mais la différence entre le foie gras de Paris ou celui de Budapest c’est pipi de sansonnet pour faire survivre le petit commerçant français. De toute façon je n’ai encore qu’une Ford Fiesta et pas la berline qui suit, je ne sais pas faire de nœud de cravate et je suppute qu’ils doivent pas finir leur réunion de secte en chantant « Que je t’aime ». Je vois trop le méchant arriviste me soufflant ses relents d’ails, scrutant ma compagne d’un œil aviné, non décidément, je ne serai pas des leurs.

Je ne vais donc pas me mettre à bien boire, bien manger, devenir gros, claquer des doigts pour qu’on me serve, remplir des chèques pour une boutanche que je regarderais sans écluser. Ma collection moi je la liquide. Je ne priserai probablement jamais Saint Emilion et ses frères. Rock n’roll for ever. Be Carful : rock n’ roll canaille à la Miossec pas finir comme Monsieur Eddy avec mon cigare au coin de la lips bouffi d’avoir repris le catalogue des américains en yaourt. Je préfère largement la chanson « Mathilde » aux « Bourgeois » du grand Jacques. Si la roue tourne, y a fort à parier qu’on va faire tendance mes potes et moi dans un siècle, quand le chipster sera devenu un produit de luxe et qu’il sera de bon ton de priser pour montrer aux autres que nous avons du goût. Beurck.