Du rock à l’ukulélé, Ramon et ses virtuoses en concerts et en CD !

Du rock à l'ukulélé, Ramon et ses virtuoses en concerts et en CD !

L’ukulélé, ce n’est pas démodé. La preuve, la bande d’instrumentistes à Ramon a encore frappé à la porte du studio d’enregistrement pour massacrer 31 chefs d’œuvres du rock. Avec à la clé, les Stones, Lou Reed, Madonna, Kate Bush jusqu’aux Beatles, Prince consort… Le Café de la Danse, à deux reprises cet automne à Paname, accueillera ces joyeux drills au doigté sensible et à la voix onctueuse, pour vous ramoner les zygomatiques. Alors, ne boudez surtout pas votre plaisir. Comme disait le regretté Reiser : « On vit une époque formidable », pas vrai ?

Ramon, du coté obscur de chez Teuton Grammophon !
En période de la Covid acide, il faut croire que Ramon a raté sa piqûre de rappel. « T’es rock coco » comme le chantait Léo Ferré, ne le concerne plus. Il n’y a qu’à s’en rendre compte. A mater la couv de son nouveau CD, il n’y a pas un pli, il a viré sa cuti chez les classicos de chez Teuton Grammophon, du temps d’avant le bye bye vinyle. On y retrouve les tronches des 4 constipés musicos, avec la mêmes tenues craignos (noir c’est noir il n’y a plus de grand soir). La nuit à ne surtout pas les croiser au coin d’un bois, sinon gare au gorille. Tu vois le genre… Même étiquette jaune citron fanée qui squatte le haut de la pochette. Y’a pas un pli, une fois. Comme on dit en Belgique. En plus et là c’est plus du tout cathodique, il y a un zigue pas très net qui tient debout à la main un mixeur électrique, à la droite toute de Ramon. Il le menace d’explorer les circonvolutions de son Cerveau. Direct, on passe sans transition au doc si je Mabuse, à la visite de David Bovin à Berlin sur fond de Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée…. Au pied du mur.
Bon je m’égare en murmures baroques !

Avec une loupe pour être certaine de ne rater aucun détail, j’ai appliqué mes quinquets et ausculté la pochette. On retrouve la marque de fabrique de la galette noire et gaffe si « Mon topaze est en panne » et ne nous rajeunit pas. D’autant qu’il est précisé en tout petit, qu’il s’agit d’un objet d’écoute « monophonique surtout à fond ». Avec le titre du disque et sa mention, dans un mélange peu conforme, entre le latin et l’italien, comme il se doigte au sein de la musique savante : « Ukulelum Trucidatios ». Je me suis permise de le traduire grosso merdo par ukulélé massacré et sa version schpountz juste en dessous « Ein Musikstücke-Massaker ». Autrement dit, sauf contre-sens unique de ma part : une pièce de musiques massacrées. Quant aux instrumentistes qui meublent la pochette, j’ai déjà parlé de l’hurluberlu, Camille Saferis à l’extrême droite, la main accolée sur l’épaule de Ramon. Ce dernier pose fièrement son instrument. A sa gauche, C Jérôme va aux fraises, le manche tenu sous le menton. Puis enfin tout derrière, fier comme d’Artagnan apparait Sylvain Fusée qui exhibe, telle Kelly tombée en Grace, ce qui ressemblerait à un cor de chasse.
J’ai ensuite ouvert l’objet bizarre sur un triptyque qui affichait les musicos en juste au corps rouge sur fond noir très stendhalien, bichonnant leur instrument et affichant une tronche de crétins inspirés. On se serait cru presque au cœur d’une pub pour la fête de l’Huma commandée par Georges Marchais. En refermant l’objet zarbi, on retombe nez à nez avec Camille Saint-Saëns, eh non, Saferis, avec son mixeur blanc, sans grosse caisse ni cymbales, à battre les œufs en neige à toutes les saisons.

La 4 de couverture c’est la 4 de couverture, comme dans la célèbre chanson de Johny Audodo qu’illustre le film de Claude Hypermépropre
Dans mon élan, plus vraie que nature, je me suis précipitée au quatrième de couverture et la patatras, Tarzan la banane m’est tombée sur le râble. Et moi qui croyait que les galettes avaient seulement deux faces A et B. Ramon, pour ne pas s’enticher de la personnalité du commun des mortels a rajouté une troisième face C. Elle m’a franchement mise dans l’embarras. M’enfin ! Déjà que je tourne pas toujours très rond. Il veut m’emmêler les poils du pubis et me coiffer une tenue d’hiver, à force de travailler du chapeau pour piger de quoi il retourne de cette entourloupe. En plus, c’est pas logique, l’objet incriminé est de la taille d’un CD à deux faces et donc il en manquerait une. Ça sent l’arnaque à plein tube. Et pourtant quand le CD a tourné sur ma platine, il n’exposait qu’une seule face où les 31 morceaux étaient gravés. C’est de plus en plus compliqué pour moi de vivre en 2021 chez les humanos. Je crois qu’après le concert du 25 octobre où je serai présente, je vais retourner me dorer la pliure chez moi en Afrique où je suis née. Et pas sûr à la revoyure !

Bon, je me calme. Avant d’entamer les hostilités d’une écoute attentive pour moi qui ne connais que couic aux facéties de la musique classique. Ça me démangeait. J’ai tourné toutes les pages du livret. Y’avait les paroles des chansons en français, ouf ouf la touffe. Avec des portraits de musiciens célèbres où apparaissent leur blaze et une petite note personnelle, je suppose de la griffe de Ramon en personne. Vivaldi est taxé de « marchand des quatre saisons », Chopin de « préludiste » et j’en passe dans la liste. Et puis on parvient à un revirement inexpliqué en atteignant les rives du swing d’Art Tatum « piano jazz », Dizzy Gillespie « trompette et la casquette pied de poule »… Jusqu’à Yvette Horner « aérophone à air comprimé » et même Richard Clayderman « Piano minet ». J’en passe forcément que je ne connais pas. Si vous voulez tout savoir sans jamais avoir osé le demander, vous n’avez qu’à acheter son CD. Non mais sans dec ! Mon regard exercé fut attiré par une certaine Micheline Pneu, alias « trombone à glissière » qui ne manque pas d’air. Et là, je suis tombée baba, en accord parfait avec Ramon.
Ah ah ah ah, le zigue aime brouiller les pistes !

Mais, comme vous êtes censés le savoir, Ramon, depuis les Au bonheur des dames, puis le groupe Odeurs, n’aime pas jouer en solo. Il prend un malin plaisir à déconner et partager la multitude sonore avec ses aminches les musiciennes et musiciens. Outre les 4 compères déjà cités, sous la direction musicale de Vincent Chavagnac, se sont chavirés Brice Delage et Pierre Sangra qui ont leur mine en photo noir et blanc imprimée. Le quatuor Psoriasis, à force de se gratter la couenne a laissé place au quatuor Lallux Valgus et ses deux violons, un alto et un violoncelle, d’essence féminine. Dont forcément je reparlerai au cours des morceaux, tant leur talent transpire dans la zizique de Ramon et éblouit. A votre bon chœur, forcément la belle Clarabelle ne pouvait manquer à l’appel des voix, ainsi qu’Elisabeth Brasseur. Et pour donner encore plus de corps à cet album hommage à l’ukulélé, la basse d’Erwan Piriou, le vocal acidulé de Louison Gotkoski donne très envie d’être sa copine. J’avoue, j’ai vibré, vibré, pour qu’elle revienne la bombarde de Jean-Pierre Riou. Il offre une touche personnelle bretonne et se donne à l’ouvrage.

J’espère qu’après cette longue présentation de ce que peut m’évoquer ce nouvel opus de Ramon versus textuel, vous souhaitez, si je m’abuse connaitre mon ressenti à l’écoute des 31 morceaux choisis et tirés du répertoire anglo-saxon du rock au siècle dernier. Car, vous l’aurez compris, sous son stratagème mielleux du père tranquille qui aurait remisé au conditionnel de variété franchouillard sa Strato aux clous, le père Ramon garde chevillé au corps solide comme un roc, ses facultés intactes de déconnades joyeuses dont il a l’art depuis plusieurs décennies. Si je me le rappelle, fi des Au bonheur des dames, pour certains immortels morceaux de choix, pour déjà avoir ouvert le voie à la traduction pas tentée angliche / franchouille, de tubes (morceaux creux selon le père Boris Vian). Petit rappel des troupes, (« Remets ce disque » dixit le célèbre chanteur Ringo) il a posé carte sur table en 1992, le concept d’un un CD complet à son art consommé du plagia du rock anglais traduit entre les années 66 et 70. En compagnie cette fois de son acolyte Yves Hirschfeld, sur fond de grattes électriques appuyées à rythmer les décibels.
« Vienne le temps, sonne l’heure, les jours s’en vont, je demeure » (Apollinaire) pourrait s’imposer à Ramon, qui pour cet album a surtout titillé le manche de son ukulélé pas du tout branché sur le secteur.

« En avant la zizique » (Boris Vian)
« Si ce sont les vedettes qui lancent les chansons, ce sont les chansons qui font les vedettes » (Boris Vian). En partant de ce postulat ésotérique, il s’applique parfaitement au présent album de Ramon. Même si ce dernier a choisi la difficulté en s’inspirant d’artistes qui chantent en angliche. Si je vous égrène sans migraine les noms des Stones, Michael Jackson, Lou Reed, ACDC, Léonard Cohen, Eurytmics, Dylan, Vince Taylor, Bee Gees, Chuck Berry, Queen, Deep Purple, Bruce Springsteen, Kate Bush, Prince, Sting, Madonna, Tears of Fears, les Beatles, David Bowie, Prince, Eagles, The Who et forcément j’en oublie !
Ramon, qui a beaucoup lu Boris, s’est dit, si je m’approprie avec ma griffe personnelle les tubes, les grands succès et les hits des tenants du rock anglo saxon et que je les traduise en français, forcément ça va marcher et je deviendrai une vedette. CQFD. Comme vous le savez, forcément ses versions cartonnent sur tous les médias.
Parmi les 31 plages musicales, n’allez pas chercher sous les pavés les chansons originales dans leur intégrité. Ramon s’est contenté de surtout garder les thèmes, voire les refrains, que l’on reconnait à coup sûr aux premières mesures. C’est ce qu’il appelle ses « réductions pour ukulélé ». Avec en plus, à plusieurs reprises sa vision de son « Billie Jean » de Michael Jackson au souffle du kazou qui introduit et achève l’album. Comme si la boucle était bouclée. Mais la boucle n’est jamais bouclée avec l’infatigable Ramon, puisque que lors de ses deux concerts il annonce 41 morceaux sur scène, soit dix de plus que sur l’album. Il a commencé par « Les chefs d’œuvre du rock massacrés par nos soins » et est passé à l’étage supérieur en rajoutant devant « Les excellents ». Il s’est attaché à Vivaldi en multipliant les saisons, au même titre qu’un autre barbu qui touchait du bois partageait les viennoiseries. On peut les retrouver sur son face de bouc et sur sa chaîne YouTube.
https://www.youtube.com/channel/UCwYEIw8MxA5_HkGz-Uf7c4A
Contrairement à mes articles précédents consacrés aux œuvres de Ramon, cette fois, croulant sous le nombre, je ne pourrai pas vous égrener mes impressions pour les 31 morceaux. C’est alors que je me suis fiée presque au hasard pour vous en convier à quelque uns. D’autant que je les adore tous. Pas facile cet exercice de style qui m’est demandé !
Je vais commencer par le tube numéro dans les églises d’une actualité vibrante qui s’intitule « Retire ton doigt » inspirés par les Bites Gisent, qui a mis en boite plus d’uns. C’est l’histoire d’un gamin qui veut devenir chanteur mais sans toucher la croix de bois. En grandissant sa voix , c’était pas du caca , mais Barry Whyte, tu vois ? Mais pour atteindre le septième ciel des aigus, les curetons ont leurs méthodes exercées depuis des générations du style du refrain :
« Ah ah ah, retire ton doigt (x2) / Ah ah ah, c’est pas mon doigt (x2) / Ah ah ah, c’est pas ton doigt ? Comment ça ? « 

Camille est épatant et sait donner de la voix, il est parfait. On apprend l’anglais et la soutane.
Pour rester dans le registre culinaire, « Ah les nouilles » de Léonard Cohen, joue son accord parfait de l’eau qui bouille. On est pris d’un sens spirituel pour rejoindre le morceau précédent. On ressent dans la voix de Ramon un très grand respect pour l’auteur canadien.
Pour nous réveiller et nous imprimer « Les doux rêves » de la Lennox, ça commence très doux et Ramon s’écrit « mais c’est chiant » et commence le tempo au galop à en avaler certains mots.
On savait Ramon casanier parigot à gogo. Il lève le voile dans « Elle adore le rugby » (et surtout l’équipe de Paimpol en pole position) adapté des Beatles. Accompagné par l’incomparable quatuor déjà cité, très vite, dans la minute fatidique que dure le morceau, ça dérape en éclats de rires sordides et pire encore le cor de chasse s’époumone. C’est un véritable scandale !

Pour rester dans le registre celtique, « Johnny Bigouden », directement inspiré de Chuck Berry. Rien à dire, on est dans le registre rock, avec au refrain la gratte électrique de Chuck en coupure de jus qui par économie a racolé le kazou. Remarquez au passage le clin d’œil à Morlaix (et pas mord les), puisque les Bretons depuis Astérix sont des gens civilisés. Avec au moins deux personnalités fruits du terroir créatif qui hantent les rues et la renommée de cette cité. Je veux parler de la barde Brigitte Fontaine flanquée de son musicien Kabyle Areski. Comme quoi les Celtes et les Berbères partagent des affinités électives et culturelles et c’est tant mieux. La seconde personnalité, c’est Guy Darol, lui encyclopédie musicale comme Ramon des ziziques éclectiques. Il représente l’un des spécialistes de l’œuvre de Frank Zappa.
Ca rime avec « Bazooka » et un certain accent ruskof, qu’entonne Ramon et son artillerie lourde du côté de la Kate Bush. Très ressemblant autour de Kevin héros malgré lui qui voulait braquer la boulangerie près de chez lui.
Madonna se découvre « Comme une vierge », à lire dans le texte pour cesser les faux semblants autour du refrain, au risque de se confesser chez le cureton du coin :
« Une pucelle / Touchée pour la première fois / Comme un pu pu pucelle / Quand j’ai le beat en moi ».

Avec Loulou la Ride et son « Marche du côté sauvage », attention les oreilles ! La flute à bec qui clôt la chanson peut rappeler des mauvais souvenirs d’école élémentaire dans les aigus à vous casser les oreilles. Heureusement que les chœurs en la la qui précèdent rehaussent le thon, c’est bon.
Dans la continuité des esgourdes en à tenir presque deux minutes et scruter les nuages puisque selon Dylan revisité « La réponse est dans le vent », qui deviendra, j’en suis certaine le prochain hymne des bobos écolos, lors des prochaines élections pestilentielles.
Pour rester connecté, Fat Freddy en Queen entonne « J’veux passer chez free » revu et corrigé par Ramon en personne, à te casser les castagnettes au triangle. Olé.
Comme si vous ne le saviez pas, c’est dangereux, surtout à Montreux (Frank Zappa s’en est souvenu) de fumer sous le chapiteau, surtout si le Deep Purple se décline « En smok dans les waters ». Et c’est alors, pour cause de climat pas serein pour les poussins, le ukulélé vermifugé laissa place à sa grande sœur la gratte électrique.
Invariable charitable, on ne peut passer à côté de la pierre qui roule même si elle est stone sans son Charden et même pas en Normandie. Ramon invite à deux reprises les Stones. Une première fois avec « Star Myope » hommage à peine voilé à Stevie Wonder et Gilbert Montagné, d’ailleurs cités dans la chanson, à ne pas se voiler la face au plaisir de cette chanson.
Quant à « Mes sous », ça roule et ne leur jetez pas la pierre, ils ont du souffle au kazou accompagnés par les ukulélé. Ca guinche !

Je n’ai pas la force même contre une tonne de bananes bien mûres de vous présenter toutes les chansons, il y en a trop ! A vous de les découvrir en vidéos… Mais en CD c’est encore plus bath. Et pour les parigots têtes de veaux, les veinardes et les veinards, Ramon et compagnie sera sur scène les 25 octobre et 9 novembre à 20 h, comme d’hab au Café de la Danse.

Ramon, traducteur rock pas tenté de l’angliche au franchouille, avec forcément un bon grain d’humour bien à lui !
Pour celles et ceux qui causent anglais, vous aurez remarqué, le travail de la langue de Ramon, pas seulement par la voix mais aussi et surtout pour se creuser le ciboulot à trouver pour chaque titre de chanson en angliche son équivalent en français ou dans la thématique originale, c’est ce qu’on appelle des homonymies. Ainsi, pris en flagrant délit la main dans le sac (mais que fait la peau lisse ?). Tels « « Borgne dans les USA » du bon le Bruce et le truand Springsteen ou le Sting qui se pique à un « Massage dans un bordel », chanson à texte qui délivre un message dans une bouteille à la mer.
En tout cas, Ramon à lui tout seul aura réparé l’injure à la langue anglaise et son travail de sape, que l’éducation nationale depuis moult générations a dégénéré à l’encontre de ses collégiens et lycéens.
Il a inventé, non pas la méthode à Mimille à assimiler les saveurs et les finesses de la langue des Monty Pithon en traduction, mais la méthode à Ramon qui nous prouve, s’il était encore question, que le rock anglo saxon c’est de la gnognotte à se curer les carottes. Autrement dit, toutes les paroles des tubes du rock angliche que vous avez toujours voulu connaitre et comprendre dans votre langue maternelle, sans trop d’efforts. Ramon s’est colleté tout le boulot pour vous. A tel point de se demander, quel est l’intérêt d’écouter des chansons issues de l’Angleterre ou des Amériques, puisqu’en français, grâce à Ramon, ça a plus de sens et de consonnances et en plus c’est drôle plein d’humour et de dérision.
MERCI RAMON, votre nouveau prof d’anglais adoré, malgré lui !