Lyzane Potvin, le livre

Lyzane Potvin, le livre

Ce soir je suis allé à la librairie du Québec rue Gay-lussac à Paris pour me procurer le livre d’Art de Lyzane Potvin. Je vous encourage à la découvrir.

On pourrait croire Lyzane Potvin faite de chair et de peinture. L’illusion est presque parfaite. Tant et si bien qu’on ne saurait pas bien dire qui enfante l’autre ? Qui est qui ?
Serait-ce Lyzane qui créait de la peinture ou la peinture qui créait Lyzane, elle qui excelle dans son art ô combien maitrisé et favori de l’auto représentation ? Ou plutôt devrait-on à proprement parler d’autoportraits qui font corps avec la toile, avec force de propositions audacieuses. Mais là aussi il y a la même ambiguïté, Lyzane entre-t-elle dans la peinture pour devenir une autre, ou est-elle un personnage qui va en sortir comme par magie après avoir été enfermé depuis des temps immémoriaux et nous susurrer des mots tendres, cochons ou dépravés à l’oreille ?

La douleur est présente mais sublimée, « esthétisée », on frise les gouffres, les précipices, la douleur est mise en scène dans un jeu habile de pas (jamais) dupe. Lyzane Potvin est un corps et un esprit à l’unisson, cela donne une créatrice à l’énergie folle qui fait de son oeuvre un monde parallèle, juxtaposé au monde des morts vivants, elle est sur-vivante. La douleur se fait manger, happer par le travail gargantuesque.

Voici la vision lucide en représentations inspirées d’un monde misogyne qui ne permet pas toujours aux femmes d’être elles-même dans la vraie vie à cause des codes sociaux, du patriarcat et son florilège de violences. Alors Lyzane Potvin s’empare de la toile et la triture, la malmène et elle combat avec tous les éléments, chaque tableau d’art est un tableau de vie, une étape de jubilation et de folie mêlées. La peinture est le champ des possibles, la peinture permet toutes les audaces et les impudeurs. Lyzane agite ses pinceaux, rajoute photos, cartons ou autres objets ou corps étrangers et elle dessine avec talent le lien, elle fait s’interpénétrer les mondes.
Peu importe finalement les thématiques même si elles sont souvent pertinentes car ce qui compte c’est le fil conducteur, une artiste en luttes sociales, identitaires et intimes perpétuelles qui redouble d’efforts pour crier ses idées, ses envies, ses bonheurs, ses peurs ou ses drames.

Toujours il y a dualité chez Lyze, la part féminine et Ane, celle masculine fassent oeuvre commune et trouvent un bel équilibre, celui qui rend l’Oeuvre visible, identifiable et admirable, celui qui fait que l’histoire continue, qu’il n’y a jamais de black-out.

Nous sommes bien là dans un travail Historique avec un grand H qui mixe avec frénésie la Grande histoire des hommes - et des femmes et celle de Lyzane Potvin, celle qui créait une esthétique du Beau même maculée de rouge, de bleu ou de noir. Rien n’est simplement tache, coulure ou salissure, rien n’est léger ou inconséquent, tout a du sens, en mille couches ou épidermes, tout est profond, agité du bocal, et ce mouvement nous prend pour ne jamais plus nous lâcher.

Une fois, entrés dans l’univers pictural de Lyzane Potvin nous ne savons plus en sortir, il nous hante, il s’accroche à notre propre vécu et continuera longtemps à l’accompagner.

https://lyzanepotvin.org