Solidagité, l’interview

Solidagité, l'interview

Groupe de punk rauque formé à Montpellier fin 2004. Après divers changements, et une démo parue en 2008, le groupe se stabilise autour de Pat, Bastien, Gab et Ratboy.
Leur son punk au chant rocailleux se construit autour d’une guitare lourde et abrasive, d’une batterie mate, péchue, rapide, et d’une basse clinquante et présente.
En restant simple et efficace, Solidagité se trouve à la croisée d’influences punk, hardcore, oï, métal pour appuyer des textes souvent aussi noirs qu’engagés.
Après une démo CD en 2006, c’est en 2010 que sort le premier album CD "Une dose de Rock’n’roll ", suivra en 2015 le second en LP+CD "Tribute à la tribu".
Radicalement antifasciste - Nazis skins, apolitiks, punks ambigus FUCK OFF !!!

Groupe de punk pur souche, qui aime la scène, le partage, la sueur et les pogos.
Je suis tombé sur leur univers musical et j’en suis ressorti conquis. 17 années à chanter leurs idées, leur vision de la vie, du partage et des injustices. Très peu d’album a leur actif leur truc à eux c’est bel et bien là scène.

« A nous de rassembler et de crier unité
Ensemble faire plier nos ennemis jurés
A nous de ne pas flancher garder le poing levé, pour nous débarrasser de l’ennemi juré... » extrait d’une de leurs chansons, des convictions, des idées, ce groupe est fidel à ses principes depuis ses débuts en 2004 et n’a jamais failli.

Cohérences et Contradictions, Soyez Maudit, Une Dose de Rock’n’Roll, Salut Patron, Assez.....quelques titres de chansons qui font partie de leurs compositions. J’ai voulu aller à la rencontre de ce groupe, les interviewer et surtout le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas encore.
Leurs réponses sont d’une sincérité absolue, une très grande émotion en ressort, une profonde nostalgie et malheureusement un clap de fin annoncé dont la crise sanitaire pourrai avoir eu raison.

Pour ceux qui vous découvrirai à travers cette interview, pouvez vous nous en dire plus sur « Solidagité » ?

Pat : Bien plus qu’un groupe ! Avec nos délires, nos engagements, nos envies et nos différences qui ont fait la richesse de nos partages.
Solidagité a toujours été un groupe où tout le monde participe à la création, que ce soit sur la partie musicale ou dans l’écriture. Il n’y a pas réellement de leader, on fonctionne plus comme un collectif où chacun apporte ce qu’il a pour faire avancer le groupe.

Bastien : Le deal lorsque j’ai rencontré Pat et Titou quand nous avons fondé le groupe (Titou était le 1er batteur) c’était "disponible et motivé" pour faire de la musique "simple et efficace". Je pense qu’on est toujours sur ce créneau.
 
Gab : "Disponible et motivé ?" C’était la question quand le gratteu m’a contacté en 2006.
Puis y’avait de la lumière et à boire, j’ai amené à manger, alors je suis rentré.
J’ai rencontré le chanteur comme ça. On a trouvé notre batteur définitif deux ans après et là, ça a vraiment fait accélérer les choses, dans tous les sens.
C’était une belle histoire de potes, tous différents mais chacun à sa place pour les autres. On est devenu une famille, dans le même bateau pour un bon moment, puis bah les enfants grandissent...
Non c’est un peu triste mais on est dans la fin du groupe là, même si on a jamais eu de problèmes de fond, les projets divergent et on a choisi d’arrêter quand ça allait bien.
Ca me fout la rage parce que la fin du groupe pensée ensemble n’est pas possible avec ce putain de coronavirus.
Comment je vois Solidagité ? Attention ça va être subjectif, voire suggestif. Je vois Solidagité comme une recette. Une famille un peu véner, de la guitare qui tronçonne, de la voix qui décolle les tympans, et de la batterie qui te chaloupe avant de te propulser bien au fond de ta boîte squelettique.
Moi, bassiste, j’ajoutais un peu de gras et d’attaque pour que le mélange finisse par être salement énergique. Le genre de truc que tu écoutes en te demandant si il faudra laver les vitres tellement c’est gras.  
 
Ratboy : Alors je suis le petit dernier rentré dans Solid, j’ai remplacé Titou le batteur du début, en juillet 2008 (me dit-on dans l’oreillette) !... Je connaissais que Pat (et peut être déja un peu Bastien aussi, croisé en concert il me semble,...), c’est donc Pat qui m’a branché pour rejoindre le groupe. Aprés tant de temps à se cotoyer toutes les semaines pour les répets plus les concerts les w.ends, je crois que maintenant je les connais tous bien, et inversement !! Sinon, on a essayé de faire un groupe avec les influences de chacun, mais on avait un point commun, que ce soit efficace, et je suis pas mécontent du chemin parcouru ensemble ! Mais si musicalement on s’entendait, humainement ça n’aurait pas été possible si on avait eu des divergences de convictions, pourtant on a tous des caractères et une vie plus ou moins différente les uns des autres, comme quoi...
 

Vous avez une belle longévité mais très peu d’album, ceci est un choix personnel ?

Pat : 1 démo et 2 albums c’est peu, mais on a pas toujours été super efficace (hahahhaaha).
On a préféré passer plus de temps sur les morceaux et les maîtriser pour bien les envoyer sur scène.
 
Bastien :
Plusieurs facteurs à mon avis :
On a tous des activités à coté, et malgré notre volonté d’être "disponibles et motivés", les événements ont fait que c’est pas toujours une constante.
On arrive, en temps normal, à tenir une répète par semaine. Notre objectif étant de pouvoir jouer sur scène quand on nous appelle, nos répètes comprennent toujours tout ou une grosse partie du set. Comme on répète le soir, pour certains après le boulot ou une journée fatigante, on arrive pas toujours à laisser assez de temps pour de la construction de morceau, du coup, on avance par incrément, répète par répète. Les répètes dédiés à la composition, c’est pas la majorité.
Dernier facteur : on privilégie le live. On se dit pas "Enregistrons un album, créons 10 / 12 morceaux, enregistrons-les, puis faisons des concerts". C’est plutôt qu’on compose un morceau (après avoir juste trouvé un riff, une phrase, l’avoir fait en buff, l’oublier, s’en rappeler, ça peut prendre looooongtemps), qu’on le joue sur scène, et au moment où on se rend compte qu’on a assez de morceau jamais enregistré pour faire un album, on voit si on peut passer en studio.
 
Gab :Plutôt un état d’esprit je dirais... La longévité, ça on a pas trop décidé ensemble, mais les albums bah on est des branleurs pour composer je pense. On vit tous à des des rythmes différents. Même si on s’y mettait quand il le fallait, on est toujours resté assez laborieux pour composer. Je pense qu’on était tous dans le même esprit, grosse envie de jouer, d’envoyer de l’énergie sur scène, chacun à notre façon.
 
Ratboy : Comme trés bien dit par mes comparses (l’avantage de répondre en dernier !! ), assez branleurs pour composer oui... Peut-être trop ?... ahahhahaha

Des convictions sans failles, toujours au combat avec vos mots et votre musique, si vous comparez le monde de vos débuts (2004) et celui de maintenant (2021) vous en tirez quel bilan ?

Pat : Qu’il y a toujours plus de causes à défendre, que le combat n’est pas fini et que notre engagement n’a pas faibli avec les années, bien au contraire !
Ça ne se limite pas à la scène, c’est au quotidien et parfois dans des petites choses que tout le monde peut faire avancer les causes.
 
Bastien :
Drôle de question, car les convictions, je pense qu’on les a toujours eu, mais elles n’ont pas été exprimées dans notre musique dès le début.
Je me garderais bien de dire si c’est pire ou mieux, ça dépend de quoi on parle et surtout de qui. Ce que je vois, sans trop pousser la réflexion, c’est une intégration latente des idées et pratiques fascistes dans nos sociétés, même si on en voit pas toujours le tampon. Le niveau social du plus grand nombre qui s’abaisse et le capital de quelques uns est de plus en plus obscène, Une planète de plus en plus en rade. Ce qui rend optimiste, c’est que ce que je viens d’énoncer va passer pour une banalité pour beaucoup, et que l’idée que ça va être "nous ou le capitalisme" fait son chemin. Les socdem sont de moins en moins nombreux plus personne n’y croit au capitalisme amendable.
Malgré tout, ces dernières années, des insurrections ont fleuries un peu partout dans le monde, y compris en France (les Gilets Jaunes, par exemple). On va voir comment ça va se solder politiquement, mais tout n’est pas perdu.
 
Gab : C’est de pire en pire.
 
Ratboy : Il ya un truc important, l’intégrité ça s’appelle. C’est le truc que tu peux garder toute ta vie ou la perdre en un instant. Et ça c’est le plus important pour moi.
Avec qui, pour qui, comment, pourquoi ? C’est les questions qui font partie de la vie, dans un groupe et personnellement.
Bilan 2004/2021 ? "Demain c’est aujourd’hui en pire" disait Les Cadavres dans les années 90.
C’est exactement ça, tellement vrai. Le constat est amer... Mais il faut rien lâcher !

Comment vivez vous ce long arrêt sans scène ?

Pat : Ça manque terriblement.
Faire des kilomètres, rencontrer des gens, des groupes, des assos et partager des moments c’est ce qui nous a toujours motivé. C’est frustrant d’en être privé…
 
Bastien : Mal.
 
Gab : Personnellement j’ai du trouver un truc pour compenser, on habite tous plus ou moins pas à côté du local du batteur, donc pas trop simple en ce moment... Ce qui me manque le plus c’est la décharge d’énergie. Du coup je compense avec le sport. Je le vis avec un peu d’amertume que cela nous nique bien notre projet de finir en feu de joie. On a prévu d’enregistrer nos derniers nouveux morceaux depuis un an, et d’envoyer un poignée de concerts en mode chant du cygne, mais en plus vulgaire, noyé dans le gras de canard, puis là tout tombe doucement à l’eau.
 
Ratboy : Comme une impression d’impuissance, d’ailleurs c’est pas qu’une impression... La Covid c’est une chose, mais se retrouver a vivre en loi martiale et avec tout ce que ça comporte comme absurdités, ça devient plus que pesant... Plus de vie sociale ou presque, donc plus du tout de concert, c’est un gros vide quand ça fait partie de ta vie, de ton mode de vie...

Des projets pour 2021 ? Malgré le flou total sur une potentielle réouverture des événements ?

Pat : La vie est faite de renouvellement et de projet, nous sommes arrivés à une période de nos vies où nos chemins s’éloignent pour des raisons personnelles. Ceux qui ne nous empêchera pas d’entretenir ces liens tissés au long de toutes ces années.
On avait espéré une reprise des concerts pour faire quelques dernières dates, pour se faire plaisir et pour remercier le public et les amis qui nous ont soutenus toutes ces années et avec qui on a partagé tant de choses. Malheureusement la date prévue de fin du groupe ne nous permettra pas ce dernier « joyeux bordel »… A mon grand regret…
 
Bastien:C’est un peu compliqué, la vie étant ce qu’elle est, Solidagité envisageait sa fin, et une fin en beauté. Du coup, on aimerait enregistrer nos morceaux pas encore enregistré, et faire une paire de dernier concert… mais avec la pandémie, j’ai peur que ce soit pas possible.
 
 
Gab : L’inconnue la plus totale, un peu de déception de n’avoir pas su s’organiser mieux ensemble. On est tous différents, et un peu à des stades pas ou plus trop compatibles de nos vies. Et on est pas complètement proches géographiquement, du coup c’est pas simple en ce moment de faire converger 4 zicos pour clôre un groupe qui est dans le couloir de la mort. Même si les quatre zicos sourient, ça marche pas. C’est un peu amer, oui ça pique.
 
 
Ratboy : Depuis plus d’un an maintenant, on connaît plus d’annulations de concerts qu’autre chose...
Et comme vous l’aurez compris, en plus, on avait prévu une fin toute belle et bien intense avec Solidagité avec quelques derniers concerts pour finir dignement le groupe et pouvoir arrêter avec le sentiment d’avoir été au bout. Ca ne sera sûrement pas le cas.
Là ça aura un goût d’inachevé... Bon il faut quand même resté positif, on a écrit une belle histoire ensemble et personne ne pourra nous l’enlever. On a joué dans tous les coins de France, en Suisse, en Catalogne (Visca Catalunya lliure i força Barça !), en Belqique, on est parti en tournée au Mexique, puis en Equateur et en Colombie. On a aussi participé au Hardzazat Fest à Ouarzazate (Maroc) et à Mallorca au 1er Batuadeu Fest (MallorkAos !!). Ca fait pas mal de souvenirs partagés quand même pour un petit groupe. D’ailleurs je profite de l’occaz pour remercier mes acolytes pour tout ça, on s’est quand même bien marrés hein ?!! Mais aussi pour avoir eu l’intelligence d’arrêter le groupe quand c’était le moment, sans heurt, sans rancune les uns pour les autres comme ça se passe trés souvent à la fin d’un groupe. Les choses ont toujours une fin, et là, c’est la fin de Solidagité. Bon on a peut être l’espoir de faire une derniére date qui est prévue en juillet en Bretagne. Mais pour ça faut pouvoir répéter... Qui vivra, verra...
 
 
Un mot de la fin ? Un coup de cœur ? Un coup de gueule ?

Pat : Un coup de cœur pour moi !
Je voulais parler de tous ceux qui se sont bougé pour faire perdurer le lien avec la scène pendant cette période difficile. Que ce soit à travers les concerts pirates, les lives sur internet, les distros qui continuent à promouvoir les groupes, ou des interviews...
Merci à tous, ne lâchez rien !!!

Bastien : Ben, déjà, merci à celles et ceux qui nous invite à jouer et à nous exprimer dans des interviews !
Puis un gros message de soutien à celles et ceux dont les conditions se sont empirées avec cette crise. Toujours sur ce sujet, un gros coup de gueule pour cette gestion de la crise. En plus d’être inefficace, elle a attisé le feu des complotistes et autres antivaxx, avec une montée du confusionnisme, et on en avait pas besoin.
 
Gab : On dormira quand on sera morts ? J’ai toujours été celui qui dort tôt dans le groupe, mais je suis toujours pas mort. Et toujours levé du bon pied. Mais attention, en vieillissant on dort de moins en moins.
 
Ratboy : Merci pour nous avoir proposé cette itw, à ceux qui l’auront lu et à qui elle a plu, à ceux qui luttent pour plus d’égalité, plus de liberté, plus de tout ce qu’on nous enlève jour aprés jour, içi et partout ailleurs...
Bravo à ceux qui continue de faire vivre la scéne en ces temps incertains !
Solidagité est mort ! Vive Solidagité !!
 
 
 
Bastien / guitare
Pat / chant
Gab / basse
Ratboy / batterie

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