Le Mague

Art, Critique(s), Société

publicité

Roman

  • Le roman « La belle n'a pas sommeil » d'Eric Holder, nous tient en éveil ! Le roman « La belle n’a pas sommeil » d’Eric Holder, nous tient en éveil !
  • « La fille du 6E » sème son image en vidéos pornos et en carnage ! « La fille du 6E » sème son image en vidéos pornos et en carnage !
  • Rentrée littéraire : Eric Holder fait son marché à la Pointe du Médoc Rentrée littéraire : Eric Holder fait son marché à la Pointe du Médoc

Trois toubibs ... par François Xavier

Trois toubibs ...

Vous avez aimé La Vacation et La Maladie de Sachs (Livre Inter 1998) ?. Vous adorerez celui-ci qui n’est pas la suite mais l’avant. Comme Georges Lucas qui tourna d’abord la fin de la saga de Star Wars avant de nous proposer les premiers épisodes, Martin Winckler revient sur les années d’avant les deux premiers opus des aventures rocambolesques du docteur Sachs.

Sans doute parce qu’il a gagné en assurance, en reconnaissance ; sans doute aussi parce que rien ne change, si ce n’est en pire, Martin Winckler sort l’artillerie lourde pour régler ses comptes avec l’institution, la Faculté, les mandarins, etc. Le CHU n’est pas un havre de paix et de repos, n’est pas un espace dédié par excellence aux malades, loin s’en faut ! Le CHU est un laboratoire pour savant fou et laboratoires sans scrupules (mais à la recherche de ratios à deux chiffres), un tremplin pour médecin ambitieux, un corral pour règlements de comptes entre internes … sur le dos des malades. Il y a des femmes et des hommes d’exception, fort heureusement, mais ils sont si peu nombreux …

Souvenez-vous, Sachs avait quitté l’hôpital car il ne supportait plus les guerres de clan, le jeu de massacre entre services, la haine qui défigurait les internes, tout cela pour acquérir toujours plus de pouvoir au détriment des malades. Sachs a une autre conception de la médecine, de sa mission de salut public, de l’humanisme que tout médecin devrait défendre et apporter au secours du malade pour le soulager de ses maux, et en tout premier pour lui éviter la souffrance. Sachs avait eu des démêlés avec l’autorité à cause du fameux carnet à souches qui permet la délivrance de la morphine, il était l’un des médecins qui en consommait le plus, à tel point que d’aucun le soupçonnait de s’en injecter pour lui-même ou d’en faire le trafic …
La morphine. La douleur. Deux mots bannis des CHU. Les malades doivent souffrir, voilà encore le théorie surannée de la plupart des médecins. Mais la douleur n’a rien de rédempteur ni d’utile ! Or, un médecin ne se préoccupe que de sa carrière, de ses résultats, de ses notes … L’administration joue un grand rôle dans l’élaboration d’un système de valeurs qui n’a rien d’humain. La personne humaine passe au second plan, ce que Sachs ne peut supporter. C’est pour cela qu’il n’aura de cesse de sortir des grandes voies tracées par l’establishment et d’aller vers les autres, d’épouser non la gloire d’une carrière sous les lambris mais la médecine générale qui est proche des gens. Car on n’est pas médecin par hasard, il y a aussi une vocation qui doit se dessiner, une volonté qui doit s’affirmer ; être médecin c’est pour "répondre aux besoins de santé de la population, créer des unités sanitaires de base et soigner les individus dans leur environnement".

Voilà ce que Sachs va apprendre en entrant à la faculté de médecine de Tourmens à son retour d’Australie où il passa deux années à Canberra. Nous sommes en 1973, soit vingt ans avant La Maladie. Bruno, qui épouse la vocation de son père, le vieux Bram qui n’hésitait pas à aller accoucher les femmes démunies dans les quartiers les plus pauvres de la ville, va se lier d’amitié avec trois originaux qui seront de tous les coups, de toutes les fêtes. André Solal l’élégant amoureux des femmes, Basil Bloom le tonitruant antillais et Christophe Gray, l’aîné, qui l’emporteront dans leur tourbillon salutaire de vouloir révolutionner les mentalités. C’est l’époque de la remise en question de beaucoup de dogmes : la majorité abaissée, les femmes plus actives, l’IVG autorisée, la contraception légitimée …
C’est donc la période propice pour lancer l’idée d’une médecine plus humaine.

Avec toujours autant de talent et ce parti pris de faire parler tour à tour tous les protagonistes à chaque changement de courts chapitres, Martin Winckler donne à son livre un rythme tourbillonnant qui nous entraîne dans une ronde colorée où l’on passe du rire aux larmes, des frasques estudiantines au drame de la vie. Avec une touche de réalisme (l’histoire est entrecoupée d’articles, de témoignages, de notes scientifiques …) qui nous ancre dans le monde, l’on suit avec gourmandise la formation professionnelle des quatre mousquetaires en blouse blanche tout en ressentant un arrière goût salé dans la bouche : sous couvert d’une fiction Martin Winckler fait plus qu’égratigner ses compères : il dénonce le cynisme, l’appât du gain, le désintérêt du malade par ces grands pontes malfaisants qui ne s’acharnent qu’à gagner la course au poste : à qui la chaire, à qui l’agrégation.
Et ce n’est malheureusement pas les dernières déclarations, la semaine dernière à la télévision, du plus sénile d’entre eux qui, non content de nous montrer son allure décrépie qui prouve qu’il devrait au plus vite prendre sa retraite, nous imposa un discours d’un autre âge contre l’homéopathie sous prétexte de sauver la Sécurité Sociale, alors qu’il menait une guerre vieille de plus de trente ans, entre allopathes et homéopathes. Quand est-ce que nos gouvernants auront le courage de renvoyer ces mandarins insolents et incultes qui ne connaissent toujours pas le rôle des vitamines pour lutter contre les radicaux libres, l’effet salvateur de la thérapie des couleurs dans le traitement des grands brûlés, le résultat sans appel de l’ostéopathie alors que des escrocs osent encore vous vanter les infiltrations quand on sait les dégâts causés par les produits injectés, etc. etc. ? !
Quand on voit comment a été traité le professeur Beljinsky, et tant d’autres, qui avaient apporté des solutions aux grandes maladies de notre époque, et qui ont été dénigrés, attaqués, empêchés d’exercer tout simplement parcequ’ils osaient s’attaquer à la maladie par des chemins détournés qui ne passaient pas par le case Grands Laboratoires, on est excédé. Et il est bien que de temps en temps un tel livre paraisse pour rouvrir ce sempiternel débat …
Quand aurons-nous l’humilité de regarder ailleurs ce qui se pratique ? Comme, par exemple, en Chine, où la médecine préventive consiste à aller voir le médecin AVANT de tomber malade, lors de certaines phases critiques liées soit à l’âge, soit à la période de l’année, soit à une pathologie. Une visite préventive payante, et une visite gratuite lorsque vous êtes malade, car cela signifie que le médecin n’a pas été totalement efficace. Une autre manière d’aborder le sujet.

Martin Winckler, Les Trois Médecins, P.O.L, 2004, 524 p. - 21,90 euros

le 20/09/2004
Impression

Rubriques

À la Une | Archives | Arts | BD | Blog Actu | Chronique DVD | Cinéma | Coup de Cœur | Coup de Pique | Coup de Pompe | Culture | Dessin | Dessiné par Tastet | Documents | Ds Show | Écologie | Éditorial | Gens du Médoc | Gogol 1er | Incasable | Interviews | L’image | La revue de Presse | Littéraire | Musik | News | Où Sortir | People | Politik | Presse | Provok | Qui es-tu ? | R. Z. Izarra | Rumeurs Normandes | Sexy | Société | Sports | Tendances | TV | Vidéo | Zoom |

Liens

THIONVILLE | FREDERIC VIGNALE PHOTOGRAPHE | Hann Reverdy | Les Collages  | JmM | EDOUARDO | WART-ART | 11/9 | Marc Villemain | Impudique.net | Consanguins | Systaime.com | Lise-Marie Jaillant | Editions Maelstrom | CriticalSecret | Le Blog Melanpyge | Paris Loves me | Voyage | Blog de Phaco | Roma Leone | Newsring | La libre gazette | La mauvaise réputation | E-pat | Caroline Nedelec | Marie Dauphin | Sistoeurs | Merci Edgar | Victoire Terrasse Events | Juliette Savaete |

Le Mague

Les auteurs du MAGue | Keske le MAGue ? | En résumé | Tags | Brèves |
Boite postale : JOURNAL LE MAGUE - BP 40105 - 75463 PARIS CEDEX 10 - Ecrivez à la Rédaction Réalisation du site: www.virtubel.be