En rouge et noir...

En rouge et noir...

hmm...il semblerait que le rouge et le noir soit devenus très "tendances"
ces derniers temps...Il semblerait même que l’anarchie ait été remise
au goût du jour par une jeunesse fière d’être alternative et profondemment
révolutionnaire. Mais comment peut on encore parler de contre-culture
lorsque celle-ci se généralise au point d’être incontournalbe dans
la recherche de la "cool-attitude" ?

Comment qualifier ceux qui bradent
des idéologies en les détournant leur but, de leur fondements, pour
en faire de simples objets de consommations ?
Nombreux sont les drapeaux qui se lèvent lorsque le vent leur est
favorable, le noir n’y fait pas exception...L’anarcho-merchandising
fait rage dans les télé-achats de la révolutions et la protestation
militante semble être devenu le crédo de ces marchands d’images
qui surfent actuellement sur une mode en pleine explosion.
On est aujourd’hui en droit de s’interroger sur les bienfaits d’un
tel coup de pub (au sens strict du terme) pour des idées qui allaient
à l’opposé même de ces méthode de matraquage commercial.

La critique
de la société de sur-consommation dans laquelle nous nous enfonçons
sagement en fermant les yeux et en priant pour que rien ne vienne
bouleverser nos habitudes chèrement acquises (encore une fois au
sens strict...) a été le point départ de nombreux mouvement alternativistes,
luttant pour la place de l’individu et de la différence dans un monde
de plus en plus normé et dans lequel tout ce qui dépasse risque de
compromettre l’ordre établi.

L’absorption de ces mouvements par son
ennemi juré a contribué de manière évidente à la perte de toutes ses
idées, de sa base même. Que penser de néo-révolutionnaires hystériques
qui se complaisent dans une différence et une "punkitude" imposée
par ceux-mêmes qu’ils croient combattre ?
La médiatisation à outrance de ces idées et l’extension de celles-ci
à des domaines purement commerciaux n’est pas qu’un simple mouvement
de mode sans suite qui lassera les foules dès la parution des nouveaux
catalogues printemps-été ; c’est aussi un séisme imparable dans les
milieux de la contestation sociale qui voit son idéologie bradée,
bafouée, vendue au plus offrant, se laissant baloter sur un marché
qu’elle désaprouve et qui ne tardera pas à l’englober, comme tout
ce qu’elle peut toucher.
Je ne sais pas ce qui est le plus navrant dans l’histoire, si c’est
le viol (si,si, j’insiste..) de toutes ces valeurs, ou l’inévitable
confirmation qu’il existe des gens prêts à s’approprier n’importe
quoi du moment que l’on peut le transformer en papier filigrané et
que d’autres sont capables de se revendiquer de n’importe quelles
idées si l’on en parle en page 4 de leur magazine préféré...

Fermer
les yeux pour ne plus voir ces drapeaux se ternir sous l’affront qui
leur est fait ne changera rien, il nous restera toujours les oreilles
pour entendre les bêlements révolutionnaires de la foule policé en
manque d’ordre moral.

Photographie : Frédéric Vignale, in Teranova 2004

Photographie : Frédéric Vignale, in Teranova 2004