A la rencontre de Ben Mas et de Laurent Loiseau de l’Organic Studio.

A la rencontre de Ben Mas et de Laurent Loiseau de l'Organic Studio.

Période confinée pourrait rimer avec tranquillité mais pour Ben et Laurent c’est tout l’inverse comme en musique et au nombre de leurs casquettes pour eux c’est » tout à fond « 

La création plus qu’une passion, car pour eux, elle est devenue un travail à plein temps, en plus de leur vie déjà bien remplie. Le Mague est allé à leur rencontre pour en savoir un peu plus sur leur studio d’enregistrement.

Pouvez-vous vous présenter et nous dire quelques mots sur votre parcours ?

Je suis Laurent, marié, 4 enfants, bientôt… 50 ans !!! ça fait mal… Mon parcours ? un peu chaotique… Formation en agriculture, plus de 15 ans de boulot dans l’informatique… Trop d’années à se dire que tu ne fais pas le taf pour lequel tu es fais : la musique. Quand un jour mon boss m’a expliqué que la boite n’avait plus d’argent pour me garder, je me suis dit que c’était le moment ou jamais de devenir musicien pro. Un an de formation plus tard à l’APEJS (Chambéry), j’en ressors DJ / machiniste / bidouilleur de son dans un groupe qui a pas mal tourné (Pitt Poule). En parallèle de tout ça, je bosse sur la production et le mixage… et nous voilà en 2020.

Moi c’est Ben, 3 enfants et 45 balais au compteur ! J’ai commencé la musique en 1982 avec une formation de guitare classique au conservatoire, je me suis mis à la guitare électrique à l’adolescence. Premier groupe à 15 ans avec mes potes , puis en parallèle j’ai fait une initiation à la Musique Assistée par Ordinateur en 1989 qui à été lé déclencheur de cette passion pour le son.
J’ai ,comme Laurent , eu la chance de faire pas loin de 250 concerts en tant que musiciens, que ça soit à la guitare , à la basse ou derrière les claviers.
J’ai co-géré un premier studio d’enregistrement professionnel pendant 4 ans ce qui m’a permis de parfaire mon expérience de technicien son, de l’enregistrement au mixage.

Comment vous est venue l’idée de créer ce studio d’enregistrement ?

Laurent : Les locaux du studio sont situés chez moi. Quand je suis arrivé dans cette maison (il y 4 ans), je pensais déjà aménager une salle de répétition / home studio. Par ailleurs, j’avais enregistré dans l’ancien studio de Ben un EP et un album avec Pitt Poule, c’est là qu’on s’est rencontré. Son studio a fermé quelques temps plus tard. Ben se retrouvait avec pas mal de matériel et sans lieu pour bosser, de mon côté j’avais un grand atelier à retaper. La collaboration nous a parue évidente. Si on rajoute là dessus, Martin Legros, un pote commun et batteur de Pitt Poule, qui avait de l’huile de coude à revendre… La création du studio devenait incontournable.
Ben : Comme l’a bien dit Laurent c’est suite à la fermeture de mon premier studio que l’idée à germé, repartir dans une nouvelle aventure et aller de l’avant !

Pouvez vous nous parler un peu du lieu, de son environnement, des aspects techniques ?

Laurent : Le studio est situé au coeur d’une exploitation maraichère bio (en Isère) : Le champ des Zoizo. Quelque part entre une rangée de salades, des poules, un péché et deux ânes. Il a été auto-construit avec beaucoup de bois (ossature bois, laine de bois, finition bois, …), j’aime travailler avec ce matériaux. C’est un ancien atelier qui a été « découpé » en quatre : Un couloir de distribution, une régie de 18 m2, une salle de prise de 35m2, des toilettes sèches (c’est notre coté « Organic »). Aspect peu commun pour un studio, on a de la lumière naturelle traversante (nord sud) dans toutes les pièces, c’est super agréable pour bosser. Coté technique, on a réuni une jolie collection de super matériel, depuis les micros jusqu’au enceintes d’écoutes principales.

Ben : La particularité du studio c’est qu’il n’y a aucun compromis en terme de qualité, pour tous les éléments de la chaîne. Nous n’avons vraiment pas à rougir comparer à ce que l’on trouve dans les « gros » studios de la région.
Et quel cadre … au milieu d’un hectare de nature c’est un luxe incroyable.

Est-ce vraiment une bonne idée d’ouvrir un studio d’enregistrement en 2020 ?

Laurent : euh… comment dire… Est-ce vraiment une bonne idée de faire de la musique en 2020 ? En temps normal c’est pas évident, ça l’est encore moins avec une année WTF comme 2020. Ceci dit, avoir un studio en 2020, c’est un super outils en temps que musicien. De mon côté, j’ai pas mal de projets qui couvent et le studio est un lieu idéal pour la création. Si la question était plutôt « est ce rentable ? », je dirai que non (pour l’instant) si on veut en faire son activité principale. Pour moi, c’est autant une activité complémentaire qu’un outils de travail pour mes projets persos.

Ben : L’industrie de la musique à été vraiment chamboulée ces dernières années et 2020 c’est un peu le coup de grâce pour le milieu de la Culture … mais … il y aura toujours besoin de studios d’enregistrement dédiés, avec des conditions techniques à mille lieu de ce que l’on peu faire dans son garage avec 2 micros et un ordinateur.

Comment voyez-vous votre métier aujourd’hui ?

Laurent : Depuis que je fais que de la musique, je ne vois mon activité pro que dans une multitudes d’activités complémentaires. Je suis autant musicien live, que producteur, qu’ingénieur son live ou mixeur en studio. C’est vrai que 2020 et la crise sanitaire n’aide pas pour la partie live... La situation actuelle va peut être changer la donne, mais pour l’instant je garde toutes les portes ouvertes.

Ben : Aujourd’hui je m’oriente de plus en plus vers la partie production et le mix de projets que je suit sur le moyen terme. On marche l’un et l’autre au « coup de coeur », et c’est autant plus facile que nous avons tous les deux une ou plusieurs activités annexes.

Avez vous des conseils pour les artistes qui ont le projet de passer par l’étape « studio » ?

Laurent : Préparation et travail… bosser à fond ce qui va être enregistrer pour perdre le moins de temps possible en studio. Les sessions d’enregistrement, c’est toujours une course contre la montre à moins d’avoir le budget de Muse. Si en plus, c’est la première fois que tu enregistres, ça prendra surement plus de temps que ce que tu avais imaginé. Le top, faire des pre-prod maison histoire d’être sûr des parties de chacun et savoir avant d’arriver au studio ce que l’on veut faire. Il faut prévoir un maximum de choses à l’avance et organiser le mieux possible la session. Ca parait pas très rock’n’roll dit comme ça, mais en général quand tu fais du rock’n’roll tu n’as pas le budget pour passer des heures et des heures en studio. Profite à fond du temps que tu as pour sortir le meilleur son possible… les bières, on les boira plus tard.
Ben : Plus le groupe est prêt et plus c’est simple, donc comme dit Laurent « au boulot !! ». Pour l’anecdote, un groupe est venu enregistrer les pré prod d’un double album, plus de 22 titres à mettre en boîte en un tout petit week end. Pas plus de 2 prises par titre dont un paquet en « one shot » , une leçon de maitrise , mais presque un an de travail en amont …

Comment se déroule une journée type au studio ?

Laurent : ll n’y a pas vraiment de journée type… ça dépend beaucoup du projet qu’on enregistre. On commence toujours par la mise en place du setup micros et le patch sur les préamps . Ensuite il y a l’enregistrement à proprement parler et là ça dépend de ce que tu enregistres… Tous en live ou un par un ? C’est un groupe de musique cubaine avec une grosse section de cuivre, un power trio bien rock ou un quatuor vocal tendance baroque ? Il n’y a pas vraiment de réponse toute faite. Après l’enregistrement, on finit généralement par une écoute de ce qui a été fait dans la journée.

Ben : Il faut être honnête le temps est toujours la clef de voute de l’organisation, on essaye de faire le maximum de chose dans les préparatifs de la session.
Si tu viens faire un guitare voix on peut commencer les enregistrements en moins d’une heure, si c’est un groupe avec une composition plus classique (batterie , basse , guitares …) il faudra compter plus de temps avant de pouvoir lancer le magnéto ! Surtout si le batteur arrive avec une heure de retard , encore avec des grammes de la veille , et qu’il a oublié sa double pédale de grosse caisse chez sa mère.

Quelque chose à ajouter ?

Laurent :
En tant que musicien, quel kiffe d’avoir un studio à la maison !!! J’adore mon bureau.
Et je ne peux pas finir sans remercier le troisième homme de l’Organic Studio : Martin Legros. Sans lui, on n’en serai surement pas là aujourd’hui. Il m’a filé un coup de main ENORME lors de la construction et de l’aménagement.
Ben :
On espère aussi plein de belles choses pour cette année 2021, le retour de la vie Culturelle et de nouveaux projets pour faire vivre ce lieu magique.

credit photo : Allison Heraud

https://www.facebook.com/laurent.loiseau

https://www.facebook.com/profile.php?id=100007478237410