Tony Fomblard, l’interview

Tony Fomblard, l'interview

Tony Fomblard, de sa chambre à manom à Charge 69 .
Tony Fomblard depuis son enfance ne vit que musique, hyperactif de la création plus de 1000 chansons composées souvent seul chez lui . Tony a été dans les fomblards, lorelei invincible, cunted kunts, les rapaces de l’espace. Aujourd’hui il est salopettes acoustiques, seven days et charge 69. Tony amoureux des mots mais rockeur dans l’âme
lemague.net l’a rencontré .

Tony écrire autant de chanson c’est vraiment pas courant pour toi c’est un besoin vital ?

Oui je crois, j’ai commencé à écrire des chansons à 12 ans (à l’époque j’enregistrais avec un synthé sur un magnéto pour enfants) et j’ai jamais arrêté depuis. Sauf bien sûr les années où j’ai été plus occupé en concerts et en « vie » en général. J’écris davantage quand je n’ai pas de show à l’extérieur et quand la vie bouge pas beaucoup. Par exemple en 2017, qui fut une année compliquée où tous mes groupes étaient en pause, où je tentais vainement de remonter un groupe (« Les Rapaces de l’Espace », un seul album live est sorti), j’ai enregistré 5 albums cette année-là. Tandis qu’une année pleine de concerts comme 2019, je n’ai sorti qu’un album.

Mais quand je n’écris pas, bien sûr il y a un manque, celui de s’affirmer en tant que soi. Jouer trop avec des autres, des chansons des autres, c’est pas pareil. C’est très important de revenir à soi de temps en temps.

La majorité de tes compositions en solo parlent d’un amour déchu, d’une rupture, de tes peines, c’est vital pour toi de mettre tes tristesses en musique ?

Oui, ça économise les séances de psy. Ca n’a bien sûr pas suffi à me rendre heureux, il faut un vrai travail sur soi qui ne passe pas que par la catharsis de l’écriture des chansons, même si tous les psys disent qu’il faut écrire bien entendu. Je souffre depuis toujours d’une peur de l’abandon, lié à un traumatisme d’enfance, et je ne réagis pas comme tout le monde à la « fin » des choses.
Un ami qui s’en va, une rupture, une fin de soirée, le split d’un groupe de zik. Quand j’étais jeune au collège, je pleurais à chaque fin d’année, c’était une déchirure pour moi de savoir que c’était fini aprés toute l’année qu’on avait vécu ensemble : j’étais sûrement le seul de la classe à pleurer chez moi le 1er juillet alors que c’était les vacances ! Pour les fins de soirées, j’arrive à mieux gérer avec les années, je pars plus facilement, j’arrive à dire au revoir sans trop de peine (encore que, je suis souvent le dernier à partir). Pour les splits de groupe, c’est toujours une horreur : quand mon groupe Seven Days (tribute du groupe Téléphone, où je suis chanteur) a failli casser l’année dernière, on avait donc annoncé le dernier concert, et j’ai passé un mois horrible, déprimé au fond du trou, et lors du dernier concert j’annonçais mon suicide proche de temps en temps entre les chansons. Pour les ruptures amoureuses, alors j’en parle même pas ! Depuis 2013, c’est la même chose. Je vis une rupture amoureuse comme une mort, l’impression de ne plus exister, que mon être s’en va, de n’être plus rien ni personne. Alors je réagis de manière très violente : violente envers moi-même d’abord (mutilations, coups au visage), et puis violent verbalement envers la femme qui me quitte, ou carrément avec le mec pour lequel elle me quitte. Mon avant-dernière rupture m’a même valu un procès qui m’a coûté cher ! Tout ça est invivable, et ce serait encore pire si je n’écrivais pas de chansons, car l’écriture de chansons et de livres permet de soulager tout de même 10 à 15 % de la souffrance, ce qui est toujours ça de pris. Je ne désespère pas me soigner un jour. Je fais tout pour, mais c’est un travail long, difficile et quotidien.


On veut tous réussir quand on se fixe un objectif on peut dire à ce jour que l’objectif de Tony Fomblard a été atteint depuis que tu es devenu intermittent du spectacle ?

Objectif professionnel, oui on peut dire qu’un premier palier a été atteint. Beaucoup de copains avec qui j’ai fait de la musique avant font totalement autre chose aujourd’hui (par choix ou non), et quelques-uns encore sont intermittents, mais roadie (c’est à dire régisseur de scène, ils poussent des caisses, mettent des scènes en place, ect). J’ai la chance d’être intermittent uniquement en tant que guitariste et chanteur, de pouvoir honorer 43 contrats par an, et pas qu’en tant qu’exécutant, puisque j’ai la chance d’être compositeur et par ailleurs « installé » aussi au niveau droits d’auteurs (j’ai signé 8 musiques en tout cette année qui ont été pressés en tout à 5000 exemplaires environ), à même pas 30 ans, ce qui me laisse une envie et une perspective d’évolution dans le domaine.
Il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, et mon prochain objectif serait de faire un album solo en gros pressage. Puis monter un spectacle solo et tourner avec, comme j’ai pu faire depuis 2013, mais cette fois-ci en conditions pro.

Comment passe- t-on des salopettes acoustiques à charge 69 qui sont deux répertoires complètement différent ?

Ce n’est pas difficile, j’ai toujours écouté et fait autant de chanson française que de punk-rock.
A 12 ans je suis tombé raide dingue de Gainsbourg et Renaud. A 14 ans, j’ai eu une révélation avec les Wampas. Ensuite, j’ai enregistré chez moi des albums de chanson française et fait des groupes de punk-rock pour jouer sur scène. Aujourd’hui, jouer dans Charge 69 ET dans les Salopettes est la suite logique. J’ai toujours eu cette dualité musicale.

Ta carte de visite étant multicarte, cela ne te dessert t-il pas plus que cela te serve ?

Si, ça a tendance à me desservir, car il y a tellement de choses (beaucoup de groupes passés, 3 présents, 50 albums solos, des livres, clips par dizaines et courts-métrages) que les gens ne savent pas trop m’identifier. Alors ça, ça n’est pas pour me déplaire, mais ce qui est plus déplaisant, c’est ceux qui m’identifient par rapport au truc le plus débile que j’ai fait. Par exemple, un clip absurde où je vais chanter une chanson sur les pâtes avec une moustache, ou bien mon spectacle trash scato que j’ai monté en 2014 (où je finissais à poil dans ma merde sur scène), ce truc qui a représenté un ou deux mois de ma vie va prévaloir sur tout ce que j’ai fait et tout ce que je fais en ce moment. Pour certains, pas tous je précise, juste les gens pas curieux et un peu simples. « Tony Fomblard » va raisonner comme un sous-didier super qui fait des chansons de mauvais goût et qui saute en slip sur scène. Je l’ai un peu cherché bien sûr, mais c’est tellement aux antipodes de ce que je suis réellement (dans la vie je suis plutôt sombre, triste, j’aime les belles choses et la médiocrité me désespère). J’ai fait et produit des trucs barges juste parce que j’aime l’originalité, je voulais inventer quelque chose en marge, en dehors de ce qui existait déjà. Mais j’aimerai, à choisir, que les gens retiennent plus cette face sombre et des belles chansons que j’ai pu faire, plutôt que le slip et les clips marrants. Mais bon. Je m’en fous aussi d’un certain côté de ce que pensent les gens. Au début on fait sûrement de la musique pour exister, parader, montrer son petit ego, et puis quand on comprend que tout ça vient d’un problème chimique du cerveau et qu’il ne faut se satisfaire qu’à soi, on fait enfin ce qu’on veut et aujourd’hui je fais ce qui me plaît sans me demander ce que les trois types du fond du bar qui me toisent depuis un quart d’heure et qui ont vu ma chaîne youtube se disent sur moi.

LIENS CLIPS :
https://www.youtube.com/watch?v=VkUxKuuC2IM&list=PLRALpzWde18kJCG-BX2Glv3XGXp8-_J5O