Le cercle vicieux de la victimisation

Le cercle vicieux de la victimisation

J’entends déjà les hurlements et les critiques s’abattre sur mes mots. Mais ne soyez donc pas trop rapide dans votre jugement. Prenez le temps de la réflexion. Et vous comprendrez que mon point de vue n’est pas des plus alambiqué. Bien au contraire.
Au regard des informations, émissions, reportages, je me suis rendu compte que notre société était devenue une société de la « victimisation ».

Nous aimons avoir nos victimes, ou comme dirait mon grand-père « on aime tous avoir nos petits pauvres ». Car avoir des victimes à défendre nous donne aussi l’occasion d’avoir des bourreaux à détester.

Pourquoi est ce une mauvaise chose, me direz-vous ? Car d’une part il y a énormément d’hypocrisie car au fond, il y a une réelle jubilation à voir quelqu’un qui va moins bien que soi-même. Cela nous ramène à notre condition, qui en fait, n’est pas si mal.
Mais aussi car cela enferme les victimes à vouloir rester des victimes car elle existe en tant que t’elle. Je peux affirmer cela car je parle d’expériences. J’ai été victime de harcèlement scolaire pendant plus de quatre ans, et je me rends compte à l’heure d’aujourd’hui, que j’étais aussi fautive dans cette histoire.

Pourquoi ? car être la victime des autres, me donnait un statut ; je me sentais exister à l’heure yeux, je me sentais « être » par ce que j’étais leur tête de turc. Et si mes « bourreaux » m’ignoraient un matin en arrivant au collège, j’avais une attitude qui les poussait a venir m’embêter. Et ainsi je me sentais … importante ?
Au fond l’avancée sociale serait d’apprendre à ne pas croire que l’on existe par ce statut de victime. Car même si l’on ose faire le pas de la dénonciation, la spirale continue et nous existons encore dans le fait d’être une victime, mais une victime qui, certes se défend, mais qui maintenant est victime à la fois pour ces bourreaux comme pour tout un chacun.
Je nomme cela le cercle vicieux de la victimisation.
Je pense que pour aller mieux il faut, certes défendre ses droits et faire appliquer la justice ; mais aussi cesser de se plaindre et de se voir comme une victime. La plainte est une drogue car elle nous rend, faussement, intéressant. On vient panser nos plaies. Mais dans cette affaire ce n’est pas nous, que les autres aimes, mais le bien être que s’occuper de nous leur procure, exactement comme ceux qui nous faisaient du mal.
La question, que faire pour sortir de ce cercle vicieux ?

Le problème est complexe car il est encré dans notre société occidentale qui fonctionne de manière très binaire. Il y a le bien et le mal et un combat entre ces deux entités. Il y a les méchants et les gentils, les forts et les faibles. Perturber cet équilibre, qui n’en est pas un vraiment un, semble difficile.
Il faudrait, apprendre à ne pas « aimer » être victime, ce que je veux dire par là, est qu’il faut apprendre à exister en dehors du regard des autres. Car finalement cette problématique n’est qu’une histoire d’image et de ce nous sommes par rapport aux autres. Et, si nous sommes « du bon ou du mauvais coté. »

Il y a une compétition inter individu qui provoque une compétition intra individuelle. Nous sommes en combat contre les autres comme contre nous même, pour être toujours plus fort, plus riches, plus beau… et c’est ce manque d’identité véritable, être juste être, et pas par rapport aux autres, qui nous perd dans la recherche de ce que nous sommes et qui nous pousse à trouver un statut. Exister en « tant que tel » au regard des autres. Et donc à se laisser être victime et parfois même, à apprécier cela.
N’avez-vous jamais entendu parler d’histoire de mythomane qui s’inventait des cancers ou d’enfants mentant sur le fait d’avoir été embêté à l’école ? Ils ne cherchent qu’a exister aux yeux des autres, comme si ce qu’ils sont en étant simplement eux ne suffisait pas.
Posons un regard sur ceux que l’on nomme « les bourreaux », et c’est la que je sens que les foudres vont s’abattre sur moi. Au fond, ne sont-ils pas, dans certains cas, eux aussi des victimes ?

Je dis cela car ils cherchent aussi a trouver leur place et à avoir une importance par leur actes mauvais, comme si cela les faisait exister au yeux de la société. Regarder autour de vous, qui ne se vante jamais d’avoir été un salaud ou d’avoir « casser » la gueule à quelqu’un ?

Je ne leur cherche aucunement des excuses, loin de là, je tente juste de comprendre comment nous pourrions changer ce cercle vicieux de la victimisation, comme celui de la violence.

Mais en y regardant de plus près, c’est une façon globale et totale de penser, qu’il faudrait changer.
Mais cela n’est-il pas profondément utopique ?