Rencontre avec « L’ Anarchiste qui jactait tout seul »

Rencontre avec « L' Anarchiste qui jactait tout seul »

Depuis 2019, avec cinq tournages dans les Ardennes dont le dernier a été effectué début janvier 2020, une série amusante sévit sur la toile et principalement sur la chaîne Youtube.

Notre Journal vient de rencontrer son concepteur, lequel a bien voulu répondre à notre interview sur son personnage.

Notre Journal : Bonjour Philip Beaubaton. Dis-nous comment est né ce personnage de fiction qui ressemble tellement à la réalité ?

PB : Il y a quelques années, avec mon ami belge Jean-Louis Mathot aujourd’hui décédé, durant nos vacances en Bretagne, nous avons eu l’idée de tourner de petits films amusants comme « Le cri de la baleine » ou « Belgitude en Morbihan ». Il avait visionné toute la série des « Goudouli » dont j’étais le réalisateur, sur Dailymotion, et souhaitait continuer le concept avec moi. Comme je ne voulais pas écrire de scénario, afin de préserver l’authenticité du personnage, je jouais et disais n’importe quoi pendant que Jean-Louis me filmait. Cela le déstabilisait beaucoup car il avait l’habitude de tout programmer. Il prétendait que j’étais ingérable et m’avait surnommé très amicalement : « L’ Anarchiste ». Au cours de mes récentes randos, n’ayant plus de compagnon, je me suis filmé seul à l’heure du casse-croûte, en posant ma caméra sur une souche d’arbre ou au bord d’une table en bois. Je me suis dit que j’allais raconter quelques étapes de ma vraie vie, avec une pointe d’humour et en rajoutant quelques détails croustillants, en jouant à l’homme des bois qui déguste sa boîte de pâté en forêt, tout en refaisant le monde comme savent le faire les anarchistes. Une pincée de réalité, un zeste de sourire, une pointe d’humour, un soupçon d’actualité, une cuillère de politique revisitée par cet anar et quelques belles rencontres fourniraient les secrets de cette recette.

Notre Journal : Tu es donc en train de nous dire que tout cela ne serait que de l’humour ?

PB : Bien sûr que oui... ! Nos vies sont déjà des pièces de théâtre et il suffisait juste de les basculer en format vidéo. Globalement, les gens sont étonnants car ils prennent tout au premier degré. Certains rient de mon personnage alors que d’autres m’écrivent que c’est trop « politique » pour eux. On ne peut pas plaire à tout le monde et je m’en fiche royalement car personnellement je m’amuse en tournant et rigole tout seul au montage... C’est donc, pour moi, le principal puisque je me marre de mes conneries qui seront une forme d’héritage en images, pour mes deux fils, lorsque sera venu le temps pour moi d’aller goûter aux racines de pissenlits que je mange, de mon vivant, dans la salade aux lards à l’ardennaise.

Notre Journal : Tu n’es donc pas anarchiste ?

PB : Pas plus que toi tu n’es curé... Même si Vignale me surnomme gentiment « L’ Anarchiste de droite » (rires).

Notre Journal : Pourquoi fais-tu tes montages en noir et blanc, alors qu’au départ tu réalisais plutôt en couleur ?

PB : Depuis 2006, je suis ami avec le cinéaste et photographe parisien Frédéric Vignale. J’ai toujours admiré son sens artistique, dans ces deux domaines et j’adore ses courts-métrages ainsi que sa série « L’homme tranquille », avec son héros « Raoul ». Frédéric Vignale m’a fait tourner dans un épisode des Frères Étienne « Petit Poutine Noël » ainsi que dans son court métrage « L’effacé ». C’est en visionnant ses œuvres en N&B, que je me suis rendu compte que cela apportait un côté moins violent que le cinéma en couleur. J’ai donc décidé de lui rendre, de son vivant, l’hommage qu’il mérite non pas en le copiant mais en lui faisant une sorte de clin d’œil... Comme pour le remercier de me faire voyager dans cette dimension du cinéma d’autrefois que j’aimais tant, avec des Gabin, Ventura ou Blier.

Notre Journal : Quel serait ton mot de la fin ?

PB : La vie n’est pas sérieuse, alors amusez-vous dès que vous le pouvez afin de retrouver l’essence même de l’existence. Il me semble que c’est Socrate qui disait ceci : « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux ». L’ Anarchiste qui jactait tout seul rajoute : « Tout est en nous, à condition de savoir comment s’en servir et de connaître le chemin pour aller le chercher... Et cela passe par le fait de ne jamais se prendre au sérieux et de savoir garder son âme d’enfant ! ».