Pour une jurisprudence Gabriel Matzneff comme premier procès

Pour une jurisprudence Gabriel Matzneff comme premier procès

Comme beaucoup de personnes qui fréquentent le milieu littéraire parisien depuis plus de 20 ans, j’ai croisé à plusieurs reprises Gabriel Matzneff dans les rues de St Germain-des-près et même une fois dans le Métro. Je me souviens même avoir en 2000 assisté à une séance de dédicaces de son Super Flumina Babylonis : poèmes, publié la Table ronde dans une librairie germanopratine.

Force est de constater que c’était à chaque fois des rencontres avec un monsieur tout à fait élégant d’apparence, charmeur, mondain, drôle et abordable, cultivé et d’humeur égale qui s’exprimait dans une langage châtié et un grand sens de la communication. Les monstres n’ont pas toujours des visages ou physiques de monstre. Ils peuvent avoir belle allure. Cqfd avec Matzneff.
J’avoue qu’à cette époque j’avais entendu parlé de sa réputation sulfureuse mais comme je n’avais jamais lu le moindre extrait de ses « oeuvres », je ne pensais pas avoir affaire à un pédo-criminel prosélyte, pédophile et pédéraste assumé et même revendiqué avec une sorte de fierté.

Je le savais défendu par bon nombre d’écrivains « tendance » dont Frédéric Beigbeder et Nicolas Rey notamment. Je pensais simplement avoir simplement affaire à une sorte de hussard des lettres, mais je me trompais gravement.
20 ans plus tard, fin 2019, j’entends parler, à nouveau, parler de Matzneff qu’honnêtement je croyais mort, grâce à la sortie médiatique du livre de Vanessa Springora, Le Consentement chez Grasset et je comprends vite qu’étant donné le contexte actuel de la parole libérée des femmes, ce sera la première grosse polémique littéraire et sociétale de l’année 2020.

J’ai lu pour la première fois, il y a quelques jours, des extraits des livres de Matzneff, l’écrivain aristocrate, ami de Mitterand et Hergé, prônant la libération sexuelle contrairement à sa classe et adulé du tout Paris littéraire dans les années 70, 80, 90, 2000 et plus récemment par Guillaume Durand, Josiane Savigneau, sur twitter.
Il s’agit pourtant d’une « Littérature » absolument indéfendable. On voit bien que l’écriture est un prétexte à du prosélytisme pédophile et pédéraste, rien de plus, rien de moins. Style assez pauvre, peu de filtres. Juste une jouissance narcissique totalement immonde, le « consentement » sous emprise de ces mineurs ne pouvant pas être un élément à décharge ou une excuse pour Matzneff.
Ce qui me pose question également c’est la notion de responsabilité des éditeurs de Matzneff qui auraient pu décider de laisser ces écrits malsains et dangereux, complices d’abus sur jeunes mineurs (certains ont 8 ans..) et insupportables à lire dans les tiroirs prosélytes et content de lui de son auteur.
Haro sur Matzneff ? Non, il s’agit d’une polémique utile. Il devrait y avoir désormais une sorte de « Jurisprudence » Matzneff même si celui-ci n’a jamais été condamné et ne le sera sans doute jamais vu son âge et son état de santé. Mais symboliquement, il doit y avoir un avant et un après, symbolique, une prise de conscience collective pour toutes le victimes potentielles de ce genre de prédateurs et leurs parents, surtout ceux qui seraient tentés d’excuser ou de minimiser les actes de ces pédophiles adeptes ou non du « consentement » riches, célèbres ou pauvres et inconnus.

La littérature n’est pas un refuge à déviants et hors la loi. L’Aura littéraire ou la célébrité dans un petit, grand milieu ou microcosme, non plus.
Il faut protéger l’enfance sans pudibonderie, ni censure, ni leçons de morale mais en appliquant simplement la loi. C’est simple, clair, basic.

La fin de vie de Matzneff va être terrible, il va payer ses inclinations électives prohibées par la Justice. C’est normal, c’est juste. On ne peut faire l’amalgame entre des œuvres purement littéraires de fiction et de fantasmes, et des écrits vantards, sordides et prosélytes qui forment des journaux narcissiques graveleux et abominables qui n’ont pour seul but le plaisir hédoniste et égoïste pervers d’une personnalité malade et hors la loi.
Une pensée pour toutes ses victimes et une grosse déception envers celles et ceux qui aujourd’hui encore osent publiquement le défendre. Ont-ils des jeunes enfants ou petites enfants, accepteraient-ils qu’un Matzneff abusent de son charisme pour charmer leurs progénitures ?

La pédophile n’a aucune sorte d’excuse. Et surtout pas artistique.