Petite anthropologie des Injonctions alimentaires modernes

Petite anthropologie des Injonctions alimentaires modernes

A la différence du dégout individuel, un tabou alimentaire est collectif. Il instaure des interdits socialement acceptés dont le fondement n’est pas forcement avéré mais que la temporalité et le groupe permet de valider. Ainsi semble être crée une sorte de dégout collectif. De nombreux exemples dans les interdits alimentaires peuvent être cités et ont d’ailleurs été largement étudiés.

A la différence du dégout individuel, un tabou alimentaire est collectif. Il instaure des interdits socialement accepté dont le fondement n’est pas forcement avéré mais que la temporalité et le groupe permet de valider. Ainsi semble être crée une sorte de dégout collectif. De nombreux exemples dans les interdits alimentaires peuvent être cité et ont d’ailleurs été largement étudié.

Le point que j’aimerai soulever ici est le tabou alimentaire que la société de surconsommation a engendré, soit les dates de péremption et comment elles perturbent notre approche sensorielle de la nourriture.
En effet l’abondance de nourriture dans les rayons de supermarché est rythmée par des dates à respecter. Tous les jours presque tout change et une quantité impensable de nourriture est jeté alors qu’elle reste consommable.
Mais le consommable n’est pas forcement acceptable. Des normes à respecter ont été instauré et elles n’ont parfois aucun fondement vis-à-vis de la santé humaine.
Les biologistes l’affirment, un yahourt peut-être encore consumé sans risques plus de deux mois après la date limite de consommation.

Certains en sont conscients et ne « respectent » pas la norme imposée, mais cette entrave amène une certaine prise de risque, car le non-respect de l’injonction vous rend vulnérable auprès de la justice s’il advenait que vous tombiez malade.
Au final ces interdits et ces tabous alimentaires modernes sont à la fois fruits de protection juridique pour les industriels mais aussi sources de revenus démentiels.
Plus on jette plus on rachète. Une sorte d’obsolescence programmé de la nourriture a été mise en place et elle est régit par des lois juridiques strictes.

Ce que l’on doit manger doit être lisse, beau, emballé, lavé, lavé à nouveau…
Mais depuis quelques années la donne change. Le local revient, moins normé et donc au final, avec plus de gouts. Le palais se réadapte à des gouts plus francs et non plus à aimer simplement par le visuel.

Le jeu des sens est extrêmement intéressant face aux tabous alimentaires modernes.
J’ai fait une drôle d’expérience ou je faisais gouter le même yahourt, périmé d’une semaine, deux fois, à la même personne, en lui disant qu’il y en avait deux différents. Son appréhension vint modifier sa perception du gout. En effet celui qu’il pensait périmé lui semblait acide, mauvais. Et l’autre, qui était au final le même produit stricto sensu, lui semblait agréable en bouche.

Il est intéressant pour l’anthropologie cognitive et sensorielle de comprendre comment un interdit culturel peut-il modifier une perception sensorielle donc personnelle.
Au final l’interdit interprète en amont ce que nous allons ressentir, faussant les informations sensorielles à venir.

L’appréhension provoque des perceptions fausses et refourgue la réalité sensorielle. Ce nouveau monde sensoriel faussé se construit peu à peu au travers des injonctions que la société place sur notre chemin mais aussi celle que nous nous imposons.
Prenons l’exemple de l’intolérance au gluten. Avant l’effet de mode autour du sans gluten, peu de personne se plaignait d’avoir mal au ventre en accusant le gluten, mais une fois que cet argument était de bon augure et qu’il pouvait nous rapprocher d’un effet de mode présent sur les blogs des fashionistas, alors l’argument était pris pour tout un chacun.

Le phénomène à prit de l’ampleur et tous les supermarchés trouvent dans leurs rayons du pain sans gluten et de nouveau coffee shop prône cet art de vivre et de bien-être.
Mais au final la maladie cœliaque qui est la véritable intolérance au gluten, est très peu répandu et il n’y a pas de recrudescence de vrai allergique au gluten. Simplement une phobie sociale survenant d’un effet de mode.

Les interdits alimentaires se basent sur la peur. La peur de la maladie et de la contagion principalement. Les interdit concernant le porc se basent beaucoup sur cette peur de la contagion mais qui actuellement n’est plus d’actualité mais qui pourtant continue d’argumenter cet interdit de consommer du porc.

La question qu’il peut se poser est donc, cette peur engendrée par l’interdit est -elle source de ressentit et de perceptions sensorielles erronés ? Et ces perceptions erronées participent-elles a entretenir le culte de l’injonction alimentaire ?

Au final le problème devient tautologique et les péremptions perdent de leur sens.
La conclusion de cette ébauche d’un petit traité anthropologique de l’injonction alimentaire du monde contemporain, serait de dire que nous parvenons a nous mettre des interdits et des limites là où il n’y a pas de raisons d’en avoir, que nous profitons de mouvement de mode pour se sentir appartenir à d’un groupe, pour se déculpabiliser peut être aussi.

A croire à la liberté du « je fais bien comme il faut faire » (sans gluten, bio etc), ne créons nous pas une nouvelle forme de dictature ? ou du moins la continuation du despotisme de la bouffe et de sa règlementation ?