Girod président des 15 e Estivales de la BD va canarder avec Durango !

Girod président des 15 e Estivales de la BD va canarder avec Durango !

Après Bouzard, c’est Thierry Girod qui s’y colle à la présidence cette années des Estivales de Monta les 21 et 22 juillet 2019. On quitte le western zarbi pour entrer dans celui que n’aurait pas renié le regretté Sergio Léone, avec ses personnages aux visages très expressifs en gros plan, avec son train, ses crapules et son héros Durango qui tire avec son Mauser plus vite que son ombre. Un régal ! Alors, ne vous privez pas de votre plaisir !

Sosso la sorcière était encore une fois rétive à apparaitre sur ce visuel en ma compagnie. Tu parles Charles, elle a horreur des pétoires et à plus forte raison du Mauser qui résonne entre toutes les pages de cette BD. Les coups de feu des tueurs chasseurs du Médoc, elle en a soupé, alors à plus forte raison en ouvrant cette BD. Moi en revanche j’ai adoré !


Thierry Girond enfant de la balle, du temps de sa jeunesse a fréquenté les terrains de tennis à un haut niveau. De la balle de tennis à ceux des calibres, il n’y a qu’un pas qu’il a vite franchi avec brio. Entre temps, il s’est illustré dans la représentation des pin-up avec ce trait fin dédié aux femmes girondes que l’on retrouve encore dans ses BD.
C’est en 1990 qu’il se lance dans la BD avec un autre aficionado Laurent Tamanini avec la série « Franck Blackmail ». Puis il enchaine avec « Les frères Bull », premier da la série « Wanted » avec déjà plusieurs tomes parus.
C’est en 2006 qu’il s’associe avec Yves Swolfs pour continuer la série Durango, dont je vais vous narrer le tome 16 : « Le crépuscule des vautours » paru en 2012.
Mais au préalable quelques mots de son scénariste hétéroclite capable de passer de Vlad le vampire, aux aventures historiques, et même l’univers médiéval. Il fut aux commandes en solitaire des treize premiers volumes de Durango, avant de s’associer à Thierry Girod. On retrouve dans les deux compères la verve des westerns spaghettis, dont je suis une fervente admiratrice surtout dans la lignée de Sergio Leone au point d’ailleurs d’avoir entamé une pérégrination à Almeria en Andalousie pour visiter ses studios aux abords du désert de Tabernas et de s’être imprégnée de l’ambiance qui pouvait y régner sans pour autant y boire la tasse.

Comme pour « Il était une fois la révolution » où un anarchiste irlandais de l’Ira spécialiste en explosif s’associe à un pilleur de diligence pour s’acoquiner avec la révolution mexicaine. D’ailleurs en plus, Durango dans ce tome a quelques traits du visage et de caractère communs avec John Mallory, alias Sean, interprété avec brio par James Coburn. Yves Swolfs intègre dans Durango une dimension politique, sociale et économique dont il ne cache pas les fondements dans ses propos. « L’intérêt de cette série est justement d’être un support permettant (…) d’exprimer les humeurs et émotions du moment… et notamment (…) par rapport aux excès d’un capitalisme sans contrôle (…) par rapport au monde absurde que nous préparent un certain nombre de grands pontes de la finance, vivant dans une bulle totalement à l’abri des réalités du monde extérieur ».
Dans ce tome intitulé « Le crépuscule du vautour », on retrouve Durango, notre expert à la gâchette de son Mauser, celui qui est surnommé « Le Pacificateur » ou si vous préférez le rédempteur du droit pour les exploités, capable de contourner la loi pour faire lui-même justice au dix-neuvième siècle dans les plaines sauvages de Wyoming.
Sa silhouette dégingandée me convoque expressément à la dégaine du sublime Lee Van Cleef dont Clint Eastwood n’arrive pas à la cheville !

L’histoire présente nous conte un prétendant au poste de gouverneur de Californie assassiné avec en parallèle deux géomètres massacrés par des Indiens Shoshones et la sublime Washo qui est sauvée in extrémis par Durango. Sur fond d’exploitation d’un grand lac appartenant à une tribu indienne pour des malversations personnelles à l’échelle d’un certain Steiner politicard véreux qui se balade en train sur les lieux de ces méfaits.
Je ne sais pas vous, mais moi il me rappelle le personnage d’Henri Fonda à fond de train là encore sur la Conquête de l’Ouest dans « Il était une fois dans l’Ouest ». Il campe un homme sans scrupule engagé par le patron des chemins de fer pour faire avancer le rail coûte que coûte le prix fort à payer et les vies à prendre. Pour ce rôle aux antipodes de ces précédents, Fonda va exceller en méchant très méchant et tueur d’enfant. Durango a trouvé son frère de sang en Charles Bronson, le vengeur silencieux.

Durango se décline selon un choix multiple chez Sergio Leone, le génie du western européen.
Ce tome s’inscrit de l’air du temps du tout écologique, dans cette intrigue qui remet en question les fondements même du progrès ravageur à l’encontre des peuples premiers décimés.
Les tronches en gros plan, on est en plein western au cinoche.
Thierry Girod se surpasse dans son trait de dessin aux épures très réalistes où chaque détail compte. Un bravo aussi pour la mise en couleur par Jocelyne Charrance, qui donne un sacré relief aux personnages et aux étendues géographiques.

De l’action, de la sensualité pour notre énigmatique héros dont le Mauser surpasse son charisme sensuel. Il vieillit bien le gus, on a envie d’en prendre de la graine. J’adore sa dégaine et son regard vert émeraude. Je partagerai bien volontiers sa banane à mon quatre heures, pas vous ? Il m’émoustille mon côté animal le zigue. J’adore !
Pour se mettre dans le grand bain des grands espaces, rien de tel que lire cette BD en écoutant les bandes originales des musiques d’Ennio Morricone qu’il consacra à Leone. Effets de lecture décuplés, on s’y croirait !

Quand la BD d’une telle qualité rencontre le septième art sur le petit écran d’un tel ouvrage, je craque et vous conseille sa lecture. Vous économiserez une toile, la tête dans les étoiles avec Durango en héros positif et engagé.

Durango tome 16 – Le crépuscule du vautour, Yves Swolfs et Thierry Girod, 2012, 52 pages, 10,95 euros

Visuels Copyright Durango tome 16 Le crépuscule du vautour : © Éditions Soleil, Yves Swolfs et Thierry Girod