NOTRE-DAME DES FUMÉES

NOTRE-DAME DES FUMÉES

Rien n’est éternel sur Terre, pas même les pyramides.

Encore moins les cathédrales.

D’ailleurs les vraies cathédrales sont de papier : les livres.

Les livres, c’est à dire la pensée, l’esprit, les idées.

La matérialité des choses les plus sacrées n’est que leur vulgaire support visible.

Ceux qui s’émeuvent le plus de l’incendie de Notre-Dame de Paris sont soit les athées soit les âmes superficielles.

Ils envisagent les “hauteurs intérieures” comme de simples richesses culturelles, patrimoniales, historiques, confondant les simples nuages avec le Ciel, le parchemin avec son contenu, le clocher avec l’Eglise.

Ils oublient que tous passe, tout s’envole en fumée, tout part en cendre. Les pierres comme les hommes car les humains aussi ne sont que de passage sur cette planète.

Si le feu peut anéantir nos maisons, pourquoi ne pourrait-il pas pareillement détruire nos grands édifices ?

Il est stupide de croire que nos vaniteuses érections de bois, de granit ou d’airain sont indestructibles, incorruptibles par le temps, intouchables par l’érosion, inattaquable par la flamme...

En voyant la flèche de Notre-Dame tomber, ils découvrent la Lune, prenant conscience que rien ici-bas ne dure.

Pour moi ceux qui pleurent la chute des siècles sont des enfants, des êtres puérils, légers, superficiels, futiles qu’impressionnent la marche normale du monde.

Notre-Dame de Paris s’écroule, les éveillés demeurent de marbre.

Tandis que les imbéciles braient, les coques vides pleurent, les ânes se lamentent.