A Henri Vandenabele

A Henri Vandenabele

"Bonjour Mon Bon Henri !", disais-je à chaque fois que je franchissais le seuil de ta maison, ce à quoi tu me répondais indubitablement, en me faisant la bise et en me caressant la joue : "Tiens, v’là Mon Bon Gamin, Mon Bon Fifi !".

Aujourd’hui, c’est avec le coeur lourd et serré que je viens te dire au revoir, à l’occasion de ton dernier voyage qui n’est certes pas, pour moi, celui que je préfère. Toi qui savais si bien me raconter, avec ton beau sourire et force détails, ceux que tu avais pu faire avec le "Club Med". Que de rigolades, autour de tes anecdotes croustillantes et tes albums photos sur tant de Pays visités.

Rien ne nous prédestinait à nous rencontrer, toi le fumacien et moi le petit parisien exilé dans les Ardennes et travaillant en Belgique.

C’est en 1990, au club de Wa-Jutsu de Haybes, village où je résidais à l’époque, que je fis ta connaissance, d’abord comme Secrétaire-Trésorier que tu étais, puis comme partenaire sur le Tatamis de ce Dojo. Bien vite tu allais subir les assauts de la brute épaisse moyenâgeuse que j’étais, après plus de dix années de pratique de Close Combat Militaire. Contre l’avis des uns et des autres, tu m’accordas ta confiance, même après des clés, des luxations, des étranglements et des projections et tu me donnas toute ton amitié, en leur disant que si j’étais un peu rude avec toi, ce n’étais pas bien grave. Au fil du temps et après dix ans de pratique avec toi, tu m’as fait comprendre que la violence physique était bien dérisoire dans cet Art Martial plus subtil qui se voulait être celui de l’entraide et de la prospérité mutuelle, un art d’accord et de paix. Comme tu sentais bon la gentillesse, lorsque tu parlais ainsi et même les enfants du club venaient spontanément vers toi, ce qui est un signe.

Humaniste, tu l’as toujours été, tant par ton haut poste à la Sécurité Sociale de Fumay que dans ta vie de tous les jours au cours de laquelle tu n’as jamais cessé, même depuis ton départ en retraite, de t’occuper des plus démunis en leur rédigeant leurs dossiers de pension, avec ta si belle écriture, et cela de manière totalement désintéressée.

Ce n’est pas parce que tu es mort que tu es devenu le meilleur, vu que tu l’étais déjà de ton vivant !

Ici s’achèvent, devant ton cercueil, vingt huit belles années d’une profonde amitié qui est ancrée dans mon coeur jusqu’à la fin de mes jours, entre un Sage et un cheval sauvage. Ton comportement m’a fait comprendre, sans même que tu ne parles, beaucoup de choses de la vie. Tu as su m’enseigner aussi par ton silence, et là tu as été balèze !

Je suis fier et tellement heureux d’avoir eu le bonheur et la chance de croiser ton chemin de vie, d’avoir pu rire à tes côtés, d’avoir partagé ta table et d’avoir voyagé avec toi, tant en France qu’en Belgique, lors des nombreux stages organisés par l’Ecole des Cadres de cette discipline.

Merci, Mon Bon Henri, pour ton humour, ta belle éducation, ta finesse d’esprit et ton coeur généreux.

Je sais que tu me manques déjà !

Même si je ne crois pas aux anges et au paradis, je veux quand même te dire que tu as été et restera une belle personne, avec une âme brillante et un coeur scintillant dans lequel tu m’avais accordé une petite place.

Après la perte tragique de mon ami Jean-Louis que je considérais comme mon frère de coeur, je viens de perdre un second Papa, celui que tu as été pour moi.

Que le vent bienfaisant porte les cendres, de l’ange terrestre que tu étais, vers les étoiles, là où est désormais ta place, afin que tu continues à nous inonder de ta lumière.