Cela fait bien 25 ans que Houellebecq existe médiatiquement. Adoré par certains, vilipendé par d’autres, sa personnalité hors norme, ses positionnements border line, polémistes, ses idéologies, ses amitiés particulières, ses goûts de réactionnaire, sa littérature, sa sexualité plurielle et torve, son parcours de rock star ou d’anti-héros ont fait de lui la figure littéraire la plus lue et commentée de son époque, son rayonnement ayant dépassé les frontières, lui qui est un demi-Dieu en Allemagne notamment.
Exilé en Irlande puis en Espagne, il ne revient à Paris que pour ses promos, ses films et ses amitiés.

Etant donné que la plupart des gens parient sur une vie courte de l’auteur des particules élémentaires, tout est amplifié de son vivant. Sa parole a une caisse de raisonnante énorme. Il est tellement fort Houellebecq, il sent tellement bien l’époque que chacune de ses sorties de livres tombe au moment pile, en raccord parfait avec l’actualité ou les peurs des français.

L’entreprise, l’amour, la sexualité, la religion, les musulmans, mai 68 Houellebecq tape toujours là où ça fait mal dans la société française. Il exacerbe les sensibilités lui qui a des soutiens à droite, à gauche ou au milieu. La plupart des commentateurs pardonnent tout à Houellebecq. Ceux qui lui en veulent le plus sont les autres écrivains français qui jalousent ses ventes, sa notoriété ou son non-style devenu un style qui fait mouche et qui le rendra immortel.

Mort ou vivant, mort-vivant, Houellebecq a réussi contre toutes attentes à être culte et punk et réac en même temps. Disque culte, livres cultes, films cultes, pas mal pour un type au physique moyen, au défaut de prononciation appuyé, au look improbable.
Héros de Valeurs Actuelles, des inrocks, de Technickart, de Télérama, de L’humanité et de Libération, il a des papiers laudatifs dans tous les bords, des fans surprenants ou très inattendus, facho, intello, bobo ou popu.

Quiconque à déjà croisé Houellebecq a vu un ovni, un type étonnant, mystérieux, très doux et très lunaire à la fois. Dans la vie il n’a aucune once de violence mais chacun de ses écrits au premier degré est une bombe, des skuds, des armes de destruction massive.

En cela Houellebecq porte en lui les stigmates et les contradictions de son siècle. Houellebecq est un monstre politique, mais aussi un animal poétique. Houellebecq est le dernier dinosaure. Encore vivant il est continuellement en sursis, et cela le rend immortel avant la tombe. A la fois attachant et effrayant. Houellebecq appartient à tout le monde, il ne faut pas le laisser aux extrêmes.