Retour sur le resto BD avec Victor Marco et son « Nous sommes Sportacus ! »

Retour sur le resto BD avec Victor Marco et son « Nous sommes Sportacus ! »

Dans une ambiance conviviale chez Gilles et Marika, les facteurs humains et fraternels régnaient en partage autour de la personnalité riche de Victor Marco Cette soirée gourmande d’informations et succulente fut une nouvelle fois une réussite grâce à l’association BDM 33 qui organisait les réjouissances. D’autres suivront…

Vingt-six personnes se sont déplacées, en ce jour sous le soleil exactement, du samedi 20 octobre 2018 pour rencontrer Victor Marco, auteur d’une première BD : « Nous sommes Sportacus ». C’était à Vendays Montalivet, chez Gilles et Marika tout bronzés après des vacances bien méritées.
Pour vous remettre dans le jus, c’est ici oh hé du mulot : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9609
L’association BDM 33 qui organise les Estivales en été et aime aussi durant l’année inviter des auteur(e) de BD. : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9544

Ainsi donc, le groupe de cohésion formé autour de la figure charismatique de son nouveau président Jacques Pavot s’était mis le pied à l’étrier dans de bonnes dispositions pour placer sur le grill Victor Marco. Il a bien voulu se prêter au jeu. Les sacs à dos posés à terre après une longue rando dans les plaines médocaines à échapper aux balles perdues des chasseurs, la petite troupe s’était installée pour entendre les aventures d’un jeune auteur de BD qui n’en était pas à ses premières armes pacifiques.

D’abord, un temps « Rock’n’roll cow-boy » à la Nino Ferrer, Victor s’était illustré dans des affiches de concerts rock, projets musicaux, avec tout ce que l’iconographie de cette culture peut diffuser sous l’emblème de la tête de mort et des squelettes qui jouent des castagnettes. A la limite gore mais sans le sang impur qui abreuve nos sillons, au temps des disques vinyles. Au point d’ailleurs de sortir deux albums rock avec son frère Jean-Louis Marco, lui-même dessinateur.
Il nous a fait part et sans grandes pompes funèbres pour autant de son différend avec du rock actuel qui tourne en boucle et n’incite pas à la nouveauté. 2017, ce fut le tournant pour Victor qui se jeta à corps perdu dans la BD de Sportacus et transcenda ses deux univers. Il voulait désormais toucher un nouveau public. Adieu squelettes et têtes de mort au cimetière des asticots et retour en quelque sorte à la « Java des bombes atomiques » de Boris Vian. C’est moi qui extrapole pour créer un joint tout trouvé avec le thème de sa BD.

Bienvenue au monde des Bisounours. J’exagère ! Victor par un choix volontaire s’est tourné vers un graphisme aux teintes assez pastelles, dignes des livres pour enfants. Afin de contraster justement avec le sujet très grave qu’il traite. Etre ou ne pas être dans le moule ? La marge et ses limites dans un contexte social de travail en commun au sein d’un grand magasin de sport, avec tous les rapports hiérarchiques qui se bouffent la chique. « On n’attend pas de nous d’être trop élastique » nous assène Victor avec justesse. Il continue sur la lancée : « ça représente un week-end de cohésion très infantilisant, afin de ne pas réfléchir et se fondre dans le moule ». Au point de créer trois catégories d’individus : ceux qui sont dans le moule, ceux qui n’y sont pas et ceux qui font semblant d’y être. Il insiste alors sur la notion de « l’élasticité du moule ». Pour avoir du travail, il faut en passer par là. Et lui Victor a toujours fait en sorte de ne pas avoir de chef au-dessus de sa tête.

Jacques animait le débat entre Victor et les convives et forcément la question primordiale en amont de cette BD a été formulée. Victor s’est appuyé sur des témoignages pour créer ses personnages qui ont des tronches d’animaux. Et dont le meneur de troupe est le plus grand par la taille à gueule de chien. Au fur et à mesure que le récit avance et que la catastrophe nucléaire se dissout dans un nuage radioactif, les animaux héros malgré eux reprennent du poil de la bête et transcendent leur animalité pour conférer avec justesse que l’homme est un loup pour l’homme. Ils perdent leur caractère d’animaux domestiques et le chien redevient le loup.
Le paysage d’apocalypse qui irradie les pages prend alors la figure d’un symbole, d’un accident, d’une guerre, de l’effondrement des civilisations et de la perte d’autonomie de communication. A la poubelle les téléphones portables, tablettes et autres saloperies qui sécrètent des besoins inutiles et la dépendance aux objets. A ce sujet la discussion a été riche !

On est aussi parvenus à la question du titre de l’album qui rappelle forcément la révolte de Spartacus qui a très mal tourné, certes mais est encore présente dans tous les esprits. Un peu comme dans la chanson de Joan Baez traduite par Moustaki : « Here’s to you, Nicola and Bart » : « Vous étiez tous seuls dans la mort / Mais par elle vous vaincrez ! »
Victor s’est employé par un détournement sémantique au niveau du titre de l’album à « changer le sens des mots pour donner de la force et des valeurs aux mots ». Il insiste et c’est très visible dans sa BD par l’humour qui s’y distille dans les dialogues et des petits détails et sont partout présents. Ouvrez l’œil et le bon, comme chez Gotlib à chercher la coccinelle… Vous ne serez pas déçus.

Matthieu, de la librairie Krasy Kat, spécialisée en BD à Bordeaux, était aussi présent. Il a décerné deux coups de cœur justifiés pour l’œuvre de Victor. Matthieu très professionnel est pourtant difficile, lisant du fait des nombreuses sorties plusieurs BD par jour. Gage encore de la qualité de cette BD de Victor ! Vive les librairies indépendantes !

J’ai aussi acquis une sérigraphie animale d’un singe dont une turgescente bite en forme de bougie lui travaille le chapeau. Pour dire encore une fois la diversité et la richesse de l’œuvre picturale de Victor ! J’adore !
Même qui si ça tombe, moi qui cherche depuis belles levrettes, un artiste pour illustrer mes aventures, sous forme de feuilleton à raison d’un épisode par mois…. http://feuilleton-les-aventures-de-la-singette.over-blog.com/

Un bémol cependant à cette soirée ! L’ours François avachi dans sa chaise au-devant de la scène, a eu tous les honneurs du public et même de Jacques, l’artiste et sa fille. C’est un scandale. Ya des mandales qui se perdent. J’ai eu une petite discussion avec lui pour régler nos différents. Promis, juré, il ramènera plus sa fraise. Non mais sans dec !

En discutant avec Jacques et une partie de son équipe lors de l’apéro autour d’un communard (kir et vin rouge), j’ai appris qu’ils seraient ravis d’inviter des éditeurs de BD et toucher tous les actrices et acteurs de la chaine du livre BD. Les éditons Cornélius de Bordeaux ont été abordées : http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article9586

Les esprits rassasiés, ce furent les estomacs qui crièrent famine et dont les menus concoctés avec amour par le chef Gilles régalèrent tous les palais sensibles. Entre chaque plat, Jacques énonça dans un instant poétique la prose de Gilles très inspirée par Sportacus pour mitonner ses plats exquis.
C’est dans une ambiance chaleureuse et fraternelle que se déroula le repas, jusqu’au moment de se dire au revoir et à la revoyure pour une prochaine étape gastronomique et BD.
Merci pour les dédicaces de Victor.

Un couple de jeunes prit part pour la première fois à ce resto BD qui était ouvert aux adhérents et non adhérents de l’association.
Je vous tiendrai au courant des prochains BD restos.

Un grand merci à Victor Marco pour sa participation et sa BD de qualité qui aborde des sujets d’actualité sans jamais tomber dans le pathos, mais au contraire nous réjouir par son humour communicatif. Ce qui prouve aussi qu’il a maturé par rapport à ses premières œuvres graphiques et bonifié comme le bon vin du Médoc que nous avons dégusté tous ensemble à sa santé et en lui souhaitant bonne continuation.

Un salut fraternel pour Marika radieuse, qui a servi aux petits soins tous les convives avec l’aide d’un monsieur dont j’ignore le prénom. En sachant qu’en plus, Marika avait le nerf chiatique qui lui damnait la chique ! Gaffe à toi la belle !
Un salut fraternel à Olivier, encyclopédie vivante de la BD de l’association BDM 33 pour son passage éclair, dû à des raisons personnelles hautement justifiées. Qu’il prenne bien soin de sa belle personne.
Autre salut fraternel à Bruno guitariste de jazz qui a à plusieurs reprises a illustré musicalement des restos BD et les dernières Estivales avec ses potes musicos. Il se remet doucement et sûrement d’un gros pépin de santé. Toutes mes pensées t’accompagnent !

A suivre dans la joie et la bonne humeur, pour sûr !