Resto BD : « Nous sommes Sportacus ! » de Marco Victor

Resto BD : « Nous sommes Sportacus ! » de Marco Victor

Discuter avec un auteur de BD, puis se restaurer avec lui en agréable compagnie de personnes qui aiment la BD, ce sera possible. Le samedi 20 octobre à partir de 18 h chez Gilles et Marika. Au menu « Nous sommes Sportacus » une BD fleuve concernant un groupe de cohésion lors d’un week end qui tourne mal. Au programme : satire sociale humour et dérision de situation. Bon appétit pour les quinquets et les ventres douillets. Bienvenue à toutes et à tous !

Pour ce nouveau resto BD, l’association BDM 33 vous a concocté au menu la BD de Victor Marco et les mets délicieux de Gilles. Comme d’habitude, l’auteur se mettra à table sous les questions des adhérent(e)s de l’association et du public présent. Car, ne l’oublions pas, ces restos BD sont ouverts à toutes les amoureuses et amoureux de BD. Ensuite, si l’auteur en réchappe, il pourra passer cette fois à table avec le public et déguster un repas préparé avec amour comme toujours par Gilles. Marika souriante et chantonnant comme à l’accoutumé sera au service, l’œil attentif. Une bonne soirée fraternelle à noter sur vos tablettes la date du samedi 20 octobre 2018 au restaurant chez Gilles et Marika à Vendays Montalivet. Vous ne pourrez pas vous tromper, à l’angle de l’église, vous serez parvenus à destination et très bien reçus.

Imaginez John Boorman sur le tournage de « Délivrance » qui se serait entiché d’un équipage de vendeurs aux rayons sports d’une grande enseigne internationale. Mais dans cette BD, pas de descente en canoé d’une rivière pour se ressourcer. Les méchants ne sont pas tellement les gens de l’extérieur que rencontre la petite bande durant ce week-end de cohésion, mais plutôt, le premier de cordée. Un certain Rodolph à tête de chien carnassier, le responsable du rayon randonnée. Car, oui c’est vrai, il faut vous dire que chez ces gens-là, les personnages ont des têtes d’animaux qui sous-entendent leur caractère.
Ce stratagème de Victor Marco, l’auteur n’est pas le fruit du hasard. En effet, je vous résume le topo. Une partie de l’équipe du magasin Sportacus cornaquée par Rodolphe se retrouve durant un week-end livrée à elle-même dans un espace naturel montagneux. Tout baigne jusqu’au moment où une catastrophe nucléaire au loin souffle l’horizon, sous le regard médusé de nos lascars. La ballade bucolique tourne au cauchemar, comme dans le film « Délivrance ». Les vivres commencent à manquer. Rodolph a l’air perdu et en plus les réseaux se sont fait la malle dans le nuage radioactif de poils aux tifs.
Pour remonter le moral de la petite troupe en déroute, Rodolph exprime le cri de ralliement : « Nous sommes Sportacus », qui donne le titre de la BD. Etonnant non ?

Et pour continuer à damner le pion au cinoche, j’ai tout de suite pensé à Spartacus, le héros interprété par Kirk Douglas dans le film de Stanley Kubrick (1960) où un esclave gladiateur se libère du joug et sème la révolte contre le pouvoir de Rome. En transcrivant au temps de Manu 1er et ses héros, les premiers de cordée de la France des gagnants et des bosseurs, y compris ceux qui osent traverser la rue, car c’est bien connu, l’aventure est au coin de la rue. Rodlph dans le rôle du héros animateur nature et survie, qu’il faut suivre ou mourir et dont l’aura est tellement haut perché qu’il domine d’une tête ses gentils sbires jusqu’au moment fatidique où tout bascule.

Annabelle nous instruit par son journal de son attirance pour le leadeur charismatique, le grand et beau Rodolph. Bénédicte du rayon natation joue la carte du doute et essuie les miasmes. Gustav du rayon running et Maurice du rayon vélo sont les comiques du groupe. Enfin, Lucien du rayon chasse et pêche se révèle un fin connaisseur de la nature.
Après l’explosion nucléaire, qui parvient en page 19, rien ne sera plus comme avant. A commencer par Bénédicte qui flambe un plomb : « Sans téléphones on fait quoi ? On se remet à vivre comme des bêtes sauvages ? ». Heureusement que Rodolph a du sang froid en réserve et sait remettre les pendules à l’heure, car d’abord, c’est lui le chef. « Continue à te laisser aller comme ça et tu me verras contraint de faire un rapport au DRH, dès notre retour ! ».

C’est là où l’histoire gentillette de bestioles qui semblent nous représenter, se révèle être une satire de la réalité sociale. Le gentil animateur qui se perd en chemin n’hésite pas à vouloir perdre un membre du groupe pour sauver sa pomme, quitte à donner du coup de poing pour se faire entendre, prouve sa vraie nature.
Je passe sur les rencontres impromptues qui donnent du relief à la BD, avec un ours, l’occupation d’un chalet et le règlement de compte à Ok Corral…. On entre dans l’épopée du western ou les mâles s’explosent la testostérone pour semer leur zone. De fil en épée, la mort est au rencard. La survie un exercice de chaque instant ou vlan passe-moi l’éponge n’a plus sa place. Et où chaque don en intelligence des survivants représente un atout pour le groupe. Où la nuit qui tombe peut s’avérer terrifiante. Le procédé artistique de Victor Marco entre en jeu. En effet, quand les vignettes qui représentent les scènes de jour s’estompent par celles de nuit, dans un dégradé de noir relevé de rouge sang stendhalien, c’est l’apocalypse qui se dessine. Les personnages deviennent philosophes et se posent toutes les questions existentielles vitales avant que le ciel ne leur tombe sur la tête.
Du style : « Haaaaaa ! J’aime pas quand tu dis aaaaaaa !!! »

On a droit également à quelques parties oniriques où les héros morts ressurgissent en fantôme énigmatiques qui aurait une pensée existentielle.
Par de savants retours en arrière, on apprend que Rodolph, convoqué par le directeur du magasin Sportacus, a largement dépassé la moyenne d’âge des employés. Suivez mon regard en direction de cette grande enseigne de magasin de sport. Ce sont pour la plupart des jeunes sans emploi ou des étudiants qui occupent les postes et représentent de la main d’œuvre corvéable à merci. Ce ne sont plus des esclaves comme au temps de Spartacus, car ils travaillent et sont rétribués une misère, alors que les esclaves, eux c’était le travail qui les rendait libres gratos.

En fin de cette BD fleuve, vous entrerez avec nos héros dans le corps de Sportacus et ça va chier des puces ! Je ne vous en dis pas plus. Car il faut aller au bout des 204 pages pour se rendre compte du travail accompli par l’auteur et suivre ses héros dans ses pérégrinations.
Victor Marco est un artiste multipiste bordelais. Ce touche à tout sait gratter une guitare et lui sortir des sons rock. Il a d’ailleurs illustré moult visuels pour la scène rock alternative du Grand Sud-Ouest. Lors de l’édition de sa première BD, il a tapé fort !

Et pour vous mettre en appétit, je vous livre le menu sur la thématique « Sportacus » concocté par Gilles.
En entrées : Cohésion gourmande de jambon de montagne et terrine Francis du « chasseur », verdure d’herbes folles œuf mollet sauce Bénédicte, et champignon atomique façon sauve qui peut hihihihi
En plats : Rodolphe de « joue de bœuf et chevreuil façon mironton » à la bière brune coup de fusil ou filet de merlu sauce diable pomme de terre et légumes d’hiver « qui mange qui »
En desserts : croustade meringuée du rayon sport d’hiver !!!!!! ou folle randonnée de desserts façon Sportacus
Réservation obligatoire au 05 56 41 70 34
Forcément bon appétit, pardi !

On se donne rendez-vous donc, samedi 20 octobre 2018 chez Gilles et Marika à Vendays Montalivet pour le prochain resto BD concocté par l’association BDM 33 à partir de 18 h. Adhérents et non adhérents, bienvenue.

Nous sommes Sportacus ! de Marco Victor, éditions Sarbacane, 204 pages, 2018, 21,50 euros