Sur la présomption d’innocence et #metoo

Sur la présomption d'innocence et #metoo

"En gros, menacer le principe de la présomption d’innocence c’est renouer avec la chasse aux Juifs, aux sorcières, aux communistes, avec le lynchage d’Afro-Américains et la "guerre contre la terreur" (Bush Jr) : bravo les ’féministes’ !

"Pour Wells, la présomption d’innocence était ce qui séparait de la mort des milliers d’hommes noirs du Sud. Elle consacra sa carrière et risqua sa vie à défendre cette présomption contre l’hystérie des moralistes qui affirmaient que tout homme noir contre lequel une accusation était portée devait être coupable (...) En 1892, Wells dénonça ceux qui prétendaient que les accusateurs devaient être exemptés de témoigner à cause du traumatisme qu’ils auraient subi en tant que victimes d’agression sexuelle (...), Wells a demandé aux accusateurs de se tenir devant leurs accusés et de répondre à des questions difficiles et peut-être embarrassantes au sujet de leur accusation. Elle a rejeté l’idée que les femmes blanches étaient trop fragiles ou émotionnellement trop faibles pour s’expliquer. Elle a dénoncé les personnes qui, dans la presse, ont porté atteinte à la présomption d’innocence et ont permis aux foules ou aux jurés de condamner des hommes innocents"
Et encore :
"Pendant des siècles, les partisans du droit démocratique à la présomption d’innocence se sont opposés à de puissants sentiments fondés sur des appels à l’émotion, à la justice populaire et à l’irrationalité, qui considèrent la présomption d’innocence comme un obstacle à une revanche immédiate sur l’auteur présumé. Les partisans de la présomption d’innocence ont toujours insisté sur le fait que le principe n’avait pas de sens s’il ne s’appliquait pas universellement, même aux individus (et particulièrement à ceux-là) qui se retrouvaient dans le collimateur de l’opinion publique. Les arguments de la campagne #MeToo contre la présomption d’innocence ont déjà fait surface, y compris aux moments les plus laids de l’histoire des États-Unis. Ils vont à l’encontre de la longue bataille historique pour le respect de la légalité et des droits de l’accusé (...) Les représentants du Tiers État réunis aux États-Généraux en 1789 « ont invoqué la présomption d’innocence pour demander un meilleur traitement des suspects et leur absolution complète en cas de preuves insuffisantes. » La présomption a été inscrite dans la Déclaration française des droits de l’homme et sert de fondement à la Charte des droits de la Constitution américaine (...) En renonçant à la présomption #MeToo ouvre la voie à de futures condamnations, en particulier des millions de pauvres et d’opprimés qui sont souvent pris dans les rouages du système pénal et sont victimes de préjugés - raciaux ou autres - de jurys qui ne comprennent pas la présomption d’innocence"

Je répète : bravo les ’féministes..." Isabelle Marlier