L’Auberge

L'Auberge

Arrivé sur le parking de l’Etablissement, je rencontre Jean-Luc Larvoir et nous bavardons un peu, avant mon passage en terrasse. Accueilli par Françoise Larvoir, c’est Alexandre Larvoir qui m’amène, au jardin, un Américano Maison avec une tombée de Gin le faisant devenir Negroni, me précise-t-il, composé par sa mère, exquis et superbement dosé, avec quelques jolis et croustillants morceaux de galette de sarrasin.

Alexandre vient m’informer que le Chef Julien Doupeux se propose de confectionner, à mon attention, un menu surprise auquel j’adhère de suite, les yeux fermés, ayant toute confiance en ce Chef qui possède une belle créativité.

Le vin de mon repas sera un Saint-Nicolas de Bourgueil, léger et se mariant merveilleusement avec tout.

En salle, je retrouve avec bonheur Claire Doupeux toujours très accueillante et souriante avec sa clientèle.

Alexandre, excellent conseiller en vins lui aussi, me présente son nouveau jeune apprenti sommelier de 19 ans, encore aux études, et qui remplace le truculent Mathieu parti vers d’autres horizons. Mathieu était et restera, pour moi, ce poète de la vigne sachant sublimer le vin, la vie, le partage et l’amour du produit qu’il nous emmène découvrir par son regard pétillant. Quant au serveur, je tombe visiblement sur un jeune homme qui connaît bien son affaire et est à l’aise dans son phrasé, légèrement théâtralisé, qui n’est pas sans me rappeler la voix tonitruante du comédien Harry Baur.

De jolies mises en bouche me sont amenées dont une à base de Cantal, une seconde à base d’huître et une dernière surmontée d’une gousse d’ail noir à la fabuleuse saveur sucrée car confite au four dans de l’eau de mer à haute température.

Viennent ensuite deux énormes langoustines royales en deux cuissons, avec une légère préférence pour celle cuite à la plancha permettant de garder toute sa saveur à ce noble produit.

Le Chef Julien Doupeux, connaissant mon goût prononcé pour le poisson, me fait apporter, par sa femme Claire, un Rouget en croûte de chorizo et aïoli qui s’avère être une création pleine d’audace, de saveurs, de senteurs et de couleurs. Une vraie réussite gustative de haute gastronomie, pour ce poisson de caractère.

Vient le temps de la pause, sur un sorbet au cidre royal Guillevic au bon goût de pomme, à la fois légèrement acidulé et très fruité, avant de poursuivre ce délicieux et surprenant menu dominical unique.

Arrive un Barbue délicatement posé sur une émulsion au chou-fleur, brocoli et petits pois frais, accompagné d’artichauts poivrade et de généreuses lamelles de truffe noire... Comme quoi il est possible d’accéder, de son vivant, au bonheur du paradis et soudainement le reste a moins d’importance !

Un repas sans fromage serait un peu, pour un breton, comme du beurre sans sel et c’est sur des productions typiquement locales que je m’aventure, dans ce joli voyage à travers ce beau terroir, sur un Ramoneur, un Curé Nantais, un Saint-Cado et un Erdeven.

Un avant dessert, composé de purée de patates douces et d’un Sabayon aux fruits de la Passion, est déjà une savoureuse gourmandise annonçant la suivante que Claire pose devant moi, avec son regard rieur autant qu’espiègle, sachant déjà que je vais succomber à la tentation de son Chef de mari. C’est une vraie oeuvre d’art dans laquelle notre regard est attiré par de généreuses mûres sauvages, fraises, pistaches et sorbet cassis. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a aussi de la betterave rouge dans cette composition improbable où Julien Doupeux, qui est aussi pâtissier de formation, vient de réaliser un incroyable mariage, en osant la réalisation d’une union très culottée que nul ne peut réussir mieux que lui.

Merci du fond du coeur, Chef, pour ce joli cadeau qu’était ce fabuleux repas composé avec l’amour de votre beau métier.