DEPENDANCES, STUDIO HEBERTOT de Charif Ghattas

DEPENDANCES, STUDIO HEBERTOT de Charif Ghattas

C’est une pièce à trois personnages, trois frères dont un qui n’arrive pas. La fratrie s’est donnée rendez-vous pour la succession d’un appartement. Les derniers locataires étaient des gros qui n’utilisaient jamais la pièce en haut de l’escalier, c’est tellement dommage ça aurait fait un excellent bureau ou un chambre d’amis pour Henri.

Henri tente d’arrêter de fumer, son frère Tobias fume comme un pompier. Il y a un lien étrange entre les deux frères, ils sont liés par ce frère qui met du temps à arriver.

Nous sommes dans un huis clos étouffant, fort, émotionnel, viril, violent ou tendre. Tobias est entrepreneur, il a sa boite, il aimerait bien faire investir Henri dans ses projets à hauteur d’un ou deux millions. Ils s’aiment ces deux frères mais on ne comprend pas bien pourquoi le troisième met tant de temps à arriver ? Toujours est-il qu’en attendant les comptes se règlent, le passé resurgit, une petite photo d’enfance a immortalisé le trio.

Cet appartement un peu sordide est le décor d’une confrontation puissante, émouvante, universelle entre deux frères que tout oppose mais qui cachent un lourd secret.

C’est intelligent, c’est fait, c’est écrit avec un regard à la fois unique et générationnel.
Mais surtout il ya ce jeu flamboyant de comédiens qui impressionnent et séduit. Thibault de Montalembert excelle en frère un peu rigide, classique et bourgeois qui a privilégié la réussite sociale et financière a beaucoup d’autres choses et puis il y a Francis Lombrail avec cette voix, cette dégaine et cette présence qui fait mouche. Les deux sont parfaitement en phase et en phrases. Ils se donnent la république comme deux grands acteurs de cinéma, ils ne jouent pas ils sont, ils deviennent Henri et Tobias et existe de manière magistrale sur les planches.

Même si la mise en scène est minimaliste, sobre et peu inventive, elle permet néanmoins de faire admirablement vivre le texte et d’offrir un fabuleux terrain de jeu aux deux fantastiques comédiens.

Les deux font la paire, les comédiens deviennent frères, frères de planche, mon frère, ton frère, notre frère, leur frère... ils touchent une éternité du frère dans laquelle on se reconnait tous. Ils incarnent à merveille cette humanité fraternelle avec ses amours et ses désamours qu’on a tous connue.

A voir pour le texte, pour cette leçon de jeu, pour la thématique qui fait mouche et pour la révélation finale. Nous étions à la première et elle était déjà très prometteuse. Belle équipe, beaux moments de vie et de théâtre dont on devient vite accroc.

DEPENDANCES, STUDIO HEBERTOT de Charif Ghattas
mise en scène de Charif Ghattas avec Francis Lombrail et Thibault de Montalembert