Interview : Dominique A.

Interview : Dominique A.

Dominique A. sort ces jours-ci un DVD live solo merveilleux où son charisme naturel fait merveille. En attendant de l’applaudir pour la victoire de la musique du meilleur DVD et la victoire de la musique des meilleurs concerts, il tenait à exposer son dernier bébé aux yeux et oreilles attentives de ses inconditionnels qui le suivent partout.

Je voulais commencer cette interview par reprendre à mon compte une citation de Baudelaire qui disait sur la musique de Chopin ceci « Cette musique légère et passionnée qui ressemble à un brillant oiseau voltigeant sur les horreurs d’un gouffre » et te la donner pour tes propres compositions ?

Dominique A : « Bon... je ne sais pas quoi dire à part merci. »

Le concert solo c’est une belle expérience de musicien ?

Dominique A : « Le concert des bouffes du Nord c’est un montage de 2 concerts, dans lequel on a choisis les morceaux les plus représentatifs sur les 30 titres que j’ai du jouer lors de ces soirées. Ce qui était particulier pour cette captation c’était le lieu ! Un cadre magnifique filmé sans angoisse de se dire « merde on va en garder une trace, il faut que je sois parfait ». Au moment ou je l’ai fais je pensais surtout à faire un bon concert, après c’est difficile de faire abstractions de tout ce qui se passe autour, de ne pas jouer avec les caméras. Je prends ce DVD comme un témoignage de quelqu’un qui n’est rien d’autre qu’un forain. »

Tu as beaucoup joué seul sur scène ?

Dominique A : « Oui, le concert des bouffes c’était un peu la fin de ce principe. J’avais donné beaucoup de concerts au printemps notamment en Espagne et en Allemagne et je tenais à terminer ces expériences par un endroit unique comme un point d’orgue. »

Qu’est-ce qu’il y a de si excitant à cette formule « seul sur scène » ?

Dominique A : « C’est essentiellement le sentiment de liberté. Tu n’es pas tenue comme peut l’être une formule en groupe. Il y a un rapport très physique à la scène amplifié par cette formule. La dramaturgie est encore plus palpable. »

Tu as le courage des oiseaux de chanter dans un vent glacé ?

Dominique A : « Cette façon de jouer m’intéresse périodiquement car ce n’est pas tout à fait de la musique. Ca en est sans en être parce que je suis très limité par la formule(rire). C’est une version possible des chansons mais ce n’est pas la version la plus aboutie musicalement. C’est plus un rapport physique avec le public plutôt qu’une envie de faire de la musique parfaite. »

Epurées tes chansons prennent une autre tournure ?

Dominique A : « Je dois aller à l’essentiel. Me donner de la fébrilité. C’est en même temps le meilleur moyen de montrer la manière dont naissent mes chansons. Quand j’écris, que je compose, mes titres germent ce cette manière : seul à la guitare. Interpréter mes chansons par exemple de mon dernier album sous une forme dépouillé n’est pas un problème car à la base elles ont été conçues de la sorte. C’est un juste retour des choses (rire). »

Je t’ai vu en concert récemment avec une formation qui t’accompagnait, mais même là tu changes mélodieusement beaucoup de choses de tes compositions ?

Dominique A : « C’est une justification du concert ! Faire preuve d’un certain charisme qui modifie la perception au disque. Travailler en groupe c’est trouver des arrangements significatifs du dernier disque mais en même temps un moyen de rafraîchir des chansons des fois un peu anciennes. Je ne veux pas rentrer dans la répétition. »

Sur le DVD tu portes une attention particulière au décors et aux lumières ?

Dominique A : « Les lumières sont faites par un mec avec qui je bosse depuis 6 ans qui s’appelle Didier Martin qui est Rennais. On est assez en phase dans les ambiances. On aime bien ce coté dramatique. Un lieu comme ce théâtre avec des murs décrépis, avec ce fond rougeâtre qui donne de la matière au mur et cette grande profondeur de scène ben t’y touche pas (rire) tu le prends comme il est ! Je tenais juste à tirer partie du fait qu’il fallait dénuder et laisser la place à ce lieux magique et jouer uniquement sur le clair-obscure et la tentions des néons au sol. Je tenais à sortir de la pyrotechnie du concert rock lambda. »

Une chanson comme ‘Bowling’ prend tout son sens dans une configuration pareil ?

Dominique A : « Il y a le montage aussi qui a beaucoup joué. Gaétan Chatégnier qui a fait le DVD a donné une lecture de son concert à lui. Il donne son interprétation de cinéaste. Cela donne un coté très travaillé alors que sur le moment les choses se font de manières intuitives. Le tout c’est de trouver le bon état d’esprit par rapport à la chanson et dans le jeu, et dans la lumière et enfin dans le montage. Ce qui a été fait. »

Boucler le DVD par ‘Le Fils d’un Enfant’ c’est ce qui arrive lorsque tu rentres de concert et que tu rencontres ton fils sur le chemin de ton lit ?

Dominique A : « (rire) non ! non ! non ! Ce genre de chanson c’est juste une projection cauchemardesque. Ce qu’il faut c’est une mise en scène fictionnelle. Je n’ai pas ce regarde là par rapport à mon enfant, ni par rapport à moi qui rentrerait tous les soirs face à lui. Il y avait une certaine logique à axer ce DVD sur des maquettes plutôt que les sempiternelles bonus avec des images des loges. Je voulais de l’audio ! C’était des maquettes faites en solo pour ne pas oublier ce travail solitaire d’enregistrement. Ces titres avec le recul je trouvais qu’ils avaient une bonne gueule et donnait un autre éclairage sur mes chansons. C’était pas un dénis par rapport aux versions de l’album, c’était simplement jouer la carte du solo jusqu’au bout en lieu et place des bonus backstage. »

Tu reprends de Gérard Manset dans ces « inédits » qui viennent garnir le DVD, une sorte d’hommage ?

Dominique A : « J’ouvrais les concerts solo avec cette reprise qui est une chanson que j’aime beaucoup. Je l’avais maquetté il y a 7 ans et en la retrouvant j’ai voulu la mettre dedans. »

Comment sors-tu de scène après plus d’une heure 30 ?

Dominique A : « Je suis épuisé ! A part un concert tous les 3 ans où là tu es galvanisé autrement je sors bien crevé. Quand tout s’est bien passé, il y a la fatigue mais surtout une espèce d’adrénaline qui rechigne à disparaître. Des concerts comme ça, ça laisse des traces très fortes. »

Pensais-tu sortir sous une forme CD ce live ?

Dominique A : « Je me suis toujours refusé à sortir un disque live sous forme audio car les chansons live ne tiennent que par rapport à l’image. Quand tu vois un concert formidable et que tu écoutes la bande ensuite tu comprends pas pourquoi tu as pu trouver ça aussi bien. Tant que tu n’as pas le rapport visuel aux choses, il y a plein de choses qui disparaissent. Tous mes enregistrements live me laissaient sur ma faim voir m’horrifiaient par rapport à ce que j’entendais. Ca ne correspondait pas à mes souvenirs. Souvent des bons concerts ne font pas de bon enregistrements. Quand la 3D n’est plus là et qu’il ne te reste que les oreilles c’est souvent très cruel ! Je ne suis pas un gros fana des albums live. Le disque live est souvent une déformation de ce qui s’est passé un soir et pas forcement une captation. »

Tu termines cette tournée groupe par un concert à l’Olympia ?

Dominique A : « On reprend après en Février-Mars... »

Et après ?

Dominique A : « Il y a des choses à l’étranger qui se dessinent. Au printemps je vais retourner en Espagne, aller en Asie donner des concerts solo auxquels je tiens. Et il va falloir commencer à écrire. J’ai des idées assez précises sur un prochain disque. »

C’est étonnant de retrouver un chanteur français bourlinguer sur des scènes européennes voir mondiales ?

Dominique A : « Je ne vais pas partout non plus. C’est déprimant ce point de vue français et ce rapport à la chanson française traditionnelle. Je pense que mon travail se fait essentiellement par rapport à l’aspect musical donc je n’ai aucun problème à m’exposer à l’étranger. Musicalement je veux m’exposer face à des oreilles non francophone. Ecouter de la musique Touareg avec des paroles Touareg ne m’empêchent pas de l’apprécier ! On ne croit pas en France à l’exportation de notre musique car l’on s’est bien accommodé de l’hégémonie anglo-saxonne. Il y a un complexe qui s’est installé depuis des décennies. Il est nécessaire de le combattre. »

Dominique A. sur le net

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