Lettre ouverte à Christine Angot par Marlène Schaff

Lettre ouverte à Christine Angot par Marlène Schaff

Chère Madame Angot,

Je ne sais pas plus qui vous êtes que vous ne savez qui je suis, cependant vous savez briller par vos scandales.
Est-ce un jeu de votre part ? Comme disent les améwicains „any press is good press !“...

Depuis quelques mois, votre Nom revient sans cesse à mes oreilles. Souvent je relève la tête, mes organes révoltés par votre verve, soudain se mettent à bouillir. Et puis, doucement j‘enlève la casserole du feu, car si ce jeu vous plait, celui de vous servir de votre tribune pour vous ériger en Madame je-sais-tout en colère, je ne veux pas être le petit poisson naïf qui vient croquer l‘hameçon des révoltes publiques orchestrées.
Néanmoins, je me permets cette lettre parce que vos mots ont, cette fois-ci, réussi à faire saigner mes tympans. Pour être plus claire, sans même me connaître, vous êtes parvenue à m‘affecter, me faire profondément de la peine. Le poids des mots Madame Angot....

Je voudrais vous dire, Chère Madame, que depuis mes 4 ans, je suis sur scène. J’aimerais vous dire aussi que l‘on ne devient pas vraiment „artiste“, on l‘est...
Non, je n‘ai jamais rêvé de devenir avocate ou médecin ou écrivaine ou coiffeuse ou garagiste. Non, j‘ai toujours rêvé de scène. J‘étudie le piano depuis mes 9 ans, je fais du théâtre depuis mes 12 ans, j‘écris des chansons depuis mes 14 ans. Je suis allee vivre a 8000 km de mon village natal à 17 ans pour apprendre une autre langue et perfectionner mon art auprès de la merveilleuse Rhonda Kimmel.
Mes parents ont dépensé des sommes à faire pâlir un banquier pour que j‘aie accès à de bonnes formations, de bons professeurs.

Je peux donc dire, que j‘étudie depuis 25 ans maintenant. Ça nous fait du Bac +17.
Oui, car comme vous n‘êtes pas sans savoir, un artiste n‘arrête jamais d‘apprendre et de se former. C‘est ça notre métier. Comprendre pour ne pas juger, à votre différence....
J‘ai toujours vécu grâce et avec mon art. Ai-je échoué ?
Mille fois.

Mais certainement pas d‘avoir suivi mon coeur et ma vocation.
Aujourd‘hui, en plus d‘écrire, lire, chanter, jouer, j‘enseigne également.
Je ne vois pas de gens qui ont „échoué“ devant moi Madame Angot.

Je vois des gens avec une fêlure, certes. Celle-là même qui laisse fuiter leur lumière. Je vois des gens qui ont peur de devoir faire autre chose que ce qu‘ils ont besoin de vivre.
Je dis toujours à mes élèves que la plus belle chance que l‘on puisse avoir, c‘est celle de savoir ce que l‘on veut, ce qui fait battre notre coeur.

Je sais ce qui fait frémir le mien, et vous Madame Angot ? À quel diapason avez-vous inscrit votre myocarde ?

Cordialement,

Marlene Schaff

Ps : to quote my drama teacher in Yukon High school : „failure is in not trying“
- pour citer ma professeure de théâtre du lycée de Yukon : „l‘échec c‘est de ne pas essayer“.