ARTHUR JUGNOT, MOI PAPA ? : De la difficulté d’être papa

ARTHUR JUGNOT, MOI PAPA ? : De la difficulté d'être papa

Nous sommes au Splendid. Arthur Jugnot est seul en scène, enfin presque puisqu’il donne parfois la réplique à des hologrammes dont sa femme de théâtre et quelques amis comme lui un peu immatures et à l’humour pas bien fin.

C’est un spectacle humoristique sur la Paternité et les difficultés chronologiques d’être papa, du projet effrayant aux problèmes de couple en passant par les vomissements, le caca, le manque de sommeil, les peurs, les doutes et les problèmes de poussette.
Il est bon élève Arthur Jugnot, il fait tout bien comme il faut, il ne ménage pas son effort, il chante, il danse, il imite, fait de la magie, est ventriloque, joue la comédie et parle beaucoup de lui, de ses petits soucis souvent anecdotiques de petit bobo parisien qui aime la lumière.

La mise en scène, justement, est très bien, il y a plein d’idées, des trouvailles et beaucoup de travail en la matière, de superbes projections vidéo ponctuent le texte dans un bon rythme. Les infographies sont d’un très bon niveau. Le décor est assez laid mais a le mérite d’être efficace.
Dans la salle y’a plein de couples enceintes, ils sont contents, il y a aussi un public « Michel Drucker » qui passe un bon moment, la salle est presque pleine, un Mercredi de neige, ce qui est un prodige à Paris.

Le souci c’est le texte, il est moyen, voire faible, attendu, scolaire, gentillet, pas bien subtil et sans la moindre profondeur. On ne rit pas, on sourit à peine à certains trous rares moments, ce n’est pas une oeuvre d’auteur, c’est comme un brouillon de travail qui mériterait d’être chahuté par du génie, de l’inventif ou au moins du talent ou du malin. Le texte n’est pas à la hauteur de la thématique.

Alors il y a un gros décalage entre cette mise en scène attentive et intelligente mais qui doit finalement illustrer un texte assez convenu et sans reliefs !

Et puis il y a surtout un énorme fantôme sur scène, le vrai papa de la pièce celui qui hante l’écriture et son comédien ; Gérard Jugnot, le père du père de la fiction qui résonne comme une autofiction. Il hante tellement qu’on dirait que c’est Arthur qui a écrit la pièce alors que ce n’est pas la réalité, il s’agit de Bjarni Haukur Thorsson.

Arthur Jugnot c’est son père Gérard en plus jeune et plus beau mais qui fait pâle copie à côté de ce propre père qu’il admire tant. Du coup ça ne va pas du tout. On a un jeune type méritant, généreux mais qui manque de fond, d’unique et de génie. Le pauvre a la même voix que son père sur certains cris et sur certaines intonations mais il fait imitateur de Gégé, et nous on préfère l’original.

Arthur Jugnot a les plus grandes difficultés à être un père de théâtre car il est surtout un fils de théâtre, il n’a pas tué le père, il veut plaire à papa, il veut peut être même être un Gérard bis. C’est donc un sous-papa qui est sur scène et qui malgré une fantastique volonté n’y arrive pas, peine à être un papa personnage de one man show.

Finalement Arthur Jugnot c’est un artiste pas complètement fini qui nous offre un spectacle pas assez exigeant pour convaincre ceux qui aiment vraiment la magie du Théâtre. On souhaite vraiment à Arthur de sortir de cette spirale infernale ou alors de faire un Spectacle à part entière autour de cette thématique qui ferait le buzz : un fils de courageux qui tente de sortir de l’emprise admirative de son propre géniteur génial, culte et référentiel. Rideau.

MOI PAPA ? Avec Arthur Jugnot. Théâtre du Splendid. Ecriture : Bjarni Haukur Thorsson. Mise en scène Sébastien Azzopardi. Adaptation : Dominique Deschamps. Assistante à la mise en scène : Carole Rappel Baele.