Yann Moix ou la prise d’otages calaisienne

Yann Moix ou la prise d'otages calaisienne

N’est pas littéraire et historique qui veut, parce que d’abord ça se mérite et qu’il ne suffit pas de le vouloir pour que ça fonctionne et parce qu’à force de se foutre de la gueule, ouvertement, des gens, certains esprits plus éclairés et critiques « contextualisent » les propos de l’auteur et là ça fait mal.

Le « J’affirme » de Yann Moix est petit bras à côté du « J’accuse » de Zola, et tellement moins sincère... Avoir un peu de style ne suffit pas pour entrer dans le Panthéon des grands auteurs polémistes français du siècle, même si à bien l’analyser, Moix utilise toujours la même mécanique d’écriture, toujours la même logique simpliste et obsessionnelle pour tenter de faire parler de lui, pour créer buzz sur buzz, pour occuper l’espace, pour ne pas qu’on l’oublie le petit garçon narcissique et perturbé. Des images et des comparaisons qu’il maîtrise parfaitement, des tournures analogues, des formules bien huilées qu’il adapte selon les thématiques à la mode et qui peuvent avoir un avenir médiatique, en espérant surtout que personne ne s’en rendra compte. Plus c’est gros, plus ça passe, air connu.

Seuls les sujets changent. Avant c’était Polanski, les Suisses, Dsk ou la critique facile voire méchante et gratuite d’un chanteur, d’un « cultureux » ou écrivain en herbe qui n’aurait pas les faveurs du génie moixien, par petite jalousie ou mauvaise humeur du moment. Parce que, aussi, il est payé par Ruquier pour être l’affreux jojo de service qui insulte l’honneur ou l’œuvre de ceux qui acceptent de se faire humilier en public sans trop broncher.
Désormais ce sont les migrants qui en font les frais. Mais qu’ont donc fait ces pauvres migrants pour mériter ça !?
C’est un thème porteur ça, les migrants, c’est clivant, c’est d’actualité, c’est chaud bouillant, ça intéresse tout le monde, les fachos, les socialo-communos et les bobos. Moix ne s’attaque pas à ses amis, pourtant riches et puissants. Moix s’attaque à ceux qui ne le servent pas : présidents et personnalités qui, par opportunisme, peuvent servir son petit énervement du moment qu’il va transformer en une diatribe théâtrale pour vendre son dernier documentaire et préparer son après-Ruquier. Oui, car l’acte est évidemment intéressé, derrière il y a la commande d’un doc pour ARTE, pas folle la guêpe !

Le mec ne se mouille pas pour rien, il faut un enjeu et qui sait, peut être, cette fois ça marchera et les gens diront : « Il est pas si mauvais, il a un cœur, pour une fois je suis d’accord avec lui ». Bingo ! Les moutons se font avoir comme des bleus en se disant que le Moix s’est bonifié avec le média. Naïfs ! Autant en profiter !

Dans la Tribune de « Libération », on assiste à une prise d’otages médiatique. Le terme n’est pas trop fort. Il y a utilisation manifeste d’un malheur, d’un drame humain qu’on met en scène pour nourrir sa propre cause, pour se rendre au-dessus de tout soupçon, pour faire pleurer dans les chaumières, pour faire l’humaniste sur le papier.

Pour bien connaître Yann Moix depuis près de 20 ans, je peux dire qu’il est cohérent avec lui-même. Sa naissance contrariée, sa petite enfance d’enfant battu dont il fait des tonnes, son rapport pathologique à la procréation, sa sexualité torve et ses rêves disproportionnés d’auteur aux ordres qui a l’ambition d’être, excusez du peu, le plus grand écrivain français de tous les temps.

Et il a finalement bien raison de tenter le truc, peu importe si sa Tribune a un effet inverse et si les « otages » de sa plume seront sans doute encore plus stigmatisés. Car Moix est un déclencheur de haines féroces, c’est son métier, sa manière d‘exister et de fuir cette détestation permanente de lui-même, les brimades de l’enfance consécutives à son physique d’exclu de la séduction et quelques paranoïas. Qu’il est laid, petit et mesquin l’opportunisme moixien, sa Tribune de petit Zola de foire aurait dû s’intituler « J’abuse » !

Je suis toujours terriblement consterné par ces types qui passent leur vie à faire du mal aux autres, vautrés dans la gloriole et le fric, à tout faire pour écraser les autres, à exprimer leur haine, leur méchanceté à tout-va, qui vivent dans l’opulence et de grands appartements où ils n’accueillent jamais de nécessiteux, qui ne donnent jamais un centime par solidarité, et puis qui un jour font un gros coup médiatique envers les migrants ou une autre grande cause pour tenter de se faire passer pour des gentils, des altruistes et des sauveurs tout en distribuant des leçons de morale à l’État ou à leurs concitoyens pour sortir de leur propre culpabilité ou se racheter une conduite ou une image publique... il faut savoir dire non aux manipulateurs de l’émotionnel !

Les grands actes de générosité se font dans l’anonymat, la discrétion et la modestie.