Au Revoir là-haut : Albert Dupontel au sommet du 7 ème art

Au Revoir là-haut : Albert Dupontel au sommet du 7 ème art

C’est une adaptation littéraire de Pierre Lemaitre particulièrement réussie, mais c’est surtout un film à part entière, un savant mélange entre un film d’auteur et un film populaire, Albert Dupontel entre dans le trio de tête des meilleurs réalisateurs français avec ce film déjà culte, déjà une référence, déjà un classique du cinéma français.
Tout y est ; maîtrise technique, poésie, casting, timing, intelligence de la mise en scène, réflexion politique et sociale, scénario brillant et surtout ce qu’on oser plus attendre ni espérer en France, un cinéma qui emporte, qui fait rêver, qui enrichit et fédérera un public très large. On manque de superlatifs, "Au revoir là-haut "est un film qui tient toutes ses promesses, qui enthousiasme et qui fait honneur au cinéma hexagonal, un savoir-faire qui devrait bien s’exporter dans le monde entier et qu’on a envie de conseiller à ceux qu’on aime.

Guerre de tranchées, gueules cassées, lutte des classe, reconnaissance paternelle et artistique, amour, amitié, fidélité, mémoire, petite et grande histoire des hommes, les thématiques fortes ne manquent pas dans ce film haletant qui est jubilatoire du début à la fin.
Le scénario est un modèle du genre, attractif, subtil, décrivant la nature humaine comme jamais, bien rythmé, bien dosé, furieusement intelligent. Et puis il y a Dupontel qui met une énergie folle dans ce projet, qui en fait une oeuvre ambitieuse, sublime, impeccable et belle.

Des scènes de guerre juste bluffantes, des personnages attachants et pas politiquement corrects, des rires, des fêlures, des manques, des souffrances, des pauvres, des riches, des magouilles, des pertes, des retrouvailles. Chacun peut y trouver son compte dans ce film qui touche juste du début à la fin. Dupontel fait les bons choix, est malin comme un singe, tout fonctionne, son personnage de Maillard faussement idiot et maladroit d’une fidélité inouïe, un démerdard de génie, un petit gars du peuple courageux et admirable dans tout, le beau ou le moins joli. Et puis il y a Pradelle, Laurent Laffite qui trouvera certainement avec ce personnage, le rôle le plus marquant de sa vie d’acteur. Le pourri, le salopard, le méchant de service, celui qui en tant de guerre jubile et profite de la misère, celui qui en tant de paix jubile tout autant et profite encore davantage de la peine et de la misère.

Enfin le personnage de la gueule cassée joué par cet acteur qui monte et qui marque ; Nahuel Perez. Même derrière le masque, il impressionne avec sa voix, sa gestuelle, sa grâce physique, son élégance, sa poésie intrinsèque.

Il n’y a rien à jeter dans "Au revoir là-haut", nous sommes dans une belle mécanique admirable, grandiose parfois même. L’émotion monte, on se prend au jeu, on entre dans l’Histoire et on pleure, on pleure et on pleure à la fin.

Cet Artiste défiguré par la guerre, ce dessinateur de talents qui n’a pas tué le père alors il fait le mort pour tenter d’exister sans l’ombre de ce géniteur puissant, implacable, ce monstre si intéressant à observer. (Niels Alstrup prodigieux)

"Au revoir là-haut" mérite tous les honneurs, il touche au coeur, il touche à notre histoire, il touche à Paris, il touche à la nature humaine avec une belle élégance, un joli opportunisme dans la meilleure acception du terme.

Peu de films français sont aussi denses, aussi historiques dans tous les sens du terme, "Au revoir là-haut" est un film qui fait du mal, du bien et encore du bien. Il est riche en humanité, il est riche en messages cachés ou plus explicites. Dupontel est le passeur d’un nouveau monde, un Cinéma qui sait utiliser la technologie tout en sachant fort bien lire, écrire et mettre en scènes cultes. Il y a cette manière unique de faire mine de rien un cinéma très engagé, très social, très proche des gens sans les prendre pour des cons. Pour cela merci. Dupontel dérange et séduit avec fantaisie, douceur, intelligence et une sensibilité inouïe.

A voir absolument, les yeux grands ouverts, prêt à en prendre plein la gueule, de la plus belle des manières !

"Au revoir là-haut", Albert Dupontel.