Lucie Cauwe

Lucie Cauwe

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Il est treize heures. Elle met ses bottes vertes, son ciré rouge, et elle va sauter dans les flaques de pluie. Comme quand elle était petite. Elle va plus loin, saute sur la case terre de la marelle tracée sur le sol avec une craie, même si l’eau efface beaucoup, elle atteint facilement le 7 puis la case ciel. On la voit sourire. Elle se retourne et me fait un clin d’œil. J’essaye de la suivre, j’aimerais lui dire quelques mots mais elle s’éclipse à chaque fois. Je suis fatigué, épuisé même, en itinérance, en guenilles, sans-dent, je m’approche, elle se retourne, traverse l’allée et s’échappe, elle le fait plusieurs fois, passant à gauche et à droite des quatre chemins. Il y a dans son expression, sur son visage, dans ses yeux, une aspiration qui la porte à désirer les biens naturels ou surnaturels tout en s’amusant. Je vous rappelle que nous sommes dans un rêve. Je parviens enfin à l’arrêter et je lui dis : je suis Patrick Lowie, journaliste onirique, j’aimerais comprendre ce qui vous met dans cet état euphorique ? Elle checke sa montre, les aiguilles tournent folles, elle serre ses chevilles, ses doigts ne pincent plus, puis tout reprend son cours, les aiguilles du temps tournent à nouveau grâce à la magie d’une force inexplicable, une force venue de l’intérieur. La femme n’est autre que Lucie Cauwe, journaliste littéraire à double focale, jeunesse et vieillesse, ex-journaliste du Soir. Vous connaissez la suite du rêve ? Elle hoche la tête d’un air de doute. C’est pour ça que je suis là. Je vous accompagne. On entre dans une maison, elle dit : - Bonjour ma petite maman. La maison est minuscule, isolée, dans la forêt, la maison cache un mystère, le temps et l’espace sont imprécis, abstraits. L’oiseau en cage se transforme en panthère, la souris se métamorphose en serpent à plumes, les mouches rugissent. Dans une caisse, un nid à asticots. Une très belle femme, rajeunie par la lumière blanche qui traverse les minuscules vitraux d’église, assise, dans l’attente, d’un tout, d’un rien. Elle dit : C’est comme une drôle d’heure pour me dire bonjour. Il est 14 heures. Le dialogue est sec, lent, suspendu à un crochet de boucher. Lucie Cauwe persiste et sourit encore et toujours, elle m’ignore, évite mon regard, fuit mes énergies, je panique, je me couche dans un des sept lits, groggy, le serpent rampe, m’atteint espérant me manger avec avidité, m’engouffrer, sans eau, sans pain. Elle tourne autour de la table où sa mère reste vigilante, Lucie marche à cloche-pied pour faire diversion. Elle s’arrête net et dit : Ma petite maman, cela veut dire que tu ne me dis pas bonjour ? On ne voit qu’un seul cil bouger de la femme assise, elle répond : non. Et se change en louve. Je n’ai rien vu venir, pas même l’ombre de mon indifférence. Je me suis endormi dans ce lit de nain bourrin. Je sais que la petite fille en ciré rouge s’en est allée dans la forêt en disant : Au revoir ma petite maman … la légende dit qu’on ne l’a plus jamais revue.

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