Portrait de Nathalie Vallet

Portrait de Nathalie Vallet

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Hier, journée spéciale, je suis revenu d’un long séjour à Mapuetos. J’y ai passé le plus clair de mon temps à observer sous un soleil menaçant, le volcan dans le reflet d’un diamant, récupéré je crois dans un autre rêve. Un voyant m’a dit un jour, j’avais vingt ans, que je vivrais au moins jusqu’à quatre-vingt ans et que je serais reconnu mondialement dans l’art, à l’époque je vendais des montres obliques et je ne pensais pas faire autre chose que de vendre des montres obliques. J’ai croisé peu de monde à Mapuetos, j’étais hypnotisé par la lumière, par l’espoir de voir la lave enfin envahir les oliveraies accrochées à la roche diamantifère ou à la terre déjà brûlée. J’aime les paysages désertiques, ils permettent d’avoir une pensée constructiviste, théorie de l’apprentissage, la réalité de la réalité. Une lave en forme de sang. Un autre voyant plus frileux m’avait dit plus tard que si j’étais assez patient, une explosion naîtrait d’une rencontre avec un artiste, comme une fusion nucléaire, une éruption. Je pense ne pas être assez patient. Et comme le disait le prophète Mahomet : la patience est la clé du bien-être. J’aurais pu rester là-bas pendant des siècles, sécurité acquise, mais mon acte spécifique de pulsion fut intransigeant sur la question : il fallait déguerpir du pays des aubes trop calmes. Puiser de nouvelles énergies, rencontrer de nouvelles personnes, abandonner ces faux soldats poétiques sans arme ni joie, fuir les guerres des mots qui provoquent le chaos. C’est dans cet état d’esprit que j’ai fait de l’auto-stop le long d’une route sans fin, sans vie, sans eau, frontière invisible, telle une autocritique. Après plusieurs jours de marche, une voiture, une Bentley Continental GT noire arrive à vive allure et freine net à quelques mètres de mon corps boiteux. Je m’avance, il n’y a personne au volant. A l’arrière : un couple. L’homme ouvre la vitre : Monsieur Patrick Lowie ? Nous vous recherchions, je suis Alfonso Caycedo et je vous présente Nathalie Vallet. Installez-vous à l’avant. J’obtempère. Où alliez-vous ? J’observe l’homme et sa barbe à la façon Van Dyke. Il continue : Nathalie est sophrologue. C’est elle qui conduit. La voiture redémarre à vive allure sur cette route désertique. Elle dit : je suis pressée. Après quelques heures, sans question, sans bruit, les regards un peu coupables, d’autres voitures nombreuses se faufilent, une course, arriver en premier, ne pas arriver le dernier. La conductrice, assise sur la banquette arrière, les bras sur le volant, est dans une position inconfortable. Quasi allongée de l’arrière à l’avant. Nathalie Vallet ne maîtrise pas la vitesse, son corps souffre, ses gestes se saccadent, elle évite des collisions, des accidents. Apprendre à maîtriser sans maîtriser. Alfonso a disparu. Nous ne sommes plus que deux dans la voiture. Elle accélère encore. Je lui dis : c’est l’action qui entraîne l’émotion. Elle se met à rire. Moi aussi. Sans raison. Un enfant traverse, elle freine l’araire. La machine n’est plus la même. L’enfant est beau, cheveux longs bouclés au vent, en jean moulant, désinvolte, sûr de lui, son regard fustige, l’impétuosité d’un torrent. La charrue est à l’abri des feuillages d’un arbre éventé, sans fruit. Une force dilate nos corps. Comme si nous chantions, comme si nous riions, comme si, à l’improviste, nous existions. C’est la maîtrise de soi.

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